Chaque année, le World Economic Forum (WEF) analyse les données économiques de 144 pays afin de les classer dans un index intitulé Global Gender Gap Index. Ce dernier mesure les inégalités femmes-hommes à travers le monde, en se basant sur quatre « piliers » principaux: le monde du travail, l’éducation, la politique et la santé. Pour ce faire, le WEF rassemble les chiffres des institutions internationales les plus réputées, telles l’Organisation internationale du travail (OIT), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ou encore l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
2017, une année noire pour les inégalités économiques. Après dix ans d’amélioration constante (la première version de l’index du WEF date de 2006), les inégalités entre femmes et hommes au niveau global se sont creusées. Le domaine le plus concerné? Le pilier économique, qui comprend les salaires, l’insertion sur le marché du travail et l’accès aux postes à responsabilité. Tous ces champs connaissent un écart grandissant. Et ce mauvais résultat ne semble pas correspondre à un phénomène exceptionnel, d’après Saadia Zahidi, l’un des auteurs du rapport: « En 2017, nous ne devrions pas voir la tendance à l’amélioration de la parité se retourner. »
134 années perdues par rapport à 2016
Conséquence? Au rythme actuel, selon le WEF, il faudrait encore attendre 217 ans pour que l’écart entre les femmes et les hommes dans le monde du travail soit comblé à l’échelle globale. Les résultats obtenus lors du rapport 2016 avaient évalué cette durée à 83 ans. Dans l’ensemble, les différences observées ne sont pas tant dues aux inégalités de salaires à poste égal – qui seraient relativement faibles dans les pays de l’OCDE – qu’à la moindre présence des femmes sur le marché du travail, notamment à cause de la maternité. Et, par conséquent, à leur accès limité à des postes à hautes responsabilités.
Le caractère genré de certains corps de métiers (les professions considérées comme davantage féminines étant généralement moins bien rémunérées) est également pointé du doigt. Pourtant, la réduction de ce fossé, en plus d’être synonyme d’un indispensable progrès social, serait également financièrement profitable aux États: selon le WEF, le PIB des États-Unis augmenterait de 1 750 milliards de dollars grâce à la parité, et celui de la France de 320 milliards de dollars.