Infrastructures : état des lieux

Entre 2012 et 2020, la République démocratique du Congo s’est fixée pour objectif de passer d’un pays à faible revenu à celui de pays à revenu intermédiaire grâce à la transformation de l’agriculture. Entre 2020 et 2030, c’est le passage au statut de pays émergent par une industrialisation intensive grâce au développement du secteur énergétique en appui aux secteurs des industries minière et agricole. Et entre 2030 et 2050, l’objectif ultime est de devenir un pays développé par une économie verte et une société de connaissances. Ces étapes sont pour les dirigeants du pays des échéances médianes et critiques. Elles exigent un suivi régulier et permanent afin de recadrer le tir sur base des progrès et évolutions probables dans le cheminement de cette vision. Ce triptyque (planification stratégique et opérationnelle, mise en œuvre et suivi/évaluation) impose à la RDC un défi énorme en termes de réalisation des infrastructures de base.

L’objectif ultime des dirigeants est de faire de la RDC un pays développé par une économie verte à l’horizon 2050. Mais sans la modernisation des infrastructures de base, le pari relèvera du mythe.

Soubassement de l’essor économique

Les infrastructures sont le soubassement de tout essor économique et sont complémentaires aux secteurs productifs tels que l’agriculture, les mines et les manufactures. Elles sont aussi indispensables au développement social, notamment pour les secteurs des transports, de l’accès à l’eau potable et à l’électricité, des télécommunications et de l’aménagement des villes. Enfin, elles permettent aux entreprises de contribuer à l’économie nationale par la création de nouveaux emplois. Qu’en est-il de la RDC ? La modernisation des infrastructures joue un rôle décisif dans l’effort de diversification de l’économie et de réduction de la pauvreté. Elle est également en soi une source importante de croissance.

Selon plusieurs études, les infrastructures contribuent à la croissance annuelle du Produit intérieur brut (PIB) par habitant. En Afrique subsaharienne, le pays le mieux classé en termes d’infrastructure est Maurice. Sa contribution à la croissance annuelle du PIB par habitant est de plus de 3 %. L’infrastructure énergétique de la RDC est inadéquate et gérée de manière inefficace. Le pays est très en retard par rapport à ses pairs du point de vue de la capacité de production et de l’électrification. L’offre est largement inférieure à la demande qui n’a cessé d’augmenter ces dernières années. La RDC a l’un des taux de desserte en énergie électrique les plus bas au monde : 9 % seulement de la population a accès à l’électricité. Ce taux est inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne située à 30 %. La population non desservie par le réseau doit faire face à des coûts exorbitants… L’État a décidé de répondre à tous les problèmes par un plan d’investissement ambitieux : « Énergie durable pour tous » (EDPT). Cependant, pour mettre en application la stratégie de l’EDPT, l’État se trouve confronté au problème majeur de financement. Il faut des moyens suffisants pour le mettre en œuvre, notamment pour s’attaquer aux inefficacités majeures du service public de l’électricité (Société nationale d’électricité, SNEL).

Dans le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), la RDC a fait d’excellents progrès au cours des dernières années dans le développement de son marché de la téléphonie mobile, atteignant des niveaux élevés de couverture par le signal. Le coût de la connectivité internationale est actuellement élevé, mais il devrait diminuer une fois que le pays sera raccordé au câble sous-marin international et le réseau intérieur en fibre optique sera terminé. D’autre part, l’état physiquement vétuste et financièrement déficient de l’opérateur de téléphonie fixe (Société congolaise de poste et des télécommunications, SCPT) est une contrainte pour l’extension de la pénétration d’Internet. Par ailleurs, la réhabilitation du réseau national des transports exigera un investissement majeur et des décisions politiques bien pensées dans les secteurs des ports, des routes, ferroviaire et du transport fluvial. D’importants investissements sont nécessaires dans le secteur routier afin de rétablir les connexions entre les principales villes du pays et entre les différents territoires dans les provinces. Un fonds routier (FONER) a également été créé en d’assurer l’entretien, bien que jusqu’à présent, les ressources n’ont pas été adéquates. Pour restaurer la compétitivité des corridors, des améliorations importantes doivent être apportées aux performances des ports de Matadi, de Boma et de Kisangani, ainsi que des chemins de fer (SCPT, SNCC et CFU). La construction d’un pont reliant Brazzaville à Kinshasa aiderait à accroître le trafic passant par Pointe-Noire. L’amélioration de la navigabilité du fleuve Congo, des lacs et des rivières telles que Kasaï et Oubanguicontribuerait également à rétablir un mode de transport extrêmement rentable.

La couverture des services du secteur de l’eau est relativement bonne comparée à celle des autres pays de la région. Les taux d’accès du pays sont nettement supérieurs, en particulier en ce qui concerne l’eau courante et les bornes-fontaines. La sous-tarification de l’eau a nui à la solidité financière du service public (REGIDESO), bien que des analyses indiquent que des tarifs permettant le recouvrement des coûts seraient abordables pour les consommateurs.