Infrastructures : les dépenses augmenteront de 10% d’ici 2015

Le développement des infrastructures dans le continent est vu comme un moyen incontournable d’accroître son PIB et d’asseoir l’armature d’une industrialisation rapide qui, à son tour, devra relancer sa capacité à générer davantage des ressources intérieures.

C’est un cabinet britannique d’audit et de conseil qui prédit cette évolution. (DR)
C’est un cabinet britannique d’audit et de conseil qui prédit cette évolution. (DR)

Les dépenses liées aux investissements dans les infrastructures devraient croître de 10 %, par an, en Afrique subsaharienne d’ici 2025, selon un rapport publié, début août, par le cabinet britannique d’audit et de conseil, Price Waterhouse Coopers (PWC). En Afrique subsaharienne, ces dépenses devraient se situer à environ 180 milliards de dollars, durant la prochaine décennie, soit 2 % du total mondial. A cette échelle, le marché des infrastructures devrait croître de 6 à 7 %, par an, dans les dix prochaines années, selon la même source. La majeure partie de ce montant sera dépensé au Nigeria (77 milliards de dollars) et en Afrique du Sud (60 milliards). La forte croissance des dépenses dans le domaine des infrastructures dans la région sera notamment tirée par le segment de la santé et l’éducation (+12 % par an). Au fur et à mesure que les économies se développent, les types d’investissements nécessaires dans ce secteur évoluent, en même temps.

L’Afrique subsaharienne et ses carences 

A l’échelle planétaire, les dépenses dans les infrastructures vont plus que doubler dans les dix ans, pour dépasser les 9. 000 milliards de dollars, par an, renseigne ce cabinet d’audit. Quelques 78.000 milliards de dollars devraient être dépensés d’ici 2025, à raison de 60 % dans la région Asie-Pacifique, grâce surtout à la croissance chinoise. La part de l’Europe occidentale va rétrécir à moins de 10 %, contre le double, il y a quelques années. L’urbanisation, et conjointement, les besoins en adduction d’eau, en approvisionnement en électricité et en moyens de transports, vont être des vecteurs de dépenses, notamment en Chine, en Inde, au Ghana, au Nigeria et aux Philippines. La démographie va également jouer un rôle majeur dans la détermination des équipements sociaux à construire. Le vieillissement de la population, en particulier en Europe de l’Est et au Japon, va, par exemple, obliger à mettre l’accent sur les services de santé, tandis que les marchés émergents vont devoir, à la fois, investir dans la santé et l’éducation. En Afrique subsaharienne, la carence d’infrastructures d’électricité, d’eau et des routes et des nouvelles technologies de l’information et de la communication, freine la croissance économique des pays de 2 %, chaque année, et limite la productivité des entreprises jusqu’à 40 %.

Les besoins annuels du continent  

Le « Fonds Africa 50 » se veut une contribution majeure pour combler le déficit d’infrastructures qui bride la croissance africaine. 

L’Afrique possède les infrastructures les plus faibles au monde. Pourtant, ses habitants paient, dans certains pays, deux fois plus, pour les services de base que ceux d’autres régions du monde. De plus, le redressement des inefficacités et la réduction des dépenses inutiles pourraient donner lieu à des améliorations substantielles dans la vie des africains. Le rapport estime les besoins annuels, pour la prochaine décennie, à 93 milliards de dollars, soit plus du double des estimations initiales. Environ la moitié de cette somme est nécessaire pour résoudre la crise d’approvisionnement en électricité qui frappe actuellement le continent et entrave sa croissance. Ce montant représente environ 15 % du produit intérieur brut (PIB) africain, et est comparable aux investissements de la Chine, en infrastructure, au cours de la dernière décennie.  Les dépenses, par an, de 45 milliards de dollars, dans ce secteur, sont largement supérieures, contrairement aux prévisions. La plus grande partie d’elles est financée par les contribuables et les consommateurs des pays africains eux-mêmes. D’où la nécessité de s’attaquer au volume considérable des dépenses superflues et mettre en œuvre des mesures visant les améliorations, pour plus d’efficacité. Cesmesures pourraient générer jusqu’à 17 milliards de dollars supplémentaires aux ressources disponibles. Toutefois, même la réalisation d’importants gains d’efficacité laisserait encore un écart de financement annuel de 31 milliards de dollars, dont une grande partie est requise par les infrastructures d’électricité et d’eau dans les États fragiles. Relativement à la taille des économies, un tel écart de financement représente une sérieuse menace pour les pays à faible revenu qui devraient consacrer aux infrastructures, 25 % supplémentaires de leur PIB. Les pays riches en ressources naturelles, comme le Nigeria et la Zambie, affichent un écart de financement plus gérable, équivalant à 4 % de leur PIB.

Lun Fonds pour les infrastructures  

Pour combler son déficit d’infrastructures et rattraper le temps perdu, le continent a mis sur pied un fonds dénommé : « Fonds Africa 50 ». Ce fonds, le plus important à ce jour sur le continent, a été lancé par la Banque africaine de développement (BAD), en mai dernier. Cette institution bancaire panafricaine, qui a promis d’injecter 500 millions de dollars, espère réunir plus de 3 milliards, dans un premier temps, avant d’atteindre le total de 10 milliards, au moins, dans une étape ultérieure, pour financer le secteur. Le « Fonds Africa 50 » se veut une contribution majeure pour combler le déficit d’infrastructures qui bride la croissance africaine. Il sera basé à Casablanca (Maroc), selon les autorités chérifiennes, qui espèrent renforcer la coopération sud-sud.


La fragilité de quatre piliers de développement

E.m.

Quatre secteurs sont capables de soutenir le développement du continent. Il s’agit de l’énergie, l’eau, les transports et les technologies de l’information et de la communication. Ils constituent, tous, des soutiens essentiels des économies nationales et de la lutte contre la pauvreté. En établissant les priorités entre ces secteurs, en augmentant les investissements et en renforçant l’efficacité, les pays africains seront à même de créer les fondations de la croissance future.L’accès insuffisant à l’énergie est l’obstacle le plus important à la croissance économique. Des coupures d’électricité récurrentes affectent plus de la moitié des pays, selon une étude de la Banque mondiale. Le secteur de l’eau, quant à lui, souffre de la variabilité hydro-climatique, d’un stockage inapproprié, d’une demande croissante et d’un manque de coopération transfrontalière. Moins de 60 % de la population africaine a accès à l’eau potable, et seuls, quelques pays sont en passe d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement. Par ailleurs, des liaisons inefficaces entre les différents modes de transport (aérien, routier et ferroviaire), une connectivité aérienne inexistante ou en déclin, des ports mal équipés, des réseaux ferroviaires obsolètes et un accès insuffisant aux routes utilisables, constituent les problèmes fondamentaux auxquels est confronté le système des transports en Afrique. Le nombre d’utilisateurs de téléphones mobiles est passé de 10 millions, en 2000, à plus de 180 millions en 2007. Entre 1992 et 2005, l’investissement du secteur privé dans les NTIC a atteint 20 milliards de dollars, mais les prix des services restent trop élevés.