Des officiels, dont le ministre des Transports, et plusieurs curieux s’étaient donné rendez-vous au port de Kinshasa pour accueillir le navire, entièrement réhabilité, au retour de son premier voyage expérimental à Kisangani, via Mbandaka.
Après douze jours de navigation, l’ITB Kokolo a accosté le lundi 18 mai au port public de Kinshasa. Il revient de Kisangani dans la province Orientale via Mbandakan à l’Equateur. Salué comme un événement majeur, l’accostage s’est passé dans une ambiance de fête en présence des officiels, des commerçants et surtout de beaucoup de curieux. Ces derniers étaient venus se rendre compte de la réalisation d’un rêve inimaginable il y a cinq ans.
Le ministre des Transports et des Voies de communication, Justin Kalumba, a affirmé que le navire a transporté « 950 tonnes de haricot et 300 autres des divers produits. Cela va contribuer à la baisse des prix de ces denrées dans la capitale. Il a aussi transporté 400 passagers. Il avait quitté la capitale le 16 avril dernier pour arriver à Mbandaka le 21 avant d’atteindre le terminus, Kisangani, le 29 ». Devant une foule émerveillée et en présence du directeur général de la Société commerciale des transports et des ports (SCTP), Kimbembe Mazunga, il a annoncé qu’un autre bateau courrier, Gungu, est « en cours de réhabilitation pour desservir les affluents du fleuve Congo, notamment la rivière Kasaï, en vue d’inonder davantage la capitale en denrées alimentaires ».
Un véritable hôtel de luxe flottant
Le commandant de bord, Dominique Esele, a indiqué que le voyage aller et retour s’est globalement bien passé. Sauf que, au retour, le navire a échoué à Bolobo (à environ 343 km de Kinshasa) pendant deux jours sur un banc de sable à cause de la défaillance du balisage. Il s’en est sorti indemne car ses moteurs, révisés, sont capables d’affronter des obstacles sur le fleuve Congo.
La population qui a assisté à l’accostage de l’ITB Kokolo s’est dite satisfaite de la reprise du trafic fluvial entre la capitale et l’arrière-pays. Ce grand bateau courrier a parcouru 1 734 kilomètres, desservant ainsi quatre provinces : Kinshasa, Bandundu, Equateur et la province Orientale.
De son côté, le directeur du chantier naval, Macaire Mukumbu, a laissé entendre qu’avant d’entreprendre le prochain voyage, le navire va subir un contrôle technique à sec pendant trois semaines. Ce contrôle consistera en la vérification de la coque, de la tuyauterie et des moteurs.
L’ITB Kokolo rénové est un véritable « hôtel de luxe flottant » comprenant 9 chambres froides, des suites familiales, des cabines de luxe et ordinaires, un restaurant de luxe et un bar équipé des chaînes de télévisions câblées.
Relancer le tourisme
Le passager paie selon ses capacités. Selon un inspecteur itinérant de la SCPT, le barème des tarifs se présente comme suit : Kinshasa-Kisangani en 3e classe, 141 dollars. En 2e classe, 194 dollars. En classe de luxe, c’est 540 dollars tandis que le VIP coûte 740 dollars. Ce tarif comprend le coût du billet et le droit à la restauration. Certains passagers, tout en reconnaissant les meilleures conditions du voyage, souhaitent la baisse de ces tarifs, afin de permettre au grand nombre de citoyens de voyager confortablement.
Pour rappel, le bateau a été officiellement inauguré par le chef de l’État, le samedi 7 février à Kinshasa, après deux ans des travaux de réhabilitation. Le bâtiment réhabilité est destiné à assurer le transport des passagers et du cargo sur le fleuve Congo, sur l’axe Kinshasa-Kisangani en passant par Mbandaka, Lisala, Bumba et Basoko. Ce bateau a été retiré du trafic depuis avril 1996. Sa réhabilitation a coûté 2,5 millions de dollars, débloqués par le gouvernement.
Selon les responsables de la SCTP, la reprise du trafic de l’ITB Kokolo sur le fleuve Congo devrait permettre le désenclavement des populations riveraines ; le ravitaillement des populations urbaines en produits agro-pastoraux frais ; la relance du tourisme ; la transformation des potentialités de la biodiversité du fleuve Congo en opportunités économiques.
L’ITB Kokolo mesure 52 mètres de long et 15 de large, avec un tirant d’air d’au moins 20 mètres de hauteur. C’est un bâtiment constitué de quatre étages. Ses moteurs peuvent développer une puissance de 1 390 chevaux, avec une capacité de transporter 886 passagers et pousser 2 000 tonnes de marchandises.