José Makila veut étendre les projets Transco et Esprit de vie en provinces

Le vice-Premier ministre José Makila Sumanda veut marquer son territoire. En charge des transports et des voies de communication, il projette de faire bénéficier les populations de l’arrière-pays du déplacement par bus. Cela risque d’être contreproductif, redoutent des experts.

Le projet est un partenariat public-privé plutôt réussi.

Le nouveau ministre des Transports et des Voies de communication, José Makila Sumanda, a décidé non seulement de pérenniser les projets Transco et Esprit de vie, mais il envisage surtout de les étendre en provinces. Pourtant, la société de transport en commun par bus, Transco, se plaint. Les bus alignés sur les artères qui traversent notamment les casernes militaires et les camps de policiers ne rapportent pas grand-chose. Le manque à gagner par mois est évalué à 400 000 dollars. Les hommes en uniforme foulent au pied l’arrêté interministériel limitant à deux seulement le nombre des militaires ou policiers devant être admis dans un bus Transco ou Esprit de vie, selon un rapport interne. Tout compte fait, Transco aura enregistré un manque à gagner 4,8 millions de dollars en 2015. Selon un agent interrogé, la note pourrait davantage s’alourdir pour l’exercice 2016. C’est sur les lignes les plus lucratives que Transco subit l’effet du phénomène « carte ». Les détenteurs de la carte militaire ou policière et des autres services de sécurité sont en droit de ne pas payer le ticket même s’ils se déplacent, même en dehors des missions de service.

Subvention de l’État

Selon le rapport maison de Transco portant sur l’exercice 2015, l’entreprise ne tiendrait encore que grâce à la subvention de l’État, soit plus de 12 milliards de francs, en termes de livraison des carburant et lubrifiant. L’État aura-t-il la capacité de subventionner Transco sur l’ensemble du pays ? Transco a réalisé en 2015 des recettes globales de 24 177 393 376 francs, soit 25,9 millions de dollars. Mais la compagnie publique de transport en commun a, en tout pour tout, déboursé 191 200 francs pour ses obligations fiscales tant pour la ville de Kinshasa que pour les services relevant du gouvernement central. Ce montant représente juste 205 dollars, si l’on s’en tient au taux de 930 francs le dollar appliqué par l’entreprise. En réalité, c’est moins de 160 dollars.

Ce montant couvre divers taxes et impôts par la société pour le compte du Trésor public : commune, ville et gouvernement central, lit-on dans le rapport annuel 2015 de Transco. Pourtant, l’entreprise de transport public avait aligné des prévisions de  9 693 575 francs, soit 10,5 mille dollars pour ses obligations fiscales en 2015. Qu’à cela ne tienne, jamais un bus ou un petit bureau de Transco n’a été ni saisi ni scellé. Transco dispose de près 500 bus répartis sur plus de 25 lignes à travers la capitale. Il a transporté 53 401 238 passagers en 2015. La publicité de divers produits collés sur ses bus ont rapporté plus de 100 000 dollars. Aucune redevance n’a été payée. Par ailleurs, Transco soutient avoir payé 1 306 653 634,3 francs à la Direction générale des impôts (DGI) à titre de l’impôt professionnel sur le revenu (IPR). Et les cotisations sociales que le rapport qualifie à tort d’« impôts et taxes » sont de l’ordre de 16,9 millions de francs pour l’Office national pour l’emploi (ONEM), 703,6 millions de francs pour l’Institut national pour la sécurité sociale (INSS) et 254 millions de francs pour l’Institut national de préparation professionnelle (INPP). À fin décembre 2015, Transco comptait 2 714 agents.