Il est rare que Joseph Kabila se mêle au public. Il aime à rester à l’écart, dans ses apparitions officielles, on le voit souvent assis derrière le volant de son véhicule utilitaire de sports (SUV) roulant dans la boue dans l’Est du Congo ou bien en direction de sa ferme.
« On ne le voit plus en public, il n’a confiance en personne, il ne se confie à personne excepté à sa famille, un point c’est tout», explique un investisseur étranger. À l’inverse de ce qui se dit parfois, les confidents nient que Kabila soit timide ou sans réflexion. « Les gens disent qu’il prend son temps (pour faire ou décider quoi que ce soit) mais il aime les défis et finit par réagir au moment où il le choisit», indique un de ses proches collaborateurs qui travaille avec lui depuis des années. « Il n’est pas un politicien professionnel, il n’aime pas la politique comme tous les autres politiciens ici, mais lorsqu’il se trouve face à un obstacle, il se bat. »
Bien que, pour une grande part, Monsieur Kabila ait maintenu le statu quo en termes de négligence, de corruption et de dysfonctionnement, depuis son accession à la présidence en 2001 après l’assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila, le Congo a enregistré quelques améliorations. L’économie a vaincu l’hyperinflation galopante qui faisait rage sous Mobutu au milieu des années 1990, elle affiche une stabilité macroéconomique sans précédent, une croissance de 8,7 pour cent l’an dernier qui lui a valu les félicitations du FMI.
Aussi lentes et minimes soient-elles, les réformes ne viennent pas du président mais du cabinet du Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, ex ministre des finances, qui a réformé l’administration publique, chéri de l’Occident et champion de la création de comptes bancaires pour une multitude de gens. Contrairement à d’autres ministères ou organes de l’État où il arrive régulièrement que le personnel dorme ou grogne pendant toute la journée, faute d’électricité, de fournitures de bureau et de bureaux, les collaborateurs de la primature ont tendance à arriver dès 7 heures du matin dans leurs bâtiments équipés de lecteurs biométriques pour en contrôler l’accès. Des réceptionnistes y répondent au téléphone en souriant et répondent aux courriers électroniques.
« Rien à voir avec l’administration moderne mais c’est quand même nettement mieux que cela ne l’a été, » dit Michel Losembe, président de l’Association congolaise des banques.
Financial Times du 21 janvier 2015.