La Commission d’éthique et de lutte contre la corruption au Kenya, estime que la filiale locale de la firme d’audit et de conseil d’entreprise Deloitte, devrait voir sa responsabilité civile engagée, à la suite de la plainte déposée par des producteur de canne à sucre, et selon laquelle Deloitte & Touche a, de concert avec les hauts responsables de Mumias Sugar, trafiqué les comptes de cette dernière.
Les contours de cette affaire, qui n’est pas la première mettant en avant Mumias Sugar, sont assez complexes. Selon l’entreprise Mumias Outgrowers Company (Moco), constitué de fermiers qui fournissent à Mumias Sugar l’essentiel de la canne sucre qui est par la suite transformée en sucre, les comptes annuels font ressortir dans une rubrique, un prêt de 2,6 milliards de shillings, représentant des avances accordées aux producteurs en 1994, plus les intérêts au taux officiel (23,5%) qui y sont attachés depuis cette époque.
Moco conteste la pertinence de cette écriture comptable et explique que l’avance avait été remboursée en totalité en 1996 et que sa mention dans le bilan annuel de l’entreprise est une fraude, tout comme elle constitue une preuve du laxisme de la part de l’administration en charge de certifier publiquement la conformité des rapports financiers des entreprises.
Dans un rapport d’audit interne, il ressort qu’en 2007, Mumias Sugar avait déjà saisi 2,6 milliards de shillings des comptes de Moco, les considérant comme une partie de ses profits. L’entreprise de production estime que Deloitte étant le conseil fiscal des deux entreprises partenaires, il n’aurait pas dû cautionner une telle irrégularité dans les documents comptables.
Il y a quelques temps, on avait déjà accusé Mumias Sugar d’importer frauduleusement du sucre et de les ensacher à son nom, faisant croire à ses productions. Une enquête interne menée par le cabinet KPGM avait établi la culpabilité de ses dirigeants, ce qui a conduit au départ de son directeur général et de son directeur financier. Quant à Deloitte, c’est la troisième fois qu’elle est citée au Kenya pour des manipulations dans les comptes d’entreprises.