La capitale de la République Démocratique du Congo connaît une démographie galopante. En même temps, les conditions de vie des populations restent précaires.
Les infrastructures de base, telles les marchés, les routes, les écoles, les centres de santé, les ponts, les égouts, les collecteurs d’eau, les fosses septiques, les canalisations d’eau, le réseau électrique, posent problème. Il en est de même pour la circulation des personnes et de leurs biens. Les familles ont développé des stratégies de survie dans l’économie informelle. Cette filière est porteuse d’espoir au regard du flux financier, des transactions et services qu’elle draine. La capitale congolaise a une économie essentiellement fondée sur le commerce transfrontalier informel et la production des biens et services. Pourtant, environ 75 % de sa population active est frappée par le chômage, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). De Gambela dans la commune de Kasavubu, à Somba Zigida dans celle de Kinshasa, en passant par le marché central, les commerçants de la débrouille débordent et rivalisent d’ardeur. Certains créent même des marchés de fortune. Un flux économique important de transactions financières hors circuit ainsi que des biens et services hors normes sont les caractéristiques de cette économie de survie. En marge de cette économie informelle, se retrouve un secteur agro-alimentaire et industriel, qui a souffert des pillages successifs de 2001 et 2003, et peine à se relever à part quelques usines de production des boissons et celles des produits cosmétiques. Ces pillages ont été à l’origine du chômage dont souffre la grande partie de la population active de Kinshasa.
Besoin urgent de l’emploi
En réponse à cette situation, des familles entières, des ménages qui croupissent dans la débrouille et le dénuement s’organisent à travers des initiatives économiques, des activités génératrices de revenu au niveau de leurs quartiers, avenues et même à travers des marchés pirates. Ils parviennent à mettre en place des petites unités de production, des micro-entreprises orientées dans le petit commerce (étalages, kiosques, restaurants de fortune, échoppes pharmaceutiques, friperie…), dans le domaine de services (cybercafé, secrétariat public, salons d’esthétique et coiffure mixte, garage à ciel ouvert, taxi-moto dit wewa, pousse-pousse, ateliers de couture). Ces initiatives n’ont aucune existence légale et ne répondent pas à l’orthodoxie de la gouvernance économique. Elles génèrent un flux financier important et créent un volume assez consistant des transactions commerciales et d’échanges de biens et services sans commune mesure. Aucune comptabilité n’est tenue. Les charges familiales, l’approvisionnement des produits de première nécessité y trouvent satisfaction. Les fournitures académiques et les frais de scolarité des enfants sont payés. Les factures de l’eau et de l’électricité sont réglées. Les soins de santé sont pourvus, en cas de nécessité. Le loyer est payé. L’unique repas familial est garanti. Mais, dans leur exercice, ces activités génératrices de revenu font face à de nombreuses difficultés. Elles sont soumises à de nombreuses taxes des services publics au niveau communal, provincial et national. Les commerçants occupant des marchés dits pirates sont traqués du jour au lendemain par les agents de l’ordre. Il sied de développer des mécanismes capables de redorer le blason de l’économie informelle et de lui donner ses notes de noblesse. Elle permet aux nombreuses familles de Kinshasa de tenir le coup au moment où l’économie nationale sombre. Aussi, serait –il intéressant de mener une réflexion sur l’économie sociale et solidaire, caractérisée par la primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition des revenus et dont la finalité est axée aux membres d’une micro-entreprise, ou d’une famille plutôt qu’au profit. Un renforcement du cadre réglementaire et des institutions pour l’accompagnement de cette économie sociale et solidaire est nécessaire.