Il faut encore près de 7 milliards de dollars pour boucler le montage financier du projet. L’implication des États-Unis est très attendue, surtout après les déclarations du tout nouveau président américain, Donald Trump. Au sommet de la COP22 (Conférence des parties à la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) qui s’est tenu, à la mi-novembre, à Marrakech, au Maroc, les principaux enjeux ont porté sur l’innovation à apporter en matière d’adaptation et d’atténuation des effets des changements climatiques. Une feuille de route a été même adoptée pour la mobilisation des 100 milliards de dollars l’an, avant 2020. Ces fonds vont aider à financer des projets, notamment en RDC. Autres enjeux de taille : encourager la facilitation du transfert des technologies avec le concours de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, et aborder la question des obstacles écologiques au commerce.
La RDC n’a pas encore ratifié l’accord de Paris ou la COP21. Ce qui a pour effet de réduire sa marge de manœuvre en ce qui concerne la COP22, qui compte notamment un volet financier. L’accord de Paris vise notamment le maintien du réchauffement de la température globale en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, tout en poursuivant les efforts visant à la limiter à 1,5°C. Il est aussi question de rendre les apports financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faibles émissions de gaz à effet de serre (GES), et résilient aux menaces du changement climatique. « Ces objectifs doivent être atteints sur la base de l’équité et du principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, eu égard aux différentes circonstances nationales », a fait comprendre le ministre sortant de l’Environnement, Robert Bopolo, au cours d’un point, le jour de l’élection présidentielle américaine, en fait du triomphe de Donald Trump. Pour qui le réchauffement climatique ne serait qu’un canular.
Pourtant, d’après Robert Bopolo, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) fait remarquer que le réchauffement de la planète devrait encore se situer entre 2,7°C et 3°C, soit au-dessus du seuil fixé par les scientifiques. Ainsi à l’instar de toutes les parties engagées à l’accord de Paris, la RDC a mis en œuvre une stratégie pour l’horizon 2030. Cette stratégie est appelée « Contributions prévues déterminées à l’échelle nationale » ou CPDN. Selon le ministre de l’Environnement, la CPDN de la RDC vise la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 17 % entre 2020 et 2030, soit 77,6 millions de tonnes de CO2 ». Et cette contribution conditionnelle de la RDC est évaluée à 21 milliards de dollars. Elle sera financée à hauteur de 5 % par ses propres ressources et 95 % restants par la communauté internationale, compte tenu des priorités nationales de réduction de la pauvreté, de croissance socio-économique inclusive et d’atteinte de l’émergence à l’horizon 2030. L’accord de Paris recommande aux États-Parties de revoir tous les cinq ans, à partir de 2020, leurs contributions.
Pour la RDC, c’est un vrai tournant. « Nous allons progressivement quitter les énergies fossiles les plus polluantes (comme le pétrole) afin d’atteindre la neutralité des émissions dans la 2è partie du siècle », a déclaré Robert Bopolo. En retour, des 100 milliards de dollars par an que l’accord de Paris recommande à la communauté internationale de mobiliser pour des projets dans des États qui contribuent à la baisse des émissions de gaz à effet de serre, la RDC pourrait également tirer profit du Fonds vert qui dispose d’une bourse initiale de 10.2 milliards de dollars. Tous ces montages financiers sont notamment tributaires des apports de la Chine, et surtout des États-Unis qui pourraient plutôt se désengager de la COP21, à en croire Donald Trump. « Toutefois, la réalisation effective des investissements et des plans nationaux de développement plus sobre en carbone ne dépend pas seulement des financements internationaux, mais aussi de la capacité des pays demandeurs, tel que la RDC à présenter des projets, des programmes et des politiques suffisamment matures et importants pour être banquables et finançables », a encore souligné Bopolo.