Les deux pays, à travers leurs ministères du secteur, ont décidé de réactualiser le chronogramme du processus de réalisation du projet de construction de la centrale hydroélectrique.
La République démocratique du Congo et l’Afrique du Sud sont déterminées à concrétiser le développement du site d’Inga, qui doit produire, dans sa première phase en 2020, 4700 mégawatts. C’est ce qu’ont indiqué la vice-ministre congolaise de l’Énergie, Maguy Rwakabuba, et son collègue sud-africain, Tembesula Majula, le 25 août à Kinshasa. Il ressort de leur rencontre la volonté de finaliser les études relatives à la réalisation de cet ambitieux projet, dans l’intérêt des deux pays. Et un engagement à élaborer un chronogramme réactualisé du projet, ainsi que la mise en place d’un mécanisme de mobilisation de financements. Lors de leur tête-à-tête, en mars, les Présidents Jacob Zuma et Joseph Kabila, avaient fait de ce projet, un gage d’intégration économique régionale et continentale.
Du côté congolais, la pose de la première pierre avant le début des travaux, devrait avoir lieu en octobre. L’on peut croire que la complexité du projet serait à la base du retard mais tel ne sera plus le cas. Certains observateurs estiment que ce retard est lié aux interrogations par rapport à 2016. Ou encore, certaines exigences législatives et institutionnelles non encore remplies pour la construction du barrage, notamment la loi sur l’énergie, souhaitée par la Banque mondiale, en faveur des populations, sans oublier les études d’impacts environnementaux qui ne sont pas encore finalisées.
C’est pourquoi le vice-Ministre sud-africain a évoqué un possible report du début des travaux prévus en décembre, pour la production du premier mégawatt en 2020.
Multiplicité de structures de gestion du projet
Le traité entre les deux pays signale que sur les 4700 MW à produire, dans la première phase du projet, l’Afrique du sud va acheter 2500 MW. La société sud-africaine Eskom se charge d’assurer le transport de l’électricité à partir du point de liaison (province du Lualaba) jusqu’en Afrique du Sud. A Kinshasa, il a également été question de l’instauration d’une structure intergouvernementale chargée d’une évaluation mensuelle du projet, en plus de l’Agence de développement et de la promotion du site Inga(ADEPI), de la cellule de gestion du projet Inga3(CGI3). Cette multiplicité des structures est de nature à fragiliser le projet, selon la Société civile qui assure le suivi du processus, afin de bien maîtriser tous les canevas du projet. Cela pourrait créer un conflit de compétences avec un impact financier considérable, disent-t-ils.
En outre, les deux vice-ministres ont convenu de gérer conjointement le projet Inga 3 et de partager les expertises et les études par l’implication des sociétés d’électricité, à savoir la Société nationale d’électricité(SNEL) pour la RDC et Eskom pour l’Afrique du Sud. Mais aussi de transférer la technologie, de promouvoir des formations spécialisées, et la tenue de rencontres et de conférences pour attirer les investisseurs. Pour ce faire, la Banque mondiale, un des grands partenaires de la RDC, l’aide à concevoir des projets bancables et suffisamment attractifs pour le monde des affaires. Les experts des deux pays ont émis le vœu de prendre en compte le rôle accru de l’Afrique du Sud dans ce projet, avant d’insister sur la nécessité de mettre en place un processus d’échange d’informations avec les trois candidats développeurs du projet, représentés par des groupes chinois, canadien et espagnol. Puisque c’est un projet intégrateur, l’implication des sociétés d’électricité des pays membres de la Communauté de développement des pays de l’Afrique australe(SADC), s’impose. La RDC et l’Afrique du Sud, ont signé, le 29 octobre 2014, un traité Inga qui est entré en vigueur en mois mars dernier, avec comme objectifs de transformer le potentiel électrique du site d’Inga et d’établir un rapport dans la commercialisation de l’énergie électrique.
Le gouvernement congolais et ses partenaires traditionnels considèrent l’énergie comme un facteur fondamental pour le développement des populations les plus démunies en RDC. A ce titre, le Programme des Nations Unies pour le développement(PNUD) soutient le gouvernement congolais dans la réalisation d’un atlas sur les énergies renouvelables. D’autre part, l’Agence américaine pour le développement international(USAID) attend l’adoption et la promulgation de la loi sur l’énergie pour apporter son aide en faveur des populations par la création de services énergétiques. Par ailleurs, la loi sur l’électricité, récemment adoptée, a libéralisé ce secteur dans ses volets production, transport, distribution et commercialisation.