Kinshasa et Pretoria veulent donner un coup de fouet aux projets prioritaires

oncernant la libre circulation des personnes et des biens, les pays africains ne progressent pas sur la voie de l’interconnexion. Le programme économique notamment dans le domaine des infrastructures a pris du retard. Le point de la situation.

Les présidents congolais, Joseph Kabila Kabange, et sud-africain, Jacob Gedleyihlekisa Zuma, ont profité des travaux de la 10è session de la commission mixte RDC-RSA (21-25 juin) pour échanger sur les questions régionales, continentales et internationales. Sur les enjeux et défis régionaux, par exemple, ils ont pris acte, avec satisfaction d’ailleurs, de ce que les travaux de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) sur l’intégration régionale avancent bien. Par ailleurs, sur les enjeux et défis du continent, ils ont réaffirmé leur engagement à l’unité et à l’intégration africaine dans le cadre de la charte de l’Union africaine (UA) et de l’Agenda 2063 de l’UA. Pour ces deux chefs d’État africains, il est impératif pour l’Afrique de tirer profit de ses propres ressources et aptitudes afin d’atteindre les objectifs du développement durable. Pour nombre d’experts, le développement de l’Afrique passe nécessairement par celui des infrastructures de transport.

L’analyse de la situation de celles-ci en Afrique, en général, interpelle chaque citoyen de continent, soucieux de l’accès pour les Africains à la santé, à l’éducation, à la sécurité, à un environnement sain, à une agriculture performante, au développement rural et social, ainsi qu’à la bonne gouvernance pour une meilleure gestion des ressources économiques. Ces experts appellent à un débat engagé entre les décideurs politiques, les professionnels du monde des transports, les financiers, et les autres (société civile) très avertis et sensibilisés sur les questions d’intégration africaine au plan économique. Certes, l’impulsion et le suivi des travaux sur les infrastructures régionales et sous-régionales en Afrique sont assurés par l’Union africaine et le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Mais pour gagner le pari de l’interconnexion, tout dépend de la volonté politique des États pris individuellement.

État de la question

D’importants projets en matière d’infrastructures ont été élaborés et beaucoup de chantiers sont en cours malgré les difficultés liées à leur financement. La question n’est autre que l’évaluation des besoins en infrastructures de transport par rapport aux avancées et au regard des enjeux et défis si importants qui y sont liés. Un diagnostic sans complaisance nécessite d’en faire l’état des lieux et devra guider les actions futures en matière d’infrastructures de transports, fait remarquer le Sénégalais Amadou Kane Diallo du Conseil sénégalais des chargeurs. Des opportunités s’offrent l’Afrique où tout reste à faire et qui recèle d’énormes potentialités quant aux ressources de son sol et de son sous-sol, ainsi que de son capital humain.

Plus de 500 millions de pauvres vivent en Afrique sub-saharienne. Le revenu national brut par habitant (470 dollars) est le plus bas de toutes les régions en dehors de l’Asie du Sud (440 dollars). Ce retard pourrait empêcher l’atteinte des Objectifs du développement durable (ODD) en 2030, notamment sur la réduction de moitié de l’extrême pauvreté. La croissance en Afrique est dépendante de la tendance des cours des matières premières, ce qui entraîne la fluctuation des revenus d’exportation. Il faudra donc doubler les taux de croissance économique pour atteindre les ODD. L’Afrique sub-saharienne ne représente encore que 1,7 % du commerce mondial et reçoit moins de 1 % des flux mondiaux des investissements privés.

Les infrastructures de transport sont donc importantes compte tenu de leur rôle de facilitateur de la libre circulation des biens et des personnes en appui à l’intégration régionale. Selon des experts, il existe un lieu de causalité entre les infrastructures et la croissance économique. En effet, disent-ils, une augmentation de 1 % du réseau d’infrastructures entraîne une augmentation identique du PIB. De même, un système de transport défaillant rend très vulnérables les populations pauvres. Les experts de l’UA (NEPAD) ont fini de convaincre les chefs d’État de l’option de l’intégration pour des raisons suivantes : un réseau d’infrastructures efficient crée un effet boule de neige en générant d’autres investissements dans d’autres secteurs ; de faibles investissements cantonnent l’Afrique à un manque de compétitivité endémique dans un contexte de mondialisation du commerce international ; les pays africains pris individuellement ne sont pas assez forts pour générer les économies d’échelle tel qu’il existe dans les grands marchés internationaux et qui constituent une des clefs de la croissance économique et de la compétitivité. En Afrique centrale, par exemple, les secteurs qui dépendent des infrastructures de transport sont l’agriculture, l’éducation, le développement rural, la santé, les échanges et la compétitivité, le développement social, la sécurité, l’environnement, l’industrie, le commerce, la gestion économique…