La présence d’une seule compagnie aérienne laisse des passagers de cette ligne à la merci des prix exagérés du billet. Le gouvernement de Province orientale se dit conscient de cette situation mais renvoi la balle dans le camp du gouvernement central.
Il faut payer 400 dollars à la Compagnie africaine d’aviation (CAA) pour un vol d’une heure et trois quarts d’heure Kinshasa-Kisangani. La même société fixe à 370 dollars, la ligne Kinshasa-Lubumbashi, un vol de deux heures et dix minutes. Constat : le prix est plus élevé pour la première ligne, pourtant, moins longue par rapport à la seconde. Cette fixation des prix à double vitesse a été dénoncée dans une conférence-débat sur la situation économique de la Province Orientale organisée le 16 juillet, à la Foire internationale de Kinshasa (FIKIN). Le ministre provincial en charge des Finances, Economie, Commerce, Industrie et de l’entreprenariat, Alphonse Musuandi, l’a qualifiée d’anarchique. «Il n’y a que la CAA qui opère à Kisangani et il se pose un problème de monopole. Nous connaissons les méfaits du monopole. Cela crée de l’anarchie au niveau du prix. Ce transporteur aérien se croit être le seul maître à bord», a-t-il indiqué.
Depuis un temps, la CAA est la seule entreprise aérienne qui exploite la ligne Kinshasa-Kisangani. D’autres sociétés l’ont abandonnée, notamment en raison de la faiblesse du trafic qui, selon elles, ne favorise pas les affaires. Elle est rejointe, il y a trois semaines, par la Compagnie International Trans-Air Business (ITAB). Cette société a ouvert, une fois la semaine, la ligne vers la Province Orientale, précisément entre Kinshasa et Kisangani. Pour tenter de casser ce monopole, le gouvernement provincial, à travers le ministre des Finances, affirme avoir eu des contacts avec d’autres opérateurs du transport aérien dont la société nigériane Trinity Airways pour l’ouverture d’une ligne supplémentaire. Le gouvernement provincial qui n’a pas la compétence de délivrer une licence d’exploitation, est suspendu à la décision du gouvernement central. «C’est encore une fois un problème que le gouvernement central devrait résoudre », a-t-il lancé. Avant d’ajouter que la province a besoin de services de toutes les entreprises aériennes.
Le mal est général
L’aviation civile congolaise, dans son ensemble, traverse des moments de turbulence qui semblent être loin de connaitre une stabilité. Le problème que pose la Province orientale n’épargne pas le reste du pays. Hormis la ligne Kinshasa-Lubumbashi où la fréquence reste élevée, le trafic aérien dans le Congo profond continue de battre de l’aile. L’aviation congolaise a été marquée, depuis 2007, par près de 150 accidents et incidents aériens, ayant causé quelques 214 morts et 40 blessés. Pour tenter d’assainir le ciel congolais de ces avions, des licences d’exploitation ont été retirées, début mars, à dix compagnies aériennes (Air Baraka, Cetraca aviation service, Gisair, Goma Express, General Transports Airways, Katanga Express, Lubumbashi Air Service, Pegassus Aviation, Sion Airlines et Trace Congo Aviation). Les avions de ces compagnies dont, au moins la moitié est opérationnelle, ont été cloués au sol par le ministre des Transports et Voies de communication, Justin Kalumba. Selon lui, il s’agissait d’une recommandation de l’Association du transport aérien international (IATA), dans la perspective de l’assainissement du secteur aérien en RDC. Cette association affirme que le niveau de sécurité et de sureté des transporteurs aériens en RDC est parmi les plus bas au monde.
Il n’y a que la CAA qui opère à Kisangani et il se pose un problème de monopole. Nous connaissons les méfaits du monopole. Cela crée de l’anarchie au niveau du prix. Ce transporteur aérien se croit être le seul maître à bord
Alphonse Musuandi, ministre provincial des Finances
Cette mesure a été comme une pullule amer difficile à avaler aussi bien pour des transporteurs aériens que d’autres opérateurs économiques dont la voie aérienne constitue un moyen de transport incontournable.
«Clouer ces compagnies au sol va certainement perturber, dans une certaine mesure, la mobilité des personnes et des biens. Par contre, les laisser continuer à opérer expose les vies humaines. La vie n’a pas de prix. Sa préservation constitue la priorité des priorités », avait déclaré le ministre des Transports qui estime avoir fait le « choix de la raison ». Celui de la vie, de la sécurité aérienne et de la normalisation du secteur.
- L’aviation congolaise a été marquée, depuis 2007, par près de 150 accidents et incidents aériens qui ont causé quelque 214 morts et 40 blessés.
- La RDC a un problème de certification des transporteurs aériens et du calibrage des équipements d’aide à la navigation.
- Depuis le 22 mars 2006, tous les transporteurs aériens certifiés par les autorités de la RDC sont repris sur la liste noire de l’Union européenne