Le gouvernement provincial tente, tant soit peu, de reduire le taux assez élevé de non-scolarisation des enfants de ces âges, à travers une campagne d’inscription gratuite.
Le 25 août 2014, à l’école primaire Kimpangi, à Ngaliema, la ministre provinciale de en charge de l’Education, Thérèse Olenga, a donné le coup d’envoi de la campagne « tous les enfants de 6 à 7 ans à l’école ! » Pour cette année scolaire, le gouvernement provincial, à travers cette campagne, s’est fixé comme objectif d’inscrire au moins 40.772 enfants, de 6 à 7 ans, qui sont en dehors de l’école. Cette mesure a été prise pour pallier le constat fait par une étude du Fonds de Nations unies pour l’Enfance (UNICEF), réalisée en 2012, pour la RDC. Intitulée « Etude sur les enfants et les adolescents en dehors de l’école (EADE) », cette étude a révélé que « la ville-province de Kinshasa compte 213.489 enfants de 6 à 11 ans en dehors de l’école, dont 111.982 garçons et 101.507 filles ». Elle démontre qu’il y a une très forte concentration de ces enfants dans le district de la Tshangu (51,1%). Le district de la Lukunga (16, 2) occupe la deuxième position, suivi du district de Mont Amba (15,2%).
Les doutes
La ville-province de Kinshasa compte 213.489 enfants de 6 à 11 ans en dehors de l’école dont 111.982 garçons et 101.507 filles » : ‘‘Etude sur les enfants et les adolescents en dehors de l’école (EADE), UNICEF
La majorité de directeurs et enseignants des écoles primaires publiques contactés demeurent sceptiques quant à la réussite de cette opération. Ils redoutent que cette mesure ne change rien sur, le terrain. En effet, de l’école primaire St Cassien, à Bandalungwa, en passant par les écoles primaires 7, 8, 9, à Ngiri-Ngiri, et l’école primaire Wangata, dans la commune de Lingwala, les inscriptions se faisaient gratuitement avant la dernière décision de l’éxécutif provincial. Benjamin, enseignant dans une école primaire, dans la commune de Lingwala, affirme que dans les écoles publiques, les inscriptions sont gratuites depuis plusieurs années, pour essayer d’attirer les candidats. « Malheureusement, nous constatons que chaque année, le nombre d’élèves est en perdition », indique-t-il. Son directeur d’école estime, pour sa part, que les enfants, bien qu’inscrits gratuitement, finissent par rendre le tablier. Dans cet établissement, depuis plusieurs années, le minerval est maintenu à 30.000 francs, par trimestre. Pourtant, les parents restent insolvables. Par conséquent, ils retirent les enfants de l’école. Les parents dont les revenus n’ont pas changé risquent d’être butés au même problème d’insolvabilité. Espoir Mavinga, père de huit enfants, applaudit la décision de l’Exécutif provincial, mais pense qu’elle ne résoudra pas totalement ce problème. « L’année écoulée, j’ai inscrit gratuitement mes deux enfants dans une école de l’Etat, mais étant incapable de payer les 180.000 francs demandés pour toute l’année, j’ai préféré les garder à la maison, afin d’honorer les frais de leurs aînés qui sont en secondaire », se confie-t-il.
Pour une gratuité totale
Les enseignants du primaire et les parents sont d’avis que la meilleure solution pour endiguer définitivement ce phénomène d’enfants et adolescents en dehors de l’école en RDC passe par la scolarité gratuite au niveau de tout le cycle primaire. « Si le gouvernement souhaite réellement voir tous les enfants à l’école, il doit mettre fin à la scolarité gratuite sélective, pour l’étendre au cycle tout entier et à tout le territoire national », suggère un parent. Un enseignant, dans une école mixte située dans la commune de Kasa-Vubu, estime que « le gouvernement provincial a mis la charrue avant le bœuf.» Pour lui, il devrait d’abord militer pour l’amélioration des conditions de travail. « Si les enseignant sont bien rémunérés, les enfants auront un enseignement de qualité, et termineront paisiblement leur cycle primaire », pense-t-il. Dans le cadre du nouveau programme de coopération RDC-UNICEF, la représentante adjointe de cette organisation des Nations unies, Sylvie Fouet, a promis, lors du lancement de cette campagne d’inscription gratuite, la distribution des fournitures scolaires aux enfants de 1ère année primaire pour l’année, pour cette année scalaire. Il sied de signaler qu’en dehors de l’UNICEF, cette campagne bénéficie de dix-huit autres partenaires dont l’Unesco, l’Usaid et l’Union européenne.