Kinshasa veut être un acteur majeur dans le nouveau processus

L’élaboration de l’agenda de développement post-2015 continue de faire courir les chefs d’Etat et de gouvernement, les diplomates, les acteurs de la société civile et du secteur privé. La mise en œuvre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ayant démontré ses limites, les sujets internationaux veulent se donner des repères plus inclusifs et qui ne concerneront pas seulement les pays pauvres. La République démocratique du Congo a décidé de prendre une place de choix dans cette dynamique mondiale.

 

La RDC a engrangé des performances économiques encourageantes.
La RDC a engrangé des performances économiques encourageantes.

La deuxième session du Forum politique de haut niveau pour le développement durable (FPHN), organisée au début de la semaine dernière au siège des Nations Unies, a réalisé un de ses objectifs globaux en adoptant et en mettant à la portée de la communauté internationale la « Déclaration ministérielle de haut niveau de la Commission économique et sociale de l’ONU (Ecosoc)». Organisées sur le thème général « Atteindre les OMD et ouvrir la voie à un programme de développement ambitieux et porteur de changement pour l’après-2015 », ces assises ont produit un document qui définit ainsi la portée des Objectifs du développement durable (ODD). Les ministres de pays membres des Nations unies avaient reçu, en accord avec les termes du Document final de la Conférence de Rio+20 intitulé « L’Avenir que nous voulons », la mission d’« impulser un dialogue régulier entre les Etats » et d’élaborer un programme de développement durable intégrant les dimensions économique, sociale et environnementale.

Pour parvenir à cette fin, les travaux de New York ont discuté de maints aspects, marquant le contexte international et qui doivent connaître des mutations à terme : « mesures à long terme pour rendre irréversible l’éradication de la pauvreté et réduire les inégalités », « coopération internationale au service du développement durable », « partenariats multipartites et engagements volontaires pour le développement durable, assurer la responsabilisation de tous », « programme de développement durable intégré et universel », « moyens de mise en œuvre pour le développement durable », « contribution de la consommation et de la production durables aux ODD », « Après-2015 : piloter la mise en œuvre du programme de développement et vérifier les progrès accomplis ».

Des atouts de Kinshasa mis sur la table 

C’est sur base de ces pistes de réflexion que le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, a développé sa contribution à la construction d’un « cadre unique et un ensemble d’objectifs communs, de portée universelle et applicable à tous les pays, tout en prenant en compte la diversité des situations, des politiques et des priorités nationales ». En acceptant que, d’une part, l’examen des indicateurs de progrès, au niveau national, donne « une situation contrastée », et, de l’autre, la nécessité d’induire à cette praxis « un changement radical de politiques et de stratégies », le diplomate congolais a tenu à mettre en relief les atouts actuels et les expériences du pays pour démontrer la volonté de Kinshasa de prendre activement part à la conception et à la mise en œuvre du nouveau programme de développement durable, qui va remplacer les OMD.

Afin de devenir éligible à des concertations qui seront tenues dans l’avenir, la RDC a engrangé des performances économiques et financières (inflation proche de zéro, taux de croissance au-dessus de la moyenne africaine, relative stabilité du taux de change, réserves de change en constante augmentation…). Elle a aussi mis, dans ce paquet qui englobe, par ailleurs, les efforts fournis pour l’amélioration du climat des affaires, le renforcement des infrastructures (ponts, routes, ports, aéroports, hôpitaux, écoles, complexes scolaires, ouvrage de desserte en eau et en électricité, accès aux nouvelles performances des télécommunications…). Ne pouvait pas être oubliée, la capacité du pays à renforcer un de ses créneaux-fétiches, reconnu au niveau international : celui d’être « un réservoir de la biodiversité ». Les aires et zones forestières protégées ont vu leur proportion, sur le territoire national, passer de 55 % en 1985 à 58,8 % en 2012. En 2015, ce sont 65 % de la superficie du pays qui devraient être concernés.

Plus des ressources financières pour les pays fragiles

La République démocratique du Congo a saisi cette opportunité pour formuler des propositions susceptibles de renforcer la solidarité internationale et de favoriser le travail en synergie afin de réduire, de manière radicale, la pauvreté et les inégalités. Dans cet éventail de suggestions se retrouvent des appels à la mobilisation générale des ressources financières conséquentes en accordant plus d’allocations aux « pays fragiles » et post-conflit, au développement d’un mécanisme de facilitation de transferts et de diffusion des technologies propres vers les pays pauvres, au renforcement des capacités des pays fragiles, à l’implication effective de la jeunesse dans le processus, étant considérée comme « l’avenir de l’humanité ».

Kinshasa veut également que soit réservé à l’ONU le rôle d’ « assurer la coordination multilatérale, la cohérence et la responsabilisation au sein du système pour garantir une solidarité internationale véritable, efficiente et efficace, afin de promouvoir notamment une plus grande interaction avec les partenaires au développement et les institutions financières et économiques internationales ». Les Nations unies ont déployé en RDC la plus nombreuse force de maintien de la paix, comptant plus de 20.000 personnes et consommant un budget annuel de plus d’un milliard de dollars. Le gouvernement de ce pays ne pouvait pas l’oublier. Kinshasa a enfin indiqué qu’il était nécessaire de prévoir, tout au long de la mise en œuvre de l’agenda de développement post-2015, des mécanismes rigoureux de suivi-évaluation.