LE CONSEIL d’administration du Fonds monétaire international (FMI) organisera des réunions entre la candidate et les administrateurs pour une nomination au plus tard le 4 octobre prochain.
La Bulgare Kristalina Georgieva, actuelle numéro 2 de la Banque mondiale, est en effet la seule candidate en lice pour prendre la tête du FMI, en remplacement de la Française Christine Lagarde, qui a démissionné pour prendre la tête de la Banque centrale européenne (BCE). Kristalina Georgieva a confirmé sa volonté d’être candidate, a déclaré le FMI dans un communiqué. Le Fonds a dû changer ses statuts relatifs à la limite d’âge imposée au poste de directeur général pour que la candidature de Kristalina Georgieva, qui a célébré ses 66 ans, le 13 août, soit valide. Depuis 1951, le règlement du Fonds interdisait en effet la désignation d’un candidat âgé de 65 ans ou plus à ce poste et ne permettait pas au titulaire du poste d’exercer ses fonctions au-delà de son 70è anniversaire.
« La modification du règlement adopté par le conseil des gouverneurs, laquelle prend immédiatement effet, rend les conditions de désignation du directeur général conformes à celles applicables aux membres du conseil d’administration, présidé par le directeur général, et au président du Groupe de la Banque mondiale, qui ne sont sujets à aucune limite d’âge », avait justifié l’institution de Washington en annonçant l’approbation de cette réforme. Elle avait été désignée comme candidate de l’Union européenne (UE), le 2 août, à l’issue d’un vote serré qui a mis en lumière les divisions au sein de l’UE.
Historiquement, la direction du FMI a toujours été confiée à un Européen et celle de la Banque mondiale à un Américain. Un partage des rôles immuable, comme l’a illustrée au printemps la nomination de David Malpass à la Banque mondiale. Il était également le seul candidat en lice. Bien que cette tradition soit contestée, car ne reflétant pas le poids grandissant des pays émergents au sein des institutions de Bretton Woods, aucun candidat des pays émergents ne s’est ainsi porté candidat.
Kristalina Georgieva est une spécialiste « multicartes » qui a régulièrement été pressentie pour accéder aux plus hautes fonctions internationales. Elle possède notamment une solide expérience dans la finance internationale. À la Banque mondiale, où elle a effectué l’essentiel de sa carrière avant d’en devenir directrice générale en 2017, elle s’est forgée une expertise dans le domaine de l’environnement en multipliant les fonctions dans les domaines du développement durable et des questions agricoles. Cette économiste a par ailleurs occupé le poste de commissaire européenne chargée de l’aide humanitaire entre 2010 et 2014, quand elle avait dû remplacer au pied levé la candidate initiale de la Bulgarie.
Elle a également été pendant un an, entre 2015 et 2016, vice-présidente de la Commission Juncker en charge du budget et des ressources humaines. Elle y a acquis une réputation de haute fonctionnaire énergique et tenace.
Comptant parmi les personnes pressenties pour succéder au Polonais Donald Tusk à la tête du nouveau Conseil européen, elle avait finalement dû s’incliner face au Belge Charles Michel début juillet. En 2016, cette diplomate, qui fait valoir des capacités à convaincre et à former des consensus, avait déjà été une finaliste inattendue de l’élection au poste de secrétaire général de l’ONU, finalement attribué au Portugais Antonio Guterres.
La prochaine directrice du FMI parle couramment le russe et a tissé de bonnes relations à Moscou lors de ses années passées comme directeur pour la Russie de la Banque mondiale, entre 2004 et 2007. Elle était entrée en 1993 au sein de cette institution, après quelques années d’enseignement, notamment au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) aux États-Unis. Politiquement, elle n’a jamais eu de fonctions électives en Bulgarie, mais elle est apparentée à la droite modérée et pro-européenne du Parti populaire européen (PPE).