La Banque mondiale octroie 45 millions de dollars à la RDC

Des résultats satisfaisants n’ont pas encore été atteints dans le domaine statistique dont les prestations sont en cours, selon les conclusions de la revue à mi-parcours du document-cadre 2013-2017. On note également des progrès mitigés en matière d’amélioration du climat des affaires et de promotion du secteur privé. L’institution de Bretton Woods s’implique.

Le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé fin août un don de 45 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA), destiné à accroître la capacité du système statistique national de la RDC. Ces fonds serviront à produire et à diffuser des statistiques économiques et sociales de base sur la démographie, l’agriculture et le niveau de la pauvreté.  Le projet permettra à la RDC de produire des données plus exactes et plus accessibles qui pourront contribuer à améliorer la planification des activités de développement. Ces dernières années, les pouvoirs publics ont pris d’importantes mesures pour renforcer le système statistique national, mais les infrastructures nécessaires à la production de données fiables et exactes font encore cruellement défaut. Selon Ahmadou Moustapha Ndiaye, directeur des opérations pour la RDC à la Banque mondiale, celle-ci continue de soutenir les efforts engagés par la RDC pour mettre en œuvre des réformes fondamentales en faveur d’une croissance économique soutenue et durable à même d’améliorer les conditions de vie de la population. À l’en croire, la réalisation de ce projet accroîtra les capacités statistiques de l’État et lui permettra de recueillir les données dont il a besoin pour formuler les politiques indispensables à la réduction de la pauvreté et des inégalités.

Pénurie criante en ressources humaines

Le projet soutiendra les efforts entrepris pour collecter et diffuser des statistiques économiques et sociales essentielles, à l’échelle du pays, grâce à diverses activités telles que la réalisation d’enquêtes auprès des ménages ; un recensement agricole ; une enquête annuelle sur la production agricole, auxquelles s’ajoutent des mesures destinées à améliorer la méthodologie appliquées aux principales sources de données des statistiques des comptes nationaux.

Il s’agira de remédier à une pénurie criante de ressources humaines et à promouvoir la formation du personnel et l’amélioration des compétences. Les fonds affectés au projet contribueront, entre autres, à financer une nouvelle école nationale de la statistique et un programme de bourses d’études destiné à former des hommes et des femmes dans les écoles régionales de statistique, ainsi que le développement d’un programme pour jeunes cadres visant à rajeunir les effectifs du système statistique national, sous réserve de la mise en œuvre de réformes institutionnelles déterminées.

« La hausse des investissements privés, la création d’emplois et l’amélioration des résultats dans les secteurs de la santé et de l’éducation en RDC dépendent de la qualité de la conception, du suivi et de la mise à jour des politiques », a indiqué Franck M. Adoho, chef d’équipe du projet à la Banque mondiale. La production de données de qualité est essentielle, car elle est le fondement de la transparence et la condition d’une utilisation plus efficiente des ressources publiques.

18 milliards de dollars en jeu

L’Association internationale de développement (IDA) est la branche du groupe de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres en leur accordant des dons et des crédits sans intérêts ou à faible taux d’intérêt destinés à financer des projets et programmes de nature à stimuler la croissance économique, réduire la pauvreté et améliorer les conditions de vie des populations démunies. L’IDA figure parmi les principaux bailleurs de fonds des 77 pays parmi les plus pauvres du monde, dont 39 se trouvent en Afrique. Ses ressources affectent un changement positif dans la vie de 2,8 milliards de personnes vivant pour la plupart avec moins de deux dollars par jour. Depuis sa création en 1960, l’IDA a financé des activités de développement dans 112 pays. Le volume annuel de ses engagements s’est élevé en moyenne à environ 18 milliards de dollars au cours des trois dernières années, 50 % environ de ce montant étant destinés à l’Afrique. Courant mai, Kinshasa a relancé la production de son annuaire statistique suspendu depuis une vingtaine d’années. Un atelier a été ouvert à cet effet avec l’appui du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de la Banque africaine de développement.

De façon générale, la situation des statistiques en RDC reste précaire, caractérisée par une extrême dispersion et une quasi-absence de coordination. La dernière parution de l’annuaire statistique remonte à 1995. Ce document était alimenté par des productions sectorielles et ne constituait pas une source de données globales. La relance de la production de l’annuaire statistique s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement de la statistique, adoptée en mars 2013 par le gouvernement en vue de rendre les données statistiques plus fiables et plus accessibles, et de généraliser leur application. L’objectif est de permettre à la RDC d’améliorer l’offre des données statistiques nécessaires à l’élaboration, au suivi et évaluation des programmes de développement et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). L’Assemblée nationale attirait déjà l’attention du gouvernement sur la nécessité d’inclure le recensement de la population dans son programme d’action. Intervenant au cours d’une plénière, la députée Jaynet Kabila expliquait que le gouvernement ne pouvait pas définir une politique sociale claire sans connaître le nombre des habitants du pays. « La planification de la politique du gouvernement devra être basée sur les statistiques permettant de connaître les besoins de la population et les questions relatives au bien-être social », déclarait-elle, ajoutant qu’une planification efficace ne peut se faire que sur la base d’informations réelles fondamentales sur la population.

Le dernier recensement de la population date de 1984. Aujourd’hui, le gouvernement se contente d’estimations démographiques de la population qui varient entre 60 et 71 millions d’habitants. En marge de la Journée africaine des statistiques, en novembre 2010, le directeur de l’Institut supérieur des statistiques (ISS) de Kinshasa, Guillaume Muhindo, avait déclaré que le budget nécessaire pour organiser le recensement de la population congolaise était évalué à 170 millions de dollars. Il avait suggéré au gouvernement de faire de ce recensement une urgence pour le développement du pays, relevant qu’on ne peut pas mettre un territoire en valeur si l’on ne connaît ni le nombre de ses habitants, ni ses besoins, ce qu’ils produisent et les marchés d’évacuation  des produits.


Autres outils

D’autres institutions multilatérales à l’instar de la Banque africaine de développement poursuivent le même but. Au cours des dernières années, cette dernière n’a cessé d’intensifier ses activités de renforcement des capacités statistiques dans les pays africains, motivée par la nécessité de disposer de données fiables et à jour pour mieux mesurer, suivre et gérer les résultats en matière de développement. Ses activités se sont concentrées jusqu’ici sur l’amélioration de la disponibilité et de la qualité des données et le renforcement des capacités institutionnelles des pays africains pour la production de ces données. Ces efforts ont été renforcés en septembre 2004, suite à l’approbation d’un don d’environ 22 millions de dollars par le Conseil d’administration du Fond africain de développement (FAD) pour soutenir le programme de la Banque pour le renforcement des capacités statistiques dans les pays africains dans le cadre du Programme de comparaison internationale pour l’Afrique (PCI-Afrique). Ce programme vise le renforcement des aptitudes statistiques des pays du continent pour répondre à la demande urgente de données fiables et à jour afin d’appuyer le suivi des progrès accomplis dans la réalisation des Objectif du millénaire pour le développement (OMD), des Stratégies de réduction de la pauvreté (SRP), de l’initiative du NEPAD et de l’Agenda pour l’efficacité du développement et la réalisation de résultats.

Plusieurs protocoles ont conclus à Kinshasa. Le dernier a été signé courant septembre. Il porte sur un montant de 12,2 millions de dollars. Sa finalité : renforcer les capacités institutionnelles de l’État en matière de pilotage de l’économie et à consolider la gestion des finances publiques.

En 2014, le projet d’appui institutionnel en statistique et aux finances publiques (PAI-STATFIN) a été lancé. Ce projet à hauteur de 16,6 de dollars. Il a comme objectif  spécifique : « de développer d’une part, un système statistique national permettant de disposer des données fiables et à jour sur les objectifs de développement, de mesurer les résultats et impacts des programmes  et projets soutenant l’action du gouvernement, de suivre et d’évaluer la mise en œuvre des politiques et des réformes économiques et d’autre part,  de renforcer l’efficacité des systèmes et mécanismes institutionnels de recouvrement des redevances minières et ceux nécessaires à plus  de transparence et de responsabilité dans la gestion des finances publiques en général ».

Cette ligne de financement servira à appuyer les actions du gouvernement dans les domaines de la statistique, de l’agriculture/pêche, et des ressources hydrauliques. Ces trois protocoles de dons ont été signés en marge de l’atelier de la revue à mi-parcours du Document de stratégie pays 2013-2017 et de performance du portefeuille de la BAD en RDC.