L’Office de routes avait sollicité 1 milliard de dollars de l’État pour moderniser quelque 9 000 km de routes entre 2012 et 2016. Combien l’établissement public a-t-il perçu à ce jour ? Le bilan quadriennal de la période 2008-2012 est plutôt chaotique.
P
lus de 630 millions de dollars ont été affectés à la réfection de routes à caractère national entre 2008 et 2012. La Banque Mondiale qui a contribué pour plus de 50% de cette somme, soit 331,2 millions de dollars, n’est pas satisfaite des réalisations de l’Office des routes. Au cours de la même période, le gouvernement a également débloqué 300 millions de dollars. Selon la Banque mondiale, les réalisations sont en-deçà de la moyenne africaine, qui est de 70% de routes primaires et secondaires. L’Office des routes n’a pas été capable d’entretenir 7 000 km de routes par an durant la période concernée, selon une publication récente de la Banque intitulée « Revue de la gestion des dépenses publiques et de la responsabilité financière » parue en septembre. Les prestations de l’Office des routes n’auront donc ni permis de maintenir, ni d’étendre les quelque 15 000 km de routes nationales classées ultra-prioritaires. La RDC compte quelque 58 000 km de routes d’intérêt général. Relier deux provinces par route relève d’un pari osé. De l’avis des experts de la Banque mondiale, le gouvernement doit changer de méthodologie dans sa politique afin de rendre praticable sur dix ans 70% du réseau routier d’intérêt général, soir 40 600 km.
FONER, des fonds en l’air
Le directeur général de l’Office des routes, Mutima Sakrini, ne rate pas une occasion pour vanter le savoir-faire de son entreprise. Mais le doute fini par s’installer sur les réalisations. Quelque 850 000 dollars ont été mis à la disposition de l’office par le Fonds national d’entretien routier (FONER), pour la réhabilitation de la nationale n°27. Somme jugée insuffisante pour réaliser un travail de qualité. L’axe Bunia-Mahagi s’est détérioré, quelques mois seulement, après sa réfection. Dans les Uélé, faute de routes, même en terre battue, des hommes d’affaires rechignent à honorer leurs obligations fiscales. À Kinshasa, bien des routes d’intérêt national sont retombées dans un état impraticable.
Etablissement public à caractère administratif et financier, le FONER, fonctionne, comme une banque d’investissement. Il collecte des fonds et finance des projets préalablement sélectionnés par des agences routières. Il met ces ressources à la disposition de l’office de routes, de l’Office des voiries et drainages (OVD) et de la Direction des voies de desserte agricole (DVDA). Entre le FONER et les agences routières, il existe plutôt une relation de complémentarité. Entre septembre 2009 et décembre 2012, le FONER a alloué à Kinshasa 52,81% de fonds collectés et près de 27 % pour le Katanga, le Grand Kivu et la Province-Orientale réunis qui frôlent les 15%. Au cours de la même période, le FONER a affecté un peu moins de 20% de fonds collectés à l’entretien de routes des provinces de l’Est précitées. Kinshasa a eu le gros lot, soit 42,23%. Au Bandundu par contre, les fonds alloués à l’entretien de routes n’ont pas été proportionnels aux recettes collectées.
Ressources et dépenses
Le rapport dépenses/ressources est de 4,088%. Ce rapport est de 10,7% pour le Kasaï-Oriental contre 31% pour le Katanga. «Une certaine péréquation est appliquée dans l’affectation des ressources indépendamment de la capacité de mobilisation par province », selon le ministre des transports qui repondrait aux sénateurs à l’occasion d’une question orale. L’une de principales préoccupations des sénateurs a justement été de connaître les rapports entre le Fonds national d’entretien routier et les entreprises chinoises engagées dans les 5 chantiers ou encore la « Révolution de la modernité ». « Des agences routières, OVD, Office des routes, Direction des voies de desserte agricole, même les provinces peuvent, en effet, faire exécuter les travaux en entreprise par des firmes chinoises ou autres », avait expliqué le ministre Kasweshi. Dans ce cas, le FONER paie les travaux réalisés par lesdites entreprises directement, selon les termes de la convention de financement conclue entre l’agence routière ou la province et le FONER, après approbation des factures par l’agence concernée. Actuellement, les seuls projets routiers qui tiennent encore sont ceux soutenus par les bailleurs de fonds occidentaux.