DAVID Malpass a pris officiellement ses fonctions de président de la Banque mondiale, mardi 9 avril. Il était avant chargé des relations internationales au département du Trésor américain. Âgé de 63 ans, depuis le 8 mars, le nouveau président de la Banque mondiale est un analyste économique. En 2016, il a servi comme conseiller économique de Donald Trump, alors en campagne électorale pour la présidentielle américaine. Et en 2017, il a été nommé sous-secrétaire au Trésor pour les affaires internationales.
Unique candidat pour succéder à Jim Yong-Kim, David Malpass a été élu président de la Banque mondiale, le 4 avril 2019, après avoir été désigné pour ce poste en février par l’administration Trump. On se rappelle que cette candidature avait suscité des inquiétudes à cause de ses reproches en 2017 visant les institutions internationales jugées dépensières, « pas très efficaces » et « souvent corrompues dans leurs pratiques de prêts ».
Il n’empêche, ce fidèle de Donald Trump s’est d’abord évertué à rassurer ses nouvelles troupes au moment où il entrait dans l’édifice à Washington: « ma première priorité est de parler au personnel. » Lors d’un point de presse, jeudi 11 avril, au siège du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre des assemblées de printemps des institutions de Bretton Woods, le nouveau président de la Banque mondiale s’est voulu encore rassurant : sa priorité sera la lutte contre la pauvreté dans le monde, afin de garantir la prospérité partagée des populations du monde. Il y a urgence à réduire la pauvreté dans le monde. Et la Banque mondiale peut y parvenir. C’est avec ce message optimiste que David Malpass a pris ses nouvelles fonctions de président de cette institution.
700 millions dans l’extrême pauvreté
« Je souhaite écouter attentivement les pays en développement », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il avait déjà participé à des réunions avec deux groupes dont l’un consacré à la pauvreté, l’autre à l’Afrique. « Il y a toujours 700 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde. C’est trop », a-t-il constaté sobrement. « Je ressens personnellement et professionnellement l’urgence de s’attaquer à ce problème ».
L’autre mission est de mieux partager la prospérité, a-t-il poursuivi. Énumérant les nombreux défis à relever – la nécessité d’une croissance plus solide, le changement climatique, intégrer véritablement les femmes dans les économies, renforcer le secteur privé – il s’est dit pressé de s’atteler « à cette tâche avec enthousiasme ».
Interrogé sur les changements à apporter pour améliorer l’efficacité de la Banque mondiale, David Malpass a écarté l’idée d’une restructuration. En revanche, « je pense que nous avons besoin de nous concentrer clairement sur les résultats à atteindre », a-t-il expliqué. Le nouveau dirigeant de la Banque mondiale a, par ailleurs, semblé vouloir prendre ses distances avec les prises de position du locataire de la Maison Blanche. Alors que Donald Trump, climatosceptique affiché, a retiré les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, David Malpass a estimé que la lutte contre le changement climatique était un élément clé de sa mission pour réduire la pauvreté, dans les pays développés en particulier.
Pékin a des leçons à partager
David Malpass a en outre radicalement adouci le ton envers Pékin. Il souligne que son institution partage avec la Chine une volonté de réduire la pauvreté et que Pékin a des leçons à partager avec les autres pays membres. Il a affirmé qu’il souhaitait établir « une relation constructive » avec la Chine, en estimant que le pays pourrait partager son expérience en matière de réduction de la pauvreté. Soulignant qu’il avait rencontré le président chinois Xi Jinping et plusieurs ministres en février. « Je souhaiterais souligner que nous partageons la volonté de réduire la pauvreté », a-t-il ajouté, précisant que « la Chine a rencontré un certain succès dans la réduction de l’extrême pauvreté ».
Pékin « a des leçons à partager » avec les autres pays membres de la Banque mondiale, ayant « réussi » à sortir « 850 millions de personnes de l’extrême pauvreté » au cours des dix dernières années, a ajouté Malpass. Qui a en outre de nouveau salué le fait que Pékin ait un rôle grandissant en tant que donateur au fonds de la Banque mondiale qui fournit des prêts aux pays les plus pauvres. Il a répété que la Chine allait moins emprunter auprès de la Banque mondiale. Pour lui, la Banque mondiale devait davantage se concentrer sur la qualité des projets susceptibles d’être financés. Elle doit aussi se montrer plus transparente sur les niveaux d’endettement et lutter efficacement contre la corruption.
Au clin d’œil aux Africains
Pour les pays africains, particulièrement, David Malpass s’engage notamment sur deux priorités : le changement climatique afin d’exécuter le plan existant et l’économie numérique pour encourager la création d’emplois. « Je voudrais que les pays réussissent et relèvent le défis de la pauvreté. Il faut qu’ils parviennent à atteindre une croissance vigoureuse. Nous voulons que les femmes soient impliquées dans l’économie notamment dans l’entrepreneuriat», a déclaré David Malpass parlant des orientations de son mandat. Avec la RDC, la Banque mondiale entend développer une nouvelle approche du partenariat, lequel vise la transformation structurelle de l’économie et la création d’emplois. Créée en 1944, la Banque mondiale, qui soutient des projets de développement, compte aujourd’hui 189 États membres et plus de 10 000 collabora