Malgré sa réception à l’Assemblée nationale, la loi de finances continue de faire l’objet de discussions dans les plateformes de la société civile. Ces structures se battent pour la réduction du train de vie des institutions afin d’augmenter la part des secteurs clés de la société.
Depuis un certain temps, le gouvernement cherche à orienter sa politique vers les besoins sociaux de base. Mais le projet de loi de finances pour l’exercice 2015, qui a été jugé recevable le 15 octobre par les députés, ne convainc pas toujours certaines organisations de la société civile, notamment sur la part réservée au social. Beaucoup d’entre elles ont demandé l’augmentation de la part allouée au secteur de l’éducation, de la santé et à la réfection des routes. Le Réseau gouvernance économique et démocratie (REGED) et d’autres plateformes ont, avec l’appui de la Banque mondiale, examiné le projet de loi de finances et souhaité que le gouvernement dote le pays d’un budget conséquent pour satisfaire les attentes de la population. Cela, en réduisant le train de vie de certaines institutions jugées « budgétivores ». « Notre point de vue à cet exercice est très important », a indiqué Florimond Muteba, président du conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP). Malgré ces observations, le volet social dans le budget 2015 est légèrement revu à la baisse. La part consacrée à l’amélioration des conditions sociales des Congolais est passée de 34,3 %, en 2014, à 33,3 %, en 2015, soit 2 482, 9 milliards de francs pour des actions liées notamment à la construction de logements sociaux, à l’amélioration du transport en commun et la construction des usines d’adduction d’eau potable en milieu rural. Dans l’exécution du budget en cours, les dépenses liées uniquement aux réformes institutionnelles ont coûté 514, 3 milliards de francs, sans prendre en compte leurs frais de fonctionnement. Dans un programme annuel chiffré à environ 9 milliards de dollars, le gouvernement espère poursuivre sa politique sans un apport significatif dans les secteurs qui touchent directement la vie des Congolais moyens.
Pour obtenir de l’équilibre dans ce projet de budget, la société civile ne veut plus que cette question soit réservée aux seuls initiés. La Banque mondiale a mis en place le projet Profit-Congo, qui est un programme de renforcement des capacités de la société civile. Une manière de l’appuyer dans le cadre du contrôle citoyen du budget, a expliqué Saidou Diop, représentant du directeur des opérations de la Banque mondiale.
De son côté, le représentant du Comité d’orientation de la réforme des finances (COREF) estime que la préparation du budget doit intéresser tous les Congolais parce qu’il s’agit d’une décision qui concerne leur vie pendant une année. « Nous voulons avoir une participation citoyenne significative de la société civile dans la préparation du budget. Il est nécessaire que ce travail soit fait par tout le monde», a-t-il souligné. Cette société civile se dit prête à aller défendre ses propositions à l’Assemblée nationale, au Sénat et à la Commission économique et financière (ECOFIN).
Pas d’incidence sur le vécu quotidien
Pour obtenir de l’équilibre dans ce projet de budget, la société civile ne veut plus que cette question soit réservée aux seuls initiés.
Depuis l’instauration d’une politique de consolidation du cadre macroéconomique, des critiques ont été plusieurs fois formulées à l’endroit du gouvernement au sujet de l’inadéquation entre les indicateurs économiques « au vert » et le vécu quotidien des Congolais. Mais pour le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo , c’est le meilleur moyen d’agir en faveur du social. Pourtant, ce budget qui est augmenté d’au moins 11 % par rapport à 2014, ne pourra nullement opérer des profonds changements sociaux, à en croire certains économistes. Le pays peut disposer d’un budget beaucoup plus élevé, estime Blaise Kuseka, analyste économique. La RDC, avec environ 60 millions d’habitants, voire plus, devrait avoir un budget de 50 milliards de dollars, a-t-il déclaré. Il s’étonne que le pays dispose aujourd’hui d’un budget de 9 milliards de dollars alors qu’il avait une économie prospère dans les années 1970, au moment où la production du cuivre n’était que de 450 000 tonnes, alors qu’aujourd’hui, la production minière est d’un million de tonnes. « On ne sent pas la place de la production minière qui constituait le poumon de notre économie », a-t-il regretté. Le budget 2015 est constitué de 79 % des ressources internes et, à 21 %, de ressources extérieures.