La République démocratique du Congo ne semble pas être concernée par ce projet. Du moins pour le moment. Et pourtant, le projet d’émission de la monnaie électronique fait du chemin dans la région. C’est en tout cas la substance à retenir d’un rapport récemment publié par la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) sur les paiements électroniques dans la zone CEMAC en 2017 et qui souligne l’urgence d’actualiser le cadre réglementaire dans l’espace économique. Selon la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), « les acteurs de l’activité d’émission de monnaie électronique sont unanimes sur le fait que les textes actuels, en dehors du fait qu’ils restent muets sur le développement des certains services (transferts d’argent à l’international, microcrédit, micro-épargne, crowfunding, etc.), ne permettent pas de résoudre certains problèmes épineux rencontrés sur le terrain comme les modalités d’entrée en relation et l’identification de la clientèle ».
Pour justifier l’entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation, la BEAC évoque « la nécessité de corriger des manquements » jusqu’ici observées, en l’occurrence la surveillance des systèmes. Aussi, la réforme du cadre réglementaire permettra-t-elle de donner la possibilité aux établissements de microfinance de devenir des émetteurs de monnaie électronique. Une opportunité qui n’est actuellement réservée qu’aux banques classiques, en dépit du rôle important des microfinances dans l’inclusion financière sur le continent.
RDC, locomotive de la région
Une délégation de la CEEAC, conduite par sa secrétaire générale adjointe chargée du département intégration physique, économique et monétaire, Thérèse Chantale Mfoula, est venue le 12 juin à Kinshasa solliciter l’appui et l’accompagnement de la RDC dans la réalisation des projets de cette organisation en faveur de l’intégration régionale.
À l’issue d’une séance de travail avec le vice-1ER Ministre et ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale, Léonard She Okitundu, Thérèse Mfoula a fait savoir que les discussions ont porté notamment sur des projets liés à l’environnement, au commerce et aux infrastructures dont la RDC, « grand pays au cœur de l’Afrique », sera aussi bénéficiaire.
Parmi les projets intégrateurs, la secrétaire générale adjointe de la CEEAC a cité l’aménagement des routes panafricaines reliant différentes villes de la région, dont Bangui-Zongo-Kisangani-Bujumbura et Kisangani-Kampala, avec la construction d’un pont sur l’Oubangui et d’un poste de contrôle frontalier unique. Ces routes, a-t-elle dit, faciliteront le transport, le commerce et le transit des populations des pays membres de cette organisation.
La construction du pont route-rail entre Kinshasa et Brazzaville, le projet Inga 3, la navigation sur le fleuve Congo et ses affluents dont Oubangui et Sanga, ainsi que le projet Weso-Bangui-Djamena figurent parmi les projets intégrateurs qui nécessitent l’accompagnement de tous les États membres dont la RDC. La cheffe de la délégation de la CEEAC a, en outre, évoqué le non payement des contributions par les pays membres, soulignant que celles-ci constituent la ressource principale de l’organisation et que le non payement risquerait de forcer la CEEAC à fermer ses portes.
Par ailleurs, elle a affirmé que son organisation est mise au devant de la scène dans le dossier « Fonds bleu » pour rétablir le processus qui a été enclenché. « La CEEAC a été mandatée pour réunir la RDC et le Congo Brazzaville afin qu’ensemble avec les autres communautés des bassins forestiers on puisse former un lobbying face aux partenaires, puisque c’est la planète entière qui est concernée », a-t-elle déclaré. Pour elle, l’équilibre dans les forêts du bassin du Congo doit être assuré grâce aux tourbières, soulignant que la RDC qui est détentrice d’une bonne partie des forêts du bassin du Congo et des tourbières ne saurait être laissée en arrière.
Mfoula a rassuré que des consultations auront lieu avant la réunion des partenaires des forêts du bassin du Congo prévue en octobre prochain à Bruxelles. « Des consultations auront lieu pour redonner à la RDC la position qu’il lui faut », a-t-elle dit, affirmant qu’il n’y aura pas d’avancées tant que le processus ne sera pas enclenché.
« Nous espérons qu’il y aura une perceptibilité du côté de la RDC face à la démarche qui sera effectuée dans les prochains jours », croit-elle.Pour sa part, Léonard She Okitundu a soutenu que la République du Congo doit faire le premier pas vers la RDC en ce qui concerne le Fonds bleu, étant donné que cette dernière occupe la partie la plus importante du bassin du Congo. Il a rassuré ses hôtes du soutien de la RDC, affirmant que la CEEAC est une grande organisation sous-régionale qu’on ne doit pas négliger.
Pour ce qui est du projet « Pont route- rail entre Kinshasa et Brazzaville », le chef de la diplomatie congolaise a relevé que ceci est un « problème hautement politique » qui nécessite une solution politique, avant de faire remarquer que la province du Kongo-Central vit du port de Matadi et qu’elle risque d’être pénalisée avec la construction de ce pont.