Plus de 150 employés (dont 80 à Kinshasa) ont été contraints à arrêter le travail le 5 mai. La mesure a frappé indistinctement toutes les catégories, du cadre supérieur à l’ouvrier. Un ouvrier a raconté à Business et Finances dès le matin, personne n’était autorisé à entrer dans l’enceinte de l’entreprise. Il fallait attendre une communication de la direction de l’entreprise. Au cours d’un rassemblement circonstanciel, la direction des Ressources humaines a annoncé au personnel la mesure d’assainissement prise par la direction. Elle se justifierait par la baisse progressive de la rentabilité à cause des charges fiscales écrasantes, rendant difficile le climat des affaires en RDC. Chaque employé été prié de consulter la liste des agents assainis, qui se sont ensuite présentés à la direction de la paie pour percevoir leur solde de tout compte. Selon le personnel licencié, la procédure compte beaucoup d’irrégularités. Cela a poussé ceux qui se sont estimés lésés à recourir à des cabinets d’avocats pour faire respecter la totalité de leurs droits. Un membre de la délégation syndicale se dit surpris par l’ampleur de l’assainissement décidé par la direction. «Il y avait mieux à faire» insiste-t-il. La mesure n’a touché que les employés congolais. Pourtant, les salaires de la quarantaine d’expatriés pris individuellement peuvent payer ceux de 10 à 15 employés locaux. « L’ampleur de cet assainissement pouvait être amoindrie si elle avait aussi touché les expatriés», souligne le délégué syndical. Il stigmatise au passage, une mauvaise affectation des bénéfices de l’entreprise qui alloue, par exemple, au marketing et à la communication, plus de la moitié du budget de fonctionnement. Il épingle également certaines orientations de la direction des Ressources humaines qui crée des frustrations au sein du personnel en payant, par exemple, aux stagiaires des primes au-dessus des rémunérations mensuelles de certains employés qui peuvent faire valoir leur ancienneté et leur expertise. Pour le délégué syndical, il y a manque de sincérité de la part de la direction de la société car la production, les prix des produits et services de l’entreprise ne sont pas menacés. La Bralima est l’une des plus anciennes brasseries en service en RDC. Installée depuis 1921, elle commercialise l’une des bières les plus aimées du public, la Primus, sans compter une gamme variée de boissons d’autres marques tout aussi populaires comme la Turbo King, la Mützig, les boissons gazeuses. La société compte plusieurs sièges d’exploitation à Kinshasa, Kisangani, Mbandaka, Mbuji Mayi et dans le Bas-Congo. Des études de faisabilité sont très avancées pour installer d’autres unités de production dans les Kivu en vue de contrer la percée des bières produites dans les pays voisins.