La Chine plus déterminée à collaborer avec les pays africains

La stratégie à adopter pour accompagner la transformation économique de l’Afrique a été au centre d’un grand débat au « forum Investir en Afrique: Nouer des partenariats pour accélérer l’investissement, l’industrialisation et les résultats en Afrique », organisé dans la capitale éthiopienne. 

La Chine se démarque de plus en plus dans sa volonté d’accompagner la transformation économique des pays africains par des grands investissements. Cette détermination s’est encore affichée au dernier forum tenu à Addis-Abeba, en Éthiopie, du 30 juin au 1er juillet, qui a réuni les acteurs chinois et africains des secteurs public et privé, les représentants des institutions régionales, les partenaires au développement et les groupes de réflexions. La République démocratique du Congo  était  représentée par Henri Yav Mulang, ministre des Finances. Le forum était organisé conjointement par le gouvernement éthiopien, la Banque chinoise de développement, le Fonds de développement Chine-Afrique, le Groupe de la Banque mondiale et l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI). Hailemariam Desalegn, Premier ministre éthiopien, qui a inauguré le forum, a présenté le plan mis en place par son pays pour devenir la plateforme industrielle de l’Afrique. Pour sa part, Xu Shaohua, vice-gouverneur de la province chinoise de Guangdong, a annoncé la tenue de la prochaine édition du forum, en 2016, dans sa province.

Investissement, industrialisation, création d’emplois

Les discussions ont porté sur les mesures à initier pour attirer plus d’investissement en Afrique, l’accélération de son industrialisation, la création de plus d’emplois ainsi que sur la promotion du développement durable. Les échanges ont permis à tous les participants d’avoir un débat ouvert sur les mesures concrètes à mettre en œuvre pour activer l’industrialisation et la production manufacturière. Entre autres, les pays africains doivent rapidement répondre aux besoins en infrastructures et améliorer les chaînes logistiques commerciales. L’accent a été mis sur le climat des investissements favorables au développement ; le renforcement des compétences nécessaires au maintien d’une croissance portée par le secteur privé ; et la multiplication des investissements en faveur des populations rurales dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaire.

Il était aussi question de la création des zones économiques spéciales et de leur bon fonctionnement. À ce sujet, Henri Yav Mulang a partagé l’expérience de la RDC en matière de zones économiques spéciales en parlant de la zone économique spéciale de Maluku et du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo.

Pour lui, cette expérience est l’un des leviers importants pour accélérer l’industrialisation de l’économie congolaise. Il a relevé l’instauration d’un cadre légal et institutionnel pour attirer davantage et sécuriser les investisseurs privés.

D’après lui, l’initiative en cours vise la diversification de l’économie congolaise fondée particulièrement sur les industries extractives qui ne génèrent pas d’emplois. L’État, a-t-il indiqué, est présentement en phase de finaliser le processus d’indemnisation des personnes affectées par l’occupation des espaces en faveur des Zones économiques spéciales.

La Chine comme exemple à suivre en Afrique

La liberté d’élaboration de la stratégie par rapport aux spécificités locales est reconnue à tous les pays. Néanmoins, tous ceux qui ont participé au forum ont souligné l’importance d’apprendre et de s’inspirer de l’expérience économique chinoise. « Lorsque la Chine a commencé son industrialisation, elle se trouvait dans une situation économique comparable à celle de nombreux pays africains aujourd’hui. Sa stratégie réaliste de développement économique axée sur le long terme, s’est essentiellement appuyée sur le renforcement de l’enseignement et de la formation professionnelle, sur le développement des infrastructures et de l’industrie agroalimentaire, sur l’augmentation de la productivité agricole, des salaires des petits exploitants et de la sécurité alimentaire, ainsi que sur une industrialisation basée sur de l’industrie légère fortement demandeur en main-d’œuvre », selon un communiqué de la Banque mondiale.

Les participants ont appris que la Chine a aussi créé des zones économiques spéciales pour tester les réformes économiques avant de les appliquer à tout le pays. Pékin a ouvert son économie aux investissements étrangers et l’a dotée de technologies modernes et de compétences adaptées à son développement.

Plus d’investissements chinois en Afrique

La Chine et certains pays africains ont profité du forum pour franchir une nouvelle étape de leur partenariat qui tient compte de l’expérience qu’à chaque pays et des enseignements qu’il a tirés. Tous les participants étaient d’accord que la Chine offre une opportunité à l’Afrique en donnant la possibilité, avec le changement de cap de son économie, au développement d’une main-d’œuvre qualifiée et au secteur des services. Si l’Afrique met en œuvre des bonnes politiques publiques et favorise un bon climat d’investissement inclusif, elle sera la région idéale pour des nouveaux financements qui permettraient le développement de son industrie manufacturière et de sa production agricole. La Chine compte investir beaucoup à l’étranger. En outre, elle incite les entreprises privées des secteurs manufacturier et agroalimentaire à délocaliser leur production. En ce qui concerne la planification et l’exécution des investissements publics, les participants ont relevé la nécessité d’une coordination avec les acteurs du secteur privé, pour renforcer leur impact.

Pour les participants, l’Afrique dispose d’un grand avantage comparatif avec sa jeunesse et l’émergence d’une classe moyenne pour accélérer l’investissement et l’industrialisation. Nombreux sont les pays africains qui ont noué de nouveaux partenariats avec la Chine à cause des coûts salariaux compétitifs et un accès facile aux marchés. Cela leur a permis d’accueillir des industries manufacturières qui ont choisi de délocaliser leur production.

Mesures d’accompagnement

Le ministre des Finances chinois a annoncé la création d’un Fonds fiduciaire à la Banque mondiale en faveur du développement des infrastructures, en particulier dans les pays africains. D’autre part, il a indiqué l’établissement d’un groupe de réflexion sur l’investissement en Afrique, constitué de la Chine, de la Banque chinoise de développement et du Groupe de la  Banque mondiale. À la grande satisfaction de tous, un protocole d’entente a été signé entre la Banque chinoise de développement et l’ONUDI pour la mise à profit de leurs ressources et leurs compétences afin de renforcer leur collaboration particulièrement, en Afrique.