Le sixième sommet Chine-Afrique est terminé. On en retiendra l’annonce d’une aide chinoise de 60 milliards de dollars, principalement sous forme de prêt sur trois ans, destinée à financer le développement du continent. Mais il a également été question de sécurité. Le président chinois Xi Jinping et une trentaine de leaders du continent ont appelé à la résolution des conflits du continent par les Africains. Pékin a promis de soutenir les efforts de paix de l’Union africaine.
La Chine s’est engagée à lutter pour la paix et la sécurité sur le continent, donnant des assurances qu’elle soutiendra les efforts de paix des Africains. Pékin a notamment promis 60 millions d’euros d’aide pour soutenir les efforts de paix de l’Union africaine. Un engagement salué par le président sud-africain, Jacob Zuma, partisan de longue date de solutions africaines aux problèmes africains : « Vous vous êtes engagés auprès du Conseil de sécurité de l’ONU à apporter une assistance matérielle pour des missions africaines de maintien de la paix dirigées par des Africains. Vous avez dit que la puissance militaire de la Chine serait utilisée pour la paix, pour éviter des guerres et soutenir des pays vulnérables. »
Hantés par le terrorisme, Libye et Nigeria saluent l’engagement chinois
Promesse également bien accueillie par le Nigeria et son président Muhammadu Buhari, dont le pays est en proie au groupe terroriste Boko Haram : « Boko Haram a déclaré allégeance à l’organisation de l’Etat islamique, ce qui leur donne une stature effrayante, en termes de ressources financières et matérielles auxquelles ils vont avoir accès. Donc, il faut que nous nous regroupions afin de les combattre », a-t-il déclaré. Autre pays à saluer l’engagement de la Chine en matière de sécurité : la Libye, déstabilisée par une guerre civile et l’arrivée de groupes terroristes. Mohamed Dayri, le ministre des Affaires étrangères, espère que l’engagement de Pékin va aider : « les pays riverains de la Libye et la communauté internationale représentée surtout par les 5+5, les cinq pays membres permanents, plus l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne, sont tous intéressés à voir un gouvernement d’union nationale installé à Tripoli de manière à ce que nous puissions nous engager dans la voie de la lutte contre le terrorisme en Libye. »
Terrorisme qui « va grandissant », poursuit le ministre avec l’expansion du groupe EI en Libye, mais aussi avec « des mouvements africains qui viennent » pour y établir une jonction : « nous craignons que la Libye ne soit le théâtre futur de risques que pose Daech à la Libye, aux pays voisins et à l’Europe. » Les préoccupations des Libyens sont multiples, indiquent-il encore : « il y a d’autres priorités pour ce gouvernement : l’économie chancelante, des déplacés internes, il y a plus d’un million de réfugiés en Tunisie et en Egypte. Nous avons beaucoup à faire, mais je pense qu’un gouvernement d’union nationale est une condition sine qua non pour que la communauté internationale nous aide, et là je vois un engagement réel, sincère », se réjouit Mohamed Dayri.
Un continent bénéfique aux investisseurs internationaux, expliquent les pays africains concernés
La Chine est engagée militairement sur le continent depuis le début de cette année. Ainsi au Soudan du Sud. Indépendant depuis tout juste quatre ans, peinant depuis à se développer, le pays est en proie à une guerre civile. Plus de 700 soldats chinois y sont déployés dans le cadre d’une mission de maintien de la paix de l’ONU. Pour Barnaba Marial Benjamin, ministre des Affaires étrangères du Soudan du Sud, la Chine a tout à gagner à investir dans le pays : « Nous appelons le Soudan du Sud le territoire vierge de l’Afrique, parce que notre pays a d’énormes ressources. 40 % du pétrole importé par la Chine provient du Soudan du Sud. Nous avons un potentiel agricole énorme, de nombreux minerais et du bétail. Et tous ces secteurs ont besoin d’investissement et de développement. Donc sur le long terme, la Chine a beaucoup à gagner de notre pays. Mais ce dont nous avons besoin immédiatement, c’est d’infrastructures, et notamment construire des routes. Les Chinois disent toujours, si vous voulez devenir riche, il faut construire des routes. Et donc si la Chine veut profiter de ces richesses, il faut qu’elle coopère avec le gouvernement en place pour développer ces ressources. C’est pour cela que notre président a également appelé les entrepreneurs africains, pas seulement les Chinois, à venir investir au Soudan du Sud, car la paix est arrivée. »
C’est exactement les propos du président du Kenya, Uhuru Kenyatta, lui aussi sensible à la générosité chinoise qui favorisera le développement des infrastructures mais aussi de l’éducation. C’est une bonne chose, explique-t-il, « pas juste pour les investissements chinois, mais pour tous les investisseurs étrangers.
Je pense que justement cela fait partie de ce que nous essayons de faire, développer nos infrastructures, rendre l’éducation, notamment technique, prioritaire pour que nos jeunes, notre main-d’œuvre, atteignent un niveau de qualification requis par la communauté internationale. Nous faisons partie d’un continent qui se prépare à l’arrivée d’investissements extérieurs. Et cela a déjà commencé, pas juste au Kenya, mais aussi au Nigeria, en Ouganda. Il y a un intérêt croissant pour investir en Afrique, et cela ne vient pas juste des Chinois, mais du monde entier. »