Les résultats, récemment accumulés au niveau économique et dans le secteur de la gouvernance, sont, certes, porteurs d’espoirs. En dépit de cela, l’édifice reste fragile et peut s’écrouler à tout moment, si des mesures d’encadrement adéquates ne sont pas appliquées.
Au terme d’une dizaine d’années de réformes dans divers secteurs, le pays est en train de connaître, essentiellement au niveau des macro-agrégats, des améliorations très significatives. Ces transformations encourageantes ont poussé un certain nombre d’organismes spécialisés, à travers le monde, à formuler des recommandations fortes afin que la RDC maintienne et renforce ce cap. C’est ainsi que, dans sa note indicative du mois de mai dernier, Moody’s Investor Service (Moody’s) constatait que le taux de croissance nationale et les indices positifs de gouvernance sont des indicateurs fort prometteurs. S’ils sont suffisamment capitalisés, ils peuvent amener à une amélioration du train de vie de la population.
Deux acquis fondent ces espoirs : les importants investissements étrangers dans le secteur minier et l’augmentation à terme de la consommation intérieure. Dans ce même cadre, le taux de croissance macro-économique devrait passer de 8,6 %, cette année, à au moins 10,2 % au cours de la période 2015-2016. Cette même amélioration est remarquée au niveau de la gouvernance. Plusieurs outils de travail, très pertinents, ont été adoptés et sont devenus opérationnels. C’est le cas, notamment, de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) et de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA).
Performances macro-économiques et extrême pauvreté
Toutefois, d’autres paramètres attestent que ces éclaircies n’ont pas encore contribué à améliorer le niveau de vie de la population. La majorité des Congolais, soit 70 % des habitants du pays, vit en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins d’un dollar par jour. La République démocratique du Congo occupe la dernière place, avec le Niger, dans le classement de l’Indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). En 2013, son PIB par habitant était de 422 dollars, demeurant à la queue des pays côtés par Moody’s et restant le plus bas en Afrique subsaharienne.
Pour cette agence de notation, la quote souveraine B3 accordée à Kinshasa n’est qu’« une actualisation au regard des marchés et non une notation en tant que telle.» Il y a des situations critiques à éviter, pour qu’un dérapage ne vienne balayer les résultats positifs accumulés. C’est, entre autres, une dévaluation incontrôlée du franc congolais qui pourrait vider les réserves de change et rendre vulnérables l’économie et le gouvernement, une forte baisse des prix des principales matières premières exportées, une résurgence des hostilités dans l’Est du pays, et une détérioration importante de l’équilibre fiscal.
C’est dans ce sens qu’il faut développer des mécanismes forts, susceptibles d’éviter l’éventuelles poussées négatives, présentes dans l’environnement, de fragilité économique et de faiblesse institutionnelle. Plusieurs acquis doivent être consolidés : les importants investissements étrangers dans le secteur minier induisant des recettes budgétaires conséquentes, l’augmentation des réserves de change et des réserves financières afin de minimiser tout choc externe négatif sur l’économie nationale, le renforcement des institutions nationales, l’accélération des réformes fiscales et structurelles, ainsi que le renforcement des dépenses pour l’amélioration des infrastructures nationales, en priorité dans les secteurs de la production de l’électricité et du réseau des transports.