Il ne se passe pas un seul jour sans interpellation dans les différents sous-commissariats (Sous-Ciat) de la police dans la capitale, du moins dans les quartiers réputés chaudement boute-en-train ou coupe-gorge de Kinshasa, comme Mombele à Limete, Citas ou Mozindo à Barumbu, Singa Mopepe et Pakadjuma à Lingwala… Ce n’est un secret pour personne que tout incident ou conflit ayant nécessité le recours ou l’intervention de la police aboutit à une amende, bien souvent à la tête du client.
On ignore que la Police nationale congolaise (PNC) est un service d’assiette au même titre que les ministères des Finances, de l’Économie, des Mines et du Budget. La PNC est censée verser des recettes qu’elle perçoit au titre d’amendes auprès de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et des participations (DGRAD). En 2015 et 2016, les recettes de la PNC n’ont pas dépassé 10 % des assignations. La Police spéciale de roulage (PSR) n’a versé qu’un peu plus de 190 millions de francs sur plus de 2 milliards attendus en 2015 et environ 242 millions de francs pour des assignations de 2,8 milliards en 2016. La police territoriale, en dépit de la multitude de Sous-Ciat, particulièrement à Kinshasa, n’a pas dépassé, ces deux dernières années, 4 % de ses assignations. Juste 110,7 millions de francs sur 3,3 milliards en 2015 et 140,7 millions de francs sur 3,2 milliards en 2016…
Des recettes jugées insignifiantes par la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et des participations. Qui a déploré l’absence de ses agents au sein des Sous-Ciat pour encadrer les recettes de la PNC, lit-on dans un document du ministère du Budget relatif au projet de loi des finances 2017, intitulé « Document n°4, Analyse explicative des prévisions des recettes de l’exercice 2017 ». Les assignations de la police nationale pour l’exercice 2017 sont de l’ordre de 24 013 373 949 francs, soit environ 16 millions de dollars, dont plus du tiers proviendrait des amendes transactionnelles.
Selon des sources bien introduites à la DGRAD, la Police nationale congolaise n’a pas encore donné suite à la recommandation de la régie financière. Vouloir forcer la porte des containers de la police n’irait pas sans conséquences fâcheuses. L’opinion se souviendra de l’infortune de cet agent de la DGRAD éconduit sans ménagement, tel un intrus, du stade des Martyrs alors qu’il était venu recouvrer les recettes des rencontres de football. Pour rappel, le 17 juillet, sur ordonnance présidentielle, contresignée par le 1ER Ministre, Bruno Tshibala, le général Célestin Kanyama a cédé le commandement de la PNC/Kinshasa au général Sylvano Kasongo, qui était jusque-là en charge de la garde rapprochée des VIP. L’opinion se souviendra qu’il a eu maille à partir, début avril, avec l’alors 1ER Ministre, Samy Badibanga Ntita, sur une affaire des véhicules de la primature.
Dans l’entre-temps, le climat des affaires s’est considérablement détérioré dans la capitale, après l’assassinat en plein midi au Grand-Marché de Kinshasa, de son administratrice et de son garde du corps. L’action du gouvernement dans le secteur de la police vise la poursuite des efforts de sécurisation des personnes et de leurs biens afin d’éradiquer la délinquance juvénile en milieux urbains, dixit l’actuel 1ER Ministre.
Le projet de loi de finances 2017 prévoit un budget du secteur de sécurité de 477 288 601 488 francs, soit autour 320 millions de dollars (au taux de 1 500 FC/USD). Ce budget est en croissance de 31,35 % par rapport à celui de 2016, qui était de 327 654 670 600 francs. L’une de chaînes de télé les plus populaires de la place revient au quotidien sur des cas de fameux « kuluna » mis aux frais mais aussitôt remis en liberté moyennant, dit-on, paiement d’une caution considérable. Où va cet argent ?