La diplomatie congolaise veut présenter un nouveau visage

Six nouveaux diplomates ont été nommés lundi 6 juillet 2015 pour représenter la RDC. Le président Joseph Kabila a porté son dévolu sur Charles Okoto, nommé ambassadeur en Chine. Avant sa nomination, Charles Okoto était ambassadeur de la RDC en Ouganda. Il avait auparavant dirigé la Société minière de Bakwanga (MIBA) qui produit des diamants, après avoir assumé les fonctions de ministre des Affaires étrangères sous Laurent-Desiré Kabila.

Ancien ministre des Mines sous le régime du Maréchal Mobutu, Symphorien Mutombo Bakafwa Nsenda hérite du poste d’ambassadeur au Brésil. Zeno Mukongo Ngay a été nommé représentant permanent de la RDC auprès de la Commission des Nations unies à Genève, en Suisse. Xavier-Honoré Taty devient ambassadeur au Tchad; Alexis Manganya Mandoa est nommé au Maroc et René Ilume Tembele prend la tête de la mission diplomatique congolaise au Soudan du Sud.

Ces nominations interviennent au moment où la diplomatie congolaise se remet lentement de sa longue léthargie. Plusieurs défis sont encore à relever. La gestion des représentations diplomatiques congolaises à l’étranger a toujours posé problème depuis plusieurs années. Parmi les cas évoqués, on cite le rapatriement des diplomates rappelés et en fin de carrière, l’affectation de nouveaux diplomates ; le paiement des arriérés des loyers et salaires; l’augmentation du budget des ambassades ; la réhabilitation des immeubles, l’acquisition et la fermeture de certaines ambassades ; le paiement des contributions aux organisations internationales et l’affectation des Congolais dans les organisations internationales, sans oublier l’augmentation des salaires des fonctionnaires de la Centrale.

La diplomatie était également minée par les ventes illégales d’immeubles et la corruption. La RDC compte actuellement 69 immeubles répartis dans 66 postes diplomatiques et consulaires dont 52 en Afrique, 5 en Asie et Moyen-Orient, 3 en Amérique et 9 en Europe. Des immeubles de l’État ont fait l’objet de spoliation et de ventes illicites de la part de certains diplomates, sans l’autorisation préalable du gouvernement. Certains États ont aussi exproprié la RDC, à la suite d’actions judiciaires.

La nouvelle politique gouvernementale consiste à aligner les ambassades suivant une catégorisation tenant compte « de la Real Politik et de la dynamique d’un monde en perpétuelle mutation », selon un ancien diplomate. Ainsi, les pays limitrophes ont été classés en ordre utile afin d’assurer une « ceinture de sécurité ». Les 5 pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et les pays jouissant d’une géopolitique garantissant la sécurité de la RDC talonnent les pays voisins dans la catégorisation. Les pays à économie forte et les pays émergents et les missions permanentes, sièges des organisations internationales ainsi que les pays avec lesquels la RDC a des liens historiques et sociopolitiques ferment la liste.

Le budget alloué à la diplomatie ce secteur n’a jamais été respecté. C’est le cas en 2013. Pour les besoins exprimés de plus de 148 milliards de francs, le Trésor public avait décaissé en 2013 37 milliards, soit 25% du montant sollicité pour l’exercice concerné, afin notamment de rapatrier 515 familles de diplomates, dont 251 rappelés, 169 fin termes, 73 familles de diplomates décédés et de 22 ambassadeurs.

Ce montant concernait l’affectation de 214 nouveaux diplomates (1,9 million  de dollars), celle de 36 nouveaux ambassadeurs nommés, les arriérés des loyers et les salaires des diplomates ainsi que les différentes dettes (40 millions de dollars), le recrutement de 200 jeunes universitaires (222 millions de dollars).

Malgré la modicité des allocations, les salaires des diplomates ont été améliorés de 50% et des arriérés de salaires épongés. La dynamique actuelle, tournée vers le rajeunissement du personnel, vise à faire du corps diplomatique un modèle de compétence, de polyvalence, d’intégrité morale et de patriotisme. Les diplomates sont appelés à passer à l’apprentissage obligatoire d’une ou deux langues supplémentaires utiles à l’insertion du diplomate dans le milieu de sa fonction.