Le Forum Expo Café-Cacao qui s’est tenu du 18 au 20 juin à Kinshasa a accouché d’un chapelet de recommandations qui vont au-delà de la filière. Les participants ont donc proposé, notamment la réduction de tiers le taux des taxes (taxe rémunératoire annuelle, taxe de pollution et taxe d’implantation) perçues par les services de l’environnement ou encore la révision à la baisse du taux d’impôt minimum sur les sociétés à vocation agricole. La Fédération des entreprises du Congo (FEC) a par exemple sollicité la suppression de toutes les autres perceptions illégales exigées par les services autres que ceux habilités à prester aux postes frontaliers. Elle a aussi demandé que soit amendé l’article 16 de la loi portant sur les principes fondamentaux relatifs à l’agriculture et que soient adoptées les mesures d’application y afférentes.
Les participants ont également proposé la création d’un comité de suivi et la mise des moyens financiers, sécuritaires et logistiques conséquents à sa disposition. Ils ont aussi sollicité du gouvernement, notamment la budgétisation dans la loi de finances des ressources dudit comité de suivi. Tout comme la relance du financement des campagnes agricoles, le bannissement des tracasseries administratives en respectant les dispositions légales en la matière, la lutte contre la fraude en identifiant tous les postes frontaliers et frontières qui favorisent ladite fraude, l’implantation des tribunaux de commerce et d’autres structures de facilitation et d’encadrement des investisseurs et des investissements dans les aires de production des café et cacao, ainsi que l’allocation au secteur agricole des fonds de contrepartie issus des aides alimentaires.
Faire mieux que la Côte d’ivoire
Albert Yuma Mulimbi, le président de la FEC, a fait remarquer que la République démocratique du Congo avait les capacités d’exporter plus que la Cote d’Ivoire en café et en cacao. À ce jour, les statistiques indiquent que les exportations du pays s’élèvent seulement à 11 000 tonnes de café par an alors que l’Ouganda, par exemple, produit 230 000 tonnes de café avec des recettes atteignant plus de 700 millions de dollars.
Selon le président de la FEC, cette situation engendre chaque année une perte de revenu d’environ de 235 millions de dollars, comme manque à gagner important pour l’économie congolaise. En rappel, il a souligné que dans les années 1970 et 1980, les exportations de café de la RDC atteignaient près de 120 000 tonnes. Elles se sont effondrées pendant les vingt dernières années pour atteindre 8 919 tonnes en 2010 pour une recette d’exportation de plus ou moins 17 millions de dollars.
Emmanuel Rwakagara, le président du Comité des exportateurs de café-cacao à la FEC, a, pour sa part, fait savoir que la stratégie de relance des filières café-cacao en RDC couvre l’ensemble des composantes de la chaîne de valeur, à savoir la recherche, la vulgarisation, l’encadrement, la production, la transformation, l’usinage, la commercialisation, la torréfaction et l’exportation.
Cette stratégie, a-t-il ajouté, permettra de générer des recettes en milieu rural mais également tout au long de la chaîne de valeur. Elle permettra, par conséquent, la création de nombreux emplois à tous les niveaux des filières.
Des frais prohibitifs
D’après Albert Yuma, « il est évident que les prélèvements des frais et taxes illégaux sur les exportations dans les provinces frontalières notamment au Kivu et en Ituri, rendent moins compétitifs les exportateurs au niveau d’achat auprès des planteurs par rapport à ceux des pays voisins dont les frais à l’exportation de café ne dépassent pas 1 % FOB et ayant des infrastructures qui leur facilitent l’exploitation. Les énormes disparités à ces points favorisent la contrebande massive du café et du cacao de la RDC.
En plus, les exportations officielles souffrent des frais très élevées par rapport au pays voisins dans les domaines de transport, et de banque et assurance.
Sur les 38 000 tonnes de café produits en 2016, seules 9 000 tonnes ont été exportées officiellement. Et sur 4 500 tonnes de cacao produites la même année, seules 1 400 tonnes sont sorties de la RDC par des voies légales. Et en ce qui concerne la production, la recherche, la transformation et les infrastructures, les participants au Forum Expo café-cacao ont recommandé une « coopération plus active » entre la filière et l’INERA pour la multiplication des pépinières de proximité, le recensement des plantations existantes et leurs propriétaires, la création de nouvelles plantations par l’usage du matériel végétal de multiplication à haut rendement, le préfinancement des campagnes de café et de cacao, l’entretien des routes de desserte agricole.