ARRIVÉ à échéance fin juin, le contrat SCTP-Bolloré n’a pas été reconduit par le gouvernement. « La fin de collaboration permettra de récupérer plus de 2,2 millions de dollars [l’an, Ndlr] consacrés à la manutention de différents containers dans le port de Matadi », a confié Daniel Mukoko Samba, le directeur général de la Société commerciale des transports et des ports.
L’entreprise publique dispose depuis quelques semaines des neuf autogrues grâce auxquelles elle peut se prévaloir d’une certaine autonomie sur le chargement des containers sur les véhicules.
Déchargement des navires
« Aujourd’hui, nous pouvons dire qu’après plusieurs années nous avons enfin une capacité interne de manutention. Une autogrue coûte plus au moins 600 000 dollars. Et grâce à l’acquisition de ces engins, la SCTP va conserver plus au moins 200 000 dollars le mois, le montant que nous étions contraints de payer au groupe Bolloré », a déclaré, d’un air réconforté, Daniel Mukoko Samba.
La prochaine étape consistera, a-t-il laissé entendre, en l’acquisition des grues de déchargement des navires et la poursuite de la modernisation du port de Matadi. « On fait la manutention dans le navire et à terre. Aujourd’hui, nous avons des difficultés avec nos grues de quais qui datent des années 40 ou 50. Nous faisons recours aux grues des navires pour le déchargement des marchandises. C’est le problème qui nous reste », souligne le DG de la SCTP.
Et d’ajouter : « Le deuxième problème est d’avoir un terminal de bonne qualité avec très peu de nids de poule. Nous devons aussi avoir un système de gestion informatisé du parc à containers pour permettre de les gérer facilement et cela va permettre de gagner du temps aux armateurs et aux clients. Nous avons aussi des problèmes sur les voies de sortie ». Pour le moment, la SCTP a une seule voie de sortie et travaille pour avoir une deuxième voie de sortie. Dans l’ensemble, le management de l’entreprise travaille pour relever tous les défis.
Redevance logistique terrestre
Après de laborieuses entrevues entre Vicky Katumwa, la présidente du conseil d’administration, et Bruno Aubert Tshibala, 1ER Ministre, la SCTP a reçu du gouvernement le gage d’utiliser 30 millions de dollars sur les recettes réalisées à travers la redevance logistique terrestre (RLT). Mais, selon la mouvance syndicale, les recettes réalisées antérieurement ne seraient plus disponibles, par conséquent la SCTP devrait plutôt mobiliser les 30 millions de dollars à travers la RLT.
Mi-2015, lorsque Jean Kimbembe Mazunga, l’ancien directeur général entrait en fonction, l’intersyndicale de la SCTP estimait les fonds issus de la redevance logistique terrestre à environ 40 millions de dollars. Elle a été établie par un arrêté interministériel du 1er septembre 2012 au profit exclusif de la SCTP. Entrée en vigueur en février 2013, la redevance est payée au guichet unique en raison de 140 dollars par conteneur de 20 pieds à l’import et 85 dollars à l’export.
Mais le gouvernement va unilatéralement la réorienter vers certaines banques privées.
On en est resté là. Selon des sources dignes de foi, une commission bipartite entre les délégués du gouvernement actionnaire unique de l’entreprise et ceux de la SCTP devrait être mise en place pour établir une feuille de route qui permettra de trouver des solutions adéquates aux différents problèmes que connaît l’ex-ONATRA.
La mouvance syndicale de la SCTP s’était, toutefois, opposée à tout rapprochement avec le groupe français Bolloré, redoutant qu’il ne préjudiciât les intérêts de ports de Boma et de Matadi au profit de Pointe-Noire que Bolloré gère déjà comme une entité portuaire autonome. Bolloré envisageait également de reprendre comme entité à part entière le chemin de fer Matadi-Kinshasa. Refus catégorique de la direction générale et du bureau syndical de la SCTP.