EN DÉPIT des exportations des matières premières stratégiques (lithium, cobalt, niobium) qui vont crescendo, la République démocratique du Congo n’a pas été mise en exergue comme un pilier de la croissance en Afrique centrale. Au contraire, la Banque africaine de développement (BAD) table sur la hausse du prix du pétrole pour booster la croissance au cœur du continent. Paul Tasong, le ministre camerounais du Plan, et Ousmane Doré, gouverneur de la BAD pour l’Afrique centrale, ont rehaussé de leur présence la cérémonie de lancement, début avril, de l’édition 2019 des rapports sur les perspectives économiques en Afrique centrale, en particulier, et en Afrique en général. Des hauts responsables gouvernementaux, d’organisations régionales, des partenaires au développement, des délégués de la société civile et du secteur privé ont également pris part à cette cérémonie.
Pour sa part, Paul Tasong a salué l’initiative de la BAD, dont les rapports mettent en évidence les défis économiques et sociaux à relever en Afrique centrale, tout en présentant des recommandations précises pour améliorer les performances de la région. Quant à lui, Ousmane Doré, a rappelé que les rapports de la BAD dressent les performances et les perspectives économiques du continent. Et de souligner : « Les commentaires reçus des participants vont enrichir les débats sur l’intégration, un des piliers des High5 ». Par ailleurs, Solomane Koné, le responsable-pays, a souligné la pertinence des rapports qui « informeront davantage les autorités du pays sur nos opérations à la BAD.
Intégration régionale.
La thématique véhiculée par ces deux rapports complémentaires, porte sur « l’intégration régionale ». Le rapport sur les perspectives économiques régionales porte plus spécifiquement sur le rôle de l’intégration dans la réduction des facteurs de fragilité à travers la transformation structurelle des économies de l’Afrique centrale. Les rapports examinent les évolutions macroéconomiques récentes en Afrique et dans la région d’Afrique centrale, et en dégagent les perspectives à court terme pour les années 2019 et 2020. Ils exposent l’état d’avancement de l’intégration régionale et la situation de fragilité dans cette région, couvrant sept pays – Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, République démocratique du Congo et Tchad.
Dans son exposé sur les perspectives économiques en Afrique, Ferdinand Bakoup, le directeur par intérim du département économies-pays à la BAD, a souligné qu’une « intégration régionale effective en Afrique permettrait de stimuler l’essor des marchés nationaux au niveau continental, d’accroître les flux commerciaux et d’investissements, d’atténuer les déficiences institutionnelles et infrastructurelles et d’impulser une transformation structurelle ».
Le rapport sur les perspectives régionales, quant à lui, indique qu’en 2018, la région Afrique centrale a connu une accélération de la croissance, comparativement à 2017, avec un taux moyen de 2,2 %, contre 1,1 % en 2017. La croissance économique de la région a été principalement soutenue par le rebond observé des prix des matières premières, principalement le pétrole.
Hausse du PIB attendue
Dans son exposé, Hervé Lohoues, économiste régional en chef pour l’Afrique centrale, fait observer que les perspectives de croissance indiquent des hausses attendues du PIB réel de 3,6 % et 3,5 %, en 2019 et 2020 respectivement. « Pour la réalisation de ces projections, la région dispose d’opportunités dont elle pourrait profiter, notamment la croissance de l’économie mondiale, la hausse des prix du pétrole, les réformes macroéconomiques engagées dans les pays de la région et ses richesses naturelles », explique-t-il. Et d’ajouter : « En revanche, la région devra aussi relever certains défis, entre autres, la situation sécuritaire, le besoin de diversification des économies, l’amélioration du climat des affaires et de la gouvernance, ainsi que le développement du capital humain.
La fragilité de l’Afrique centrale est caractérisée par un contexte sécuritaire volatile et une instabilité politique, résultant de l’éclatement de plusieurs conflits multiformes, notamment pour le contrôle des richesses naturelles. Ces conflits ont été exacerbés par la faible capacité des États à faire face aux problèmes d’insécurité et de reconstruction, le niveau élevé de pauvreté des populations et le déficit de gouvernance.
Réduire la fragilité
Dans la perspective souhaitée de transformation structurelle soutenue par l’intégration régionale, l’Afrique centrale pourrait s’appuyer, selon les rapports, sur les piliers suivants : réduire la fragilité et renforcer la résilience ; accélérer la diversification économique des États membres pour réduire la fragilité induite par les chocs exogènes ; développer le système financier pour promouvoir la finance inclusive et l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Il s’agit également de renforcer l’état de droit, la connectivité des infrastructures d’énergie, de transport et de TIC. Autre point important, la mutualisation des forces entre États dans la formation du capital humain et la valorisation de leurs avantages comparatifs mais aussi l’accélération des conditions de mise en œuvre de la future zone de libre-échange continentale (ZLEC).
Un panel de discussions a permis aux responsables de la BAD, responsables ministériels et représentants d’organisations sous-régionales de partager leurs expériences, d’enrichir les débats sur les deux rapports et de répondre aux questions de la presse.