Ce coup de balai marque une première étape vers une enquête approfondie sur les activités de cette entreprise éclaboussée à maintes reprises par des scandales de corruption.
Il l’avait promis pendant la campagne électorale. Une fois élu, il a tenu sa promesse. Le président nigérian Muhammadu Buhari a décidé, le 26 juin, de dissoudre le conseil d’administration de la Compagnie pétrolière nationale nigériane (NNPC). Il a choisi la manière forte pour amorcer une lutte farouche contre la corruption qui mine l’économie de la première puissance économique africaine.
Et c’est par un communiqué officiel qu’il a annoncé la dissolution, « avec effet immédiat, du conseil d’administration de la Compagnie pétrolière nationale nigériane (NNPC)». Cette dissolution ouvre la voie à des enquêtes approfondies sur les activités de la société maintes fois éclaboussée par des scandales de corruption.
«Le renvoi du conseil d’administration de la NNPC était attendu car l’odeur de moisi et de puanteur qui sortait de cet endroit est en train de tous nous faire suffoquer dans le pays», a déclaré l’avocat et défenseur des droits Festus Keyamo. La NNPC produit 445 000 barils de pétrole par jour grâce à ses quatre raffineries, dont trois sont situées dans le delta du Niger, au sud, d’où provient la majorité du pétrole nigérian. Avec 2 millions de barils de brut par jour, le Nigeria est le premier producteur africain d’or noir.
La nouvelle équipe de 2014 a démérité
Jamais un sans deux. Déjà, le 2 août 2014, le président Goodluck Jonathan, prédécesseur de Buhari, avait limogé les quatre plus hauts dirigeants de la NNPC. Selon un responsable du cabinet présidentiel, ces limogeages étaient la conséquence d’une enquête parlementaire menée en février sur le poids de la corruption dans l’industrie pétrolière nigériane.
De nouveaux dirigeants de la compagnie avaient été nommés en remplacement des partants, rappelle l’agence Ecofin. Joseph Thlama Dawha, un chrétien du Nord, avait remplacé Andrew Yakubu au poste de directeur général de la société. Anthony Muoneke, avocat de carrière, nommé directeur de la NPDC, branche de la NNPC consacrée au développement ; Attahir Yusuf, directeur exécutif du Business Development et, enfin, Aisha Mata Abdurrahman directeur exécutif pour la commercialisation et l’investissement. Moins d’une année après sa nomination, cette nouvelle équipe a démérité. D’où la sanction tombée le 26 juin.
Si l’on réalise que la NNPC assure 80% des recettes de l’État, l’on comprend parfaitement la pertinence de la réaction présidentielle. En effet, des allégations de corruption et de mauvaise gestion ont marqué le secteur du pétrole depuis des années. De nombreux audits ont rapporté des fraudes au sein de la NNPC et de nombreuses associations ont appelé à un nettoyage de la maison. Au début de 2014, l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Nigeria avait sonné l’alarme, accusant la NNPC d’avoir dissimulé 20 milliards de dollars de revenus pétroliers. Le conseil d’administration d’alors avait nié. Le suivant est rattrapé. Nul doute que la justice, sous Buhari, poursuivra les uns et les autres afin de réhabiliter l’État dans ses droits.