L’Afrique progresse dans sa recherche des solutions pour combler le fossé qui le sépare des autres continents. Dans le but de fusionner ses différentes organisations régionales pour le développement, trois d’entre elles viennent de conclure un accord de libre-échange.
Le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) viennent de signer un accord de libre-échange. Cela s’est passé le 10 juin à Charm el-Cheikh, en Égypte, à l’issue d’une rencontre qui a réuni les représentants de plusieurs pays africains.Bientôt le principe encourageant le développement du commerce international et la suppression des barrières douanières tarifaires et non tarifaires va s’appliquer entre eux. Vingt-six pays du continent sont concernés par cet accord qui intervient après cinq ans de négociations, dont la République démocratique du Congo. La ratification du traité est prévue dans une année. L’espace de libre-échange va du Cap, en Afrique du Sud, jusqu’au Caire, en Égypte et représente 625 millions d’habitants et un Produit intérieur brut de 900 milliards d’euros. Il s’agit du début d’un long processus d’intégration économique de plus de cinquante-trois pays africains qui n’ont pas tous le même niveau de développement.
Des nouvelles bases
L’accord de libre-échange préconise la mise en place de principes communs de circulation des marchandises et chaque pays doit rompre avec son protectionnisme. L’heure est à l’harmonisation de différentes politiques commerciales. Comme objectifs fixés pour les dix ans à venir, les signataires de ce traité ont convenu de stimuler le commerce intra-africain et d’arriver à augmenter les échanges commerciaux entre pays de 20 à 30 %. Selon les statistiques de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le commerce entre États en Europe est de 60 %, 40 % en Amérique du Nord et de 12 % seulement en Afrique.
L’avantage de se constituer en bloc
L’élargissement de la zone de libre-échange permet aux opérateurs économiques de tous les pays membres debénéficier des avantages douaniers dont la baisse de tarifs extérieurs communs. Comme résultante, le prix des marchandises baisse aussi. Dans le même cadre, il est prévu l’interconnexion des infrastructures de communication entre les pays membres.Entre l’accord tripartite de libre-échange et le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), il y a une passerelle. Dans le cadre du Nepad, le projet prévoit, dans le but de favoriser le commerce intercontinental, la construction de routes, de chemins de fer et d’autres moyens de communication.
Vers la Communauté économique africaine
L’accord entre la SADC, la CAE et le Comesa est une avancée significative pour l’Afrique. Car il existe sur le continent plusieurs organisations et plus de dix communautés économiques régionales. Nombre d’États sont membres de multiples regroupements et ces engagements pris dans tous les sens sont à la base de beaucoup d’incompréhensions et de contradictions dans les obligations et les engagements juridiques. Le rassemblement des communautés est un atout majeur dans la mesure où il permet de concerter les politiques et aider à créer des zones économiques homogènes, unies et fortes.
En 1991, c’est à Abuja, au Nigeria, que ce projet avait commencé à prendre corps. Les dirigeants africains y avaient signé un traité, entré en vigueur en 1994, qui prévoyait une intégration progressive du continent. Cette démarche passe par six étapes dont l’aboutissement au marché commun africain devrait se faire en 2023. L’Union économique africaine elle-même devrait se faire en 2028, selon le traité d’Abuja. Cette initiative jouit de l’accompagnement de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique,de la Banque africaine de développement ainsi que de beaucoup d’autres partenaires au développement.