La production mensuelle des poissons est passée de 5 à 50 tonnes dans la ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Des sources concordantes contactées, samedi 9 mai, affirment que le marché de Bukavu et ses environs sont inondés au point qu’un kilogramme de petits poissons, communément appelés « Sambaza », coûte actuellement 2 000 francs congolais (2, 16 dollars) au lieu de 3 500 francs congolais (3, 78 USD).
Le chef de bureau en charge de la Conservation de la nature à la coordination provinciale de l’environnement, Innocent Bayubasire Bikaya, attribue cette embellie aux mesures de renforcement de la réglementation de la pêche sur le lac Kivu. «Nous avons deux pirogues motorisées qui, chaque jour, circulent sur le lac. Donc, nos aires de ponte des œufs de poissons sont très bien protégées. Nous faisons aussi des patrouilles dans les quartiers où existent déjà des clubs des jeunes sensibilisés pour lutter contre la commercialisation des alevins ; ces clubs travaillent en collaboration avec l’Agence nationale de renseignement et la police de proximité», a expliqué Innoncent Bayubasire.
Selon les observations de son service, un filet maillant qui capturait moins de 1 kilo par nuit de pêche, en capture actuellement 15. Quant au filet carrelé, il capture un minimum de 50 kilo par nuit. Ce volume peut atteindre 75 kilos.
«La production a augmenté, le pêcheur a amélioré ses revenus. On a constaté que le pêcheur qui pilote un trimaran peut réaliser plus de 2 200 dollars de recettes mensuelles », a conclu Innocent Bayubasire.
Qu’en est-il du Lac Albert où la pêche illicite entraîne la baisse de la production de poissons ? Dans un rapport de 2014, les mauvaises pratiques de la pêche sont à la base de cette situation. Selon Milton Lonu Lonema, ministre provincial de l’Agriculture et de la Pêche, il est important de réglementer la pêche pour permettre aux poissons de se multiplier. «Nous condamnons avec toute l’énergie l’utilisation des filets à mailles prohibées, surtout des moustiquaires qui capturent même de petits poissons», a-t-il indiqué.
Selon lui, les pêcheurs de la province Orientale recourent également à d’autres pratiques comme des herbes qui tuent les poissons. Cette pratique contribue à l’extinction rapide de certaines espèces de poissons. En janvier dernier, l’ONG des droits de l’Homme Equitas basée à Bunia indiquait que plusieurs espèces de poissons étaient menacées de disparition dans le lac Albert. Selon l’ONG, les cours d’eau ne comptent plus que sept espèces de poissons sur la quarantaine qui y étaient autrefois enregistrées. Equitas attribue cette disparition de poissons à la violation de la réglementation de la pêche dans ce lac. Par ailleurs, une étude de l’ONG internationale Agro Action Allemande menée en 2007 avait révélé qu’environ 50 % d’espèces de poissons dont regorge ce lac avaient disparu.