La production minière : moteur de la croissance en RDC

À l’issue d’un séjour de travail à Kinshasa, du 20 mai au 3 juin 2015, une équipe du FMI a recommandé d’exploiter de façon plus efficace les vastes ressources naturelles du pays de manière à améliorer sensiblement les conditions de vie de l’ensemble de la population.

La population n’a pas suffisamment bénéficié de l’exploitation des ressources minières, selon le rapport  FMI 2015.
La population n’a pas suffisamment bénéficié de l’exploitation des ressources minières, selon le rapport FMI 2015.

Le gouvernement et la mission du FMI ont axé leurs entretiens sur l’évolution économique et financière du pays en 2014 et 2015 ; sur les mesures à prendre pour préserver la stabilité macroéconomique, rendre le pays plus résilient et promouvoir une croissance économique solidaire ainsi que sur la stabilité et l’inclusion financières.

Dans ses conclusions préliminaires, la mission affirme que la RDC continue d’enregistrer les taux de croissance du produit intérieur brut les plus élevés au monde. Selon les estimations, l’économie a connu une expansion de 9,2 % en 2014 et devrait afficher un taux de croissance de 9,2 % en 2015. Le FMI impute cette croissance au fait que la stabilité macroéconomique a été préservée grâce à une orientation restrictive de la politique budgétaire.

Le talon d’Achille de l’économie a pour nom la production minière, notamment de cuivre et d’or. C’est donc la production minière qui reste le principal moteur de la croissance. En dépit de cette remarque, la mission indique que les perspectives économiques à moyen terme continuent d’être prometteuses, sur fond d’inflation basse et de croissance économique vigoureuse tirée par un secteur minier dynamique et un secteur des services en expansion.

Un certain attentisme du secteur privé

La mission a  un certain attentisme de la part des opérateurs du secteur privé à l’approche des élections annoncées pour 2015 et 2016. Ce climat d’appréhension n’est jamais propice au développement des activités économiques, pourtant essentielles pour la survie d’un État. Aussi la mission et le gouvernement ont-ils convenu des principaux challenges pour les semestres à venir.

Il s’agit de faire face aux tensions croissantes que subiront les ressources budgétaires limitées en 2015-2016, compte tenu de la nécessité de financer les élections. Il s’agit aussi d’accroître la marge de manœuvre des autorités pour permettre à l’économie de résister à d’éventuels chocs endogènes et exogènes. Le gouvernement doit, par ailleurs, faire sauter les goulots d’étranglement qui freinent l’activité du secteur privé. Il doit, enfin, exploiter de façon plus efficace les vastes ressources naturelles du pays de manière à améliorer sensiblement les conditions de vie de la population, qui n’a pas suffisamment bénéficié de l’expansion économique de ces dernières années. En particulier, après la chute des cours des produits de base de l’année dernière et les retards survenus dans l’application des principales réformes structurelles, il est primordial de préserver la stabilité macroéconomique obtenue au prix de tant d’efforts et de s’appuyer sur cette stabilité pour promouvoir une croissance solidaire ainsi que la stabilité et l’inclusion financières.

Nécessité d’exploiter le vaste potentiel fiscal

Au chapitre des recommandations, le FMI prône que le budget reste fermement ancré sur le non-financement des déficits budgétaires par la banque centrale à moyen terme ; il insiste sur la nécessité d’exploiter le vaste potentiel fiscal de la RDC pour accroître les recettes intérieures. Cela permettrait d’augmenter les dépenses publiques dans les secteurs prioritaires, en particulier l’éducation, la santé et les infrastructures de base, tout en contribuant au financement des élections en 2015–2016.

L’équipe du FMI encourage les autorités à appliquer sans tarder les réformes de l’administration fiscale qui sont nécessaires pour permettre l’augmentation des recettes, notamment l’amélioration du recouvrement de l’impôt, un meilleur contrôle de la taxe sur la valeur ajoutée et le renforcement de l’administration douanière.

Le gouvernement est invité à recapitaliser la Banque centrale ainsi qu’à accélérer l’adoption de la loi portant sur les statuts de cette institution afin de la rendre autonome, redevable et crédible. La Banque centrale est, elle-même, incitée à intervenir activement sur le marché des changes afin d’accélérer l’accumulation des réserves internationales.

Tout en recevant les félicitations pour avoir promulgué le code des assurances, le gouvernement est instamment prié d’accélérer la mise en œuvre des principaux textes législatifs et réformes structurelles afin d’améliorer le climat des affaires.