Dans un communiqué publié à l’occasion de la journée mondiale du sida célébrée le 1er décembre de chaque année, Médecins sans frontières (MSF) a indiqué que la République démocratique du Congo accuse quinze années de retard dans la lutte contre le sida. «Alors que les financements ne cessent de diminuer, plus de 80% des 440 000 personnes vivant avec le VIH/sida en RDC sont toujours en attente du traitement qui pourrait leur sauver la vie», explique l’ONG dans un communiqué intitulé «Journée mondiale du sida : Pas de fête pour la République démocratique du Congo». Pour MSF, l’une des raisons expliquant ce retard est que 38% du financement des soins est supporté par les patients eux-mêmes.
Malgré la gratuité des médicaments antirétroviraux, fait remarquer l’ONG, le malade paie 3 dollars pour l’ouverture d’un dossier, 6 dollars pour une consultation médicale, 5 dollars pour les examens CD4 et 10 dollars pour le dosage de la charge virale. Même le dépistage, qui devait être gratuit, est également conditionné à des tests préliminaires payants.
A en croire MSF, cette barrière financière empêche les personnes de se faire tester et de demander un traitement. Pour rattraper le retard dans la lutte contre le sida, Médecins sans frontières demande au gouvernement congolais d’assurer l’accès gratuit à la prévention et à la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/sida, d’augmenter les moyens budgétaires alloués à la lutte contre cette maladie et d’assurer le décaissement complet des fonds pour des activités directement bénéfiques pour les patients. En outre, MSF appelle toutes les parties prenantes, en premier lieu le gouvernement, à reconnaître l’urgence de la lutte. L’ONG dénonce les promesses oubliées et les engagements non tenus. Elle appelle à une mobilisation de tous les acteurs, non seulement à hauteur de leurs engagements, mais surtout selon les besoins réels exprimés sur le terrain.
A l’occasion de la célébration de cette journée mondiale du sida, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en RDC, Martin Kobler, a estimé que mettre fin au sida était possible. Il a plaidé pour la réduction de l’écart entre les malades qui ont accès au traitement et ceux qui n’y ont pas accès. « Mettre fin à l’épidémie du sida est possible. Mais seulement en réduisant l’écart entre les personnes qui ont accès aux services de la prévention du VIH, du traitement, des soins et de soutien et celles qui sont laissées derrière. En réduisant l’écart de dépistage du VIH, des centaines de milliers de Congolais qui ignorent leur séropositivité, peuvent commencer à obtenir de l’aide. En réduisant l’écart de traitement, les 440 000 congolais vivant avec le VIH auront accès à la médecine de sauvetage. En réduisant l’écart dans l’accès aux médicaments pour les enfants, les 66 000 enfants congolais vivant avec le sida pourront accéder au traitement », a déclaré, dans un message radiodiffusé, Martin Kobler. Pour lui, la RDC a démontré avec Ebola « qu’elle avait toutes les capacités pour contrôler, maîtriser et éradiquer une épidémie désastreuse ». Il a exhorté les Congolais à faire le test VIH, à se protéger lors des relations sexuelles, et à s’engager auprès des associations de soutien aux personnes infectées.