LA RÉPUBLIQUE démocratique du Congo espère procéder à des certifications des réserves gazières et pétrolières, en 2019, avec un petit budget de 55 966 400 000 FC, soit un peu plus de 32 millions de dollars. Seulement voilà, des États de la sous-région voient gros et grand dans l’exploitation de l’or noir. Et ce, en dépit de nouvelles dynamiques et de nouveaux défis qui pourraient influer sur l’avenir du secteur parmi lesquels des élections présidentielles (Angola, RDC, Cameroun, Nigeria, Algérie) ou encore le développement des mégaprojets, dont Inga III, dans un contexte d’intensification de la concurrence internationale, notent des experts.
Les appels d’offres en cours sur les principaux marchés des hydrocarbures africains existants et nouveaux indiqueront si l’Afrique confirmera davantage sa position de nouveau point chaud de l’exploration mondiale et parviendra à attirer les investissements nécessaires dans ses zones pétrolières et gazières.
Le Congo dans l’OPEP
Parmi les producteurs africains bien établis, le Gabon et la République du Congo, membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), ont chacun des appels d’offre en cours. La douzième série de licences du Gabon en eaux peu profondes et profondes devrait s’achever en avril 2019 et la phase II des licences du Congo-Brazzaville en juin 2019. Certes, les deux pays éprouvent encore des difficultés pour mettre en œuvre leurs nouveaux codes des hydrocarbures, mais le succès de ces appels d’offre dira si les investisseurs sont convaincus par les réformes développées au cours des deux dernières années.
La RDC qui dispose d’un nouveau code des hydrocarbures depuis 2015, n’en pas encore tiré profit. Le niveau annuel de production espéré pour 2019 n’est que de 11 millions de barils, soit l’équivalent de quelques jours de production de certains États du Golfe de Guinée. De même, des projets mitoyens d’exploitation de l’or noir piétinent. La Tanzanie est, en effet, déjà prête avec sa quote-part pour financer les recherches dans le lac Tanganyika et attendait toujours la part de la RDC, fin décembre 2018.
Ce n’est qu’à la mi-décembre de l’année passée que l’Assemblée nationale de la RDC a donné son quitus pour la ratification de l’Accord de l’exploration et de l’exploitation commune du pétrole convenue en 2008 avec l’Ouganda. Ce pays a décidé de se lancer en solitaire dans l’exploitation du pétrole du graben albertine. L’Ouganda devrait, en effet, rejoindre le club des producteurs de pétrole africains, au plus tard, au début des années 2020.
À cet effet, des efforts sont en cours pour mettre en place une infrastructure adéquate pour l’évacuation du pétrole qui sera produit dans le bassin du lac Albert. Le projet semblait aller de l’avant lorsque l’Ouganda et la Tanzanie ont échangé en mai 2017 l’accord intergouvernemental relatif à l’Oléoduc pour l’Afrique de l’Est, d’une longueur de 1,443 km.
Cependant, les partenaires de la construction de ce pipeline, le groupe français Total, le chinois CNOOC et TullowOil, doivent encore en prendre la décision finale d’investissement. Dans le même temps, les accords avec les gouvernements hôtes devraient être signés au premier trimestre 2010, mais les retards dans la conclusion de l’accord financier ont déjà retardé les ambitions de production pétrolière de l’Ouganda de 2020 à 2021. L’oléoduc est crucial pour l’intégration future de la communauté de l’Afrique de l’Est et pour établir un précédent positif de planification, de financement et de mise en œuvre de projets énergétiques conjoints dans la région. Il sied de noter que les trois majors précités sont aussi présents en RDC. Mais curieusement, leurs activités se limitent encore à la prospection.
Luanda, rendez-vous en juin 2019
Le Nigéria et l’Angola, deux producteurs africains plus importants et aussi membres de l’OPEP, vont lancer des appels d’offre innovants cette année. Le Nigéria mettra aux enchères ses sites de torches à gaz dans le cadre du Programme nigérian de commercialisation des torchères, probablement après les élections générales de février. Et l’Angola tiendra son appel d’offre pour les champs marginaux, résultat d’une nouvelle politique adoptée en mai 2018 par le président Lourenço, et qui sera lancé lors de la conférence d’Africa Oil& Power à Luanda en juin 2019.
Le projet de loi nigérian sur l’industrie pétrolière restant à signer et l’encre étant encore fraîche sur le nouveau régime politique de l’Angola, ces deux appels d’offre seront également essentiels pour évaluer l’intérêt des investisseurs pour ces deux marchés en évolution. Depuis son entrée en fonction en 2017, le président angolais João Lourenço a mis en œuvre un programme réformiste optimiste qui transforme radicalement la gouvernance du secteur pétrolier et gazier du pays.
L’Angola se réforme rapidement, mais les forces du marché permettront-elles que ces changements se fassent à ce rythme et produisent les résultats escomptés par le gouvernement ? Alors que les investisseurs internationaux semblent le penser, Total et BP, British Petroleum, ayant signé d’importants accords pour renforcer leurs activités en Angola ces derniers mois, 2019 dira si l’industrie pétrolière internationale est convaincue du retour de l’Angola comme frontière africaine compétitive ou non.
Afin de présenter le travail accompli par Sonangol et le gouvernement angolais pour générer davantage d’investissements dans l’industrie pétrolière et gazière du pays, l’Angola soutient une conférence internationale organisée par AfricaOil& Power à Luanda du 4 au 6 juin 2019, où sera lancé l’appel d’offre des champs marginaux. Il s’agira du premier road-show officiel organisé en Angola sous l’administration actuelle, et devrait dévoiler un nouvel ensemble des réformes et d’engagements d’investissement.