Lancé en septembre 2012, le mécanisme conjoint de vérification de la frontière entre les deux pays vient d’implanter les deux premiers GPRS sur le terrain.
Ça y est. La commission technique mixte chargée de la délimitation des frontières entre la RDC et le Rwanda a procédé vendredi 24 avril 2015 au placement des GPRS (general packet radio service) à certains endroits stratégiques des deux pays, notamment au Mont Goma ainsi qu’au Mont Kama (Nord-Kivu). Le but de l’opération est d’identifier, à partir de ces deux repères GPRS, les bornes fixées par les colonisateurs européens en 1911. L’occasion était fort belle pour les experts de deux pays de visiter les bornes 1, 2, 3, 4 et 5 situées entre la grande et la petite barrières.
Selon Rachidi Tumbula, l’un des experts de la commission mixte, toutes ces bornes sont actuellement localisées soit dans des habitations privées, soit dans les quartiers, aussi bien du côté rwandais que du côté congolais de la frontière.
L’expert a par ailleurs admis que beaucoup d’habitants qui occupent la zone neutre sont préoccupés par cette question. Les experts, pour leur part, vont « avoir du travail pour une semaine ou dix jours. On va identifier toutes les vingt-deux bornes. Une semaine plus tard, nous commencerons la construction des bornes en dur (…). La population a besoin de précisions.
À une interrogation sur le sort qui sera réservé aux constructions érigées sur les bornes, Rachidi a préféré botter en touche. « Est-ce que notre travail est de venir détruire les maisons de la population ? Je dis ‘Non’. Nous venons seulement confirmer que les bornes sont situées dans des maisons de gens. »
L’État saura où réinstaller sa population
Est-ce un propos rassurant ? Pas si sûr. Du point de vue juridique, du moins dans la législation congolaise, selon lui, « personne ne peut prétendre ici détenir des titres de propriété, aucune autorité n’ayant délivré de tels documents sur la zone neutre. Mais, du point de vue social, c’est notre population. Personne n’a le droit d’abandonner cette population.»
R. Tumbula précise que le travail des experts consiste à reconstruire les bornes laissées par les colonisateurs en 1911. Ainsi, tout en continuant à construire les bornes, ils vont « identifier les gens qui sont concernés. L’Etat qui est propriétaire du sol et du sous-sol, saura où réinstaller sa population.»
Déjà, à l’issue d’une opération menée du 26 au 30 août 2014, la commission mixte avait identifié vingt-deux bornes à la frontière terrestre des deux pays. Certaines étaient physiquement visibles, alors que d’autres n’avaient été identifiées que grâce à leur positionnement géographique. D’où l’usage du GPRS était devenu incontournable.
À l’origine du mécanisme conjoint de vérification de la frontière rwando-congolaise se trouvent, d’une part, de récurrentes allégations du gouvernement de la RD Congo sur la présence des soldats de Kigali dans les rangs des rebelles du M23 et, d’autre part, le souci de contrôler les mouvements des groupes armés opérant dans l’Est de la RDC.
Au cours du sommet de septembre 2012 à Kampala (Ouganda), les chefs d’Etat avaient souhaité déployer la force internationale neutre le long de la frontière entre le Rwanda et la RDC pour combattre les groupes armés dont le M23, que Kinshasa accuse Kigali de soutenir.
L’implantation des premiers GPRS à la frontière commune, deux ans après la décision prise par le sommet de Kampala, est à inscrire à l’actif de la Conférence internationale des pays de la région des grands-lacs (CIRGL). Dont sont membres l’Angola, le Burundi, la République démocratique du Congo, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie.