Le ministre des Travaux publics, de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat, Fridolin Kasweshi, a déclaré que le pays, à travers le Fonds d’entretien routier (FONER), a besoin de 265 millions de dollars pour assurer chaque année l’entretien régulier du réseau routier prioritaire. En 2013, le FONER n’a réalisé que 100 millions de dollars, créant ainsi un déficit de 165 millions.
Pour Fridolin Kasweshi, qui répondait le 7 mai à la question orale avec débat du sénateur Ndolela Siki Konde, c’est ce déficit qui est à la base de la non-exécution de certaines tâches d’entretien pourtant programmées. Il a précisé que les recettes générées par le FONER proviennent essentiellement du carburant terrestre à hauteur de 90 % et le reste, c’est-à-dire 2 %, du péage, des amendes sur les surcharges à essieu et des apports des bailleurs de fonds. Et rappelé la courbe ascendante des réalisations du FONER en termes de recettes, à savoir: 25 millions de dollars en 2008, 63 en 2010, 67 en 2011 ,85 en 2012 et 100 en 2013. C’est fort de ces performances, aussi insuffisantes, soient-elles, qu’il a été assigné à cet établissement public d’atteindre, si pas dépasser la barre de 128 millions de dollars cette année.
Il faut retenir de cette intervention la modicité des fonds alloués à l’entretien des routes et d’autres ouvrages d’art dans un pays aussi vaste que la RDC et tenir compte de nombreux facteurs, dont la forte pluviométrie, dans la réalisation des travaux afin de maintenir leur résistance. La RDC dispose d’un réseau routier national long de 158.000 km, dont près de 5 % seulement sont bitumés. Les différents travaux se font par rapport aux fonds mobilisés. Les fonds mobilisés par le FONER servent à l’entretien des routes déjà réhabilitées, afin de les consolider. D’après Kasweshi, ces fonds ne sont pas destinés à réhabiliter des routes, moins encore à les construire. C’est le budget d’investissement qui programme les opérations de réhabilitation et de construction. Comme il fallait s’y attendre, c’est comme si le ministre avait ouvert la boîte à Pandore pour que chaque élu parle de son terroir pour se faire valoir. La première, la sénatrice Kabamba wa Umba a dit que le non entretien des infrastructures routières est un handicap sérieux pour le développement des femmes rurales dans le Haut -Lomami au Katanga. Les femmes dans ce coin ne savent pas évacuer les produits récoltés faute de routes. Conséquence : les produits pourrissent. Son collègue Jean-Clément Muaka s’est vanté en disant que l’initiative du péage vient du Bas-Congo. Malheureusement, les routes de desserte agricole de cette province ne bénéficient pas de ce système. Il a révélé que le tronçon Matadi-Kinshasa rapporte 2 millions de dollars au péage mais ne bénéficie pas d’une rétrocession conséquente. La sénatrice Nkoy Mafuta, ancien gouverneur de la ville de Kinshasa, a déploré l’état piteux de la route CECOMAF qui fait partie de la ceinture de la capitale. Le gouvernement devrait accorder une attention particulière à l’entretien de cette route qui permet aux paysans d’acheminer leurs produits au centre ville. Chaque fois, après trois mois d’entretien, la route se dégrade. «Il faut changer les méthodes de travail», a-t-elle préconisé.
Un autre, le sénateur Flore Musendu a parlé état de la route Bunia-Mahagi qui rapporte 5 millions de dollars au péage, mais dont l’entretien n’est pas assuré suffisamment. De son côté, le sénateur Pascal Kabeya a affirmé que la province du Kasaï-Oriental est toujours oubliée dans le programme du FONER. Pour preuve, il a dit que la route Mbuji-Mayi qui est la colonne vertébrale de la province est dans un état de délabrement très avancé.
Enfin, le sénateur Edouard Mokolo wa Pombo, premier vice-président du Bureau du Sénat, a apporté sa contribution par une question: «Quelles villes allons-nous laisser aux générations futures et quel Kinshasa allons-nous laisser en 2030 et 2050 ?» Il a noté l’anarchie, par exemple entre l’aéroport de Ndjili et la cité de Maluku. Faisant allusion aux sites à urbaniser, il a demandé qu’on construise des villes et quartiers en commençant par mettre l’eau et l’électricité. Il a en substance demandé aux dirigeants congolais de «transformer notamment les 24 communes de Kinshasa en 24 villes». «En tout état de cause», a conclu ce ministre des Travaux Publics sous la Deuxième République, « on doit sentir la présence active du Foner dans la transformation du pays, les routes étant le socle du développement d’une nation».