La RDC offre des garanties aux investisseurs français

La deuxième édition de la Semaine française de Kinshasa était pour le gouvernement une occasion de montrer aux opérateurs économiques de l’Hexagone ses potentialités et les réformes qu’il a entreprises.  

 Du 22 au 27 juin, les officiels congolais ont beaucoup échangé avec les opérateurs économiques français  à la Halle de la Gombe où s’est tenue la deuxième Semaine française de Kinshasa. Organisé par l’ambassade de France et la Chambre de commerce et d’industrie franco-congolaise (CCIFC), cet événement a eu comme thème « Les partenariats public-privé (PPP) en République démocratique du Congo ».

Le ministre français des Finances et des Comptes publics, Michel Sapin, et de nombreux chefs d’entreprises françaises étaient présents à ce rendez-vous économique. Les ministres et responsables des entreprises publiques en ont profité pour inciter les opérateurs économiques français à se joindre au gouvernement congolais dans un partenariat public-privé.

La RDC a besoin de leurs ressources et compétences dans la fourniture des infrastructures et des services, et se déclare prête à partager les avantages et les risques. C’est l’un des pays africains qui ont des besoins en financement des infrastructures considérables. Les dix dernières années, sur 48 pays du continent, 42 ont mis en œuvre 248 projets représentant 55 milliards de dollars. Les secteurs qui bénéficient beaucoup du partenariat public-privé sont les NTIC, les transports, l’électricité et l’eau.

Pour développer des PPP, il faut des réformes institutionnelles et réglementaires.  C’est ce que ne cesse de faire la RDC et cette évidence a été dite et redite aux investisseurs par les membres du gouvernement. À l’instar de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et du Sénégal, la RDC a élaboré, en 2014, des lois PPP, parmi lesquelles celles portant sur l’agriculture, l’électricité, les assurances, le crédit-bail, etc.

Diplomatie économique congolaise 

La deuxième Semaine française de Kinshasa était un cadre d’échanges. Deux conférences sur plusieurs thèmes étaient organisées chaque jour, dans l’avant et l’après-midi. Divers sujets ont été traités : développement et facilitation du commerce ; secteur tertiaire et libéralisation des assurances ; transports et télécommunications ; environnement des affaires et diversification de l’économie congolaise ; mines et hydrocarbures ; eau et santé ; médias et TNT. Plusieurs ministres du gouvernement sont intervenus pour encourager les Français à placer leurs capitaux dans des projets porteurs.

« La RDC est sur la bonne voie vu le nombre d’entreprises françaises qui y opèrent et qui y réalisent de bonnes affaires », a déclaré Modeste Bahati, ministre de l’Économie. Il a ajouté que « c’est ici l’occasion de dire aux autres opérateurs, qu’ils soient français ou pas, que le moment est venu pour réaliser des bonnes affaires parce que le pays offre l’opportunité et des garanties d’investissement à la suite de la ratification de plusieurs accords internationaux garantissant le règlement des litiges : l’adhésion à l’Ohada et au protocole de New York qui garantit un bon règlement de différends commerciaux ».

« L’amélioration du climat des affaires  demeure l’une des batailles essentielles menée par le gouvernement. Classé parmi les pays les plus réformateurs dans le Doing Business 2015, la RDC travaille à la mise en œuvre des réformes dans plusieurs secteurs », a expliqué Thomas Luhaka, vice-Premier ministre chargé des Postes et des NTIC, représentant Matata Ponyo.

Il a confirmé l’engagement du gouvernement à travailler avec le secteur privé car l’État compte sur les investissements directs étrangers pour une croissance inclusive. Aux hommes d’affaires français, il a adressé un message: «Votre présence témoigne de votre détermination à répondre à l’appel lancé aux investisseurs étrangers, à participer aux efforts de reconstruction de notre pays à la suite de la confiance restaurée ».

Un pays à fort potentiel

Pour Thomas Luhaka, les investisseurs cotés en bourse ont progressivement repris le chemin d’un pays qui a des performances exceptionnelles en termes de croissance et de stabilité macroéconomique. « Le taux de croissance peut passer cette année à plus de 10 %. En 2014, la RDC a été l’une des trois économies les plus dynamiques au monde et dispose d’un taux d’inflation parmi les plus bas au monde. Il a été contenu à 1 % en 2014, projeté à 0,6 % fin 2015 » », a-t-il indiqué.

Pour Luc Hallade, ambassadeur de France, le nombre des entreprises françaises qui travaillent en RDC est en croissance très nette depuis deux ou trois ans. « On les incite à travers cette manifestation à poursuivre leurs investissements parce que la RDC est un pays à fort potentiel. C’est important d’accompagner son développement. Orange, Total, Bureau Veritas sont des entreprises qui sont là. Cela veut dire qu’elles croient au potentiel économique du Congo. L’objectif de ce genre de manifestation est d’attirer davantage d’investisseurs. Il y a des entreprises qui sont réellement arrivées en RDC et qui profitent de cette occasion pour se faire connaître, pour montrer qu’elles sont capables de faire des choses ici »,  a-t-il expliqué.

Luc Hallade se dit confiant : « Il y a des entreprises qui espèrent à travers cette manifestation obtenir un contrat public ou privé ou partenariat public-privé. Et donc, il y a des entreprises françaises qui arrivent, qui s’intéressent au marché congolais. On a des PME, on a des grands groupes dans tous les spectres de l’économie française. Je suis très heureux parce que c’est une priorité fixée par nos autorités : la diplomatie économique ».

Philippe Audouin, administrateur directeur général d’Allianz Congo Assurances, une entreprise du groupe Allianz Africa, basée à Brazzaville, s’est montré intéressé par la libéralisation du secteur des assurances en RDC. « La libéralisation annoncée est maintenant une réalité et, même si plusieurs mois seront nécessaires pour caler un cadre juridique et technique, c’est justement le moment d’en explorer les opportunités et d’en connaître les conditions », a-t-il déclaré.

Encourager les hésitants

La présidente de la Chambre de commerce et d’industrie franco-congolaise (CCIFC), Eliane Munkeni, a encouragé ceux qui ont encore des hésitations à suivre l’exemple des groupes français qui opèrent déjà en RDC. Elle a cité le cas d’Air France Consulting qui a contribué à la création de Congo Airways et du Bureau Veritas dans la mise en place du guichet unique intégral du commerce extérieur.

D’autres entreprises, comme Orange RDC, ont aussi été citées comme modèle. Sur cette liste, il y a Alstom, société travaillant dans la réhabilitation du barrage d’Inga II et Thales, qui s’emploie à la sécurisation de l’espace aérien. Alpha-Airport est spécialisée dans l’intégration de systèmes aéroportuaires. C’est à elle que le ministère des Transports et des Voies de communication a confié la tâche de construction de l’aérogare modulaire de Ndjili.

Pour les organisateurs de la Semaine française, la première édition a été un succès avec plus de dix mille invités. Cette année, l’ambition était d’aller au-delà. Contrairement à la première édition qui n’avait que vingt-deux stands, celle-ci en a eu quarante-cinq. « Nous espérons que la troisième édition aura beaucoup plus de participants et nous amènera un plus grand chiffre d’affaires pour contribuer de manière significative à la croissance économique que nous voulons inclusive et diversifiée dans tous les domaines », a souhaité Bahati Lukwebo.

La CCIFC existe depuis 1987. Elle œuvre dans la promotion et le développement des échanges entre les entreprises françaises et congolaises. Selon Eliane Munkeni, l’association propose un partenariat gagnant-gagnant à ses membres estimés à plus de cent cinquante. Parmi eux figurent des PME, des grandes entreprises, des commerces, etc. « La CCIFC ouvre les portes de l’international à tous ses membres congolais et français grâce à ses réseaux. L’objectif est de créer des synergies entre l’offre française et la communauté congolaise d’affaires », a-t-elle expliqué.