Le ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et des Actions humanitaires, Paluku Kiseke Yereyere, a dévoilé la semaine dernière à Kinshasa le Plan de réponse humanitaire (PRH) pour la période de 2017-2019. Ce plan humanitaire évalué à 2,5 milliards de dollars est le tout premier plan pluriannuel adopté dans ce domaine. Il a pour objectif d’expliquer la stratégie des humanitaires afin de répondre aux besoins d’environ 14 millions de Congolais au cours de trois années à venir. La République démocratique du Congo est, en effet, frappée depuis plus de deux décennies par une crise aigüe et profonde dont les principaux facteurs sont les conflits armés, les violences intercommunautaires ainsi que le manque de développement qui crée des vulnérabilités chroniques. Le même plan souligne qu’une personne sur 13 en RDC, soit près de 8 % de la population, a besoin d’une assistance humanitaire. Pour le chef du Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), Rein Paulsen, « les besoins humanitaires n’ont jamais été aussi importants en RDC et les perspectives d’amélioration aussi faibles. »
Outre les violences perpétrées par les groupes armés nationaux et étrangers dans la partie orientale du pays, la RDC enregistre actuellement des violences intercommunautaires entre bantous et pygmées dans la province du Tanganyika (Sud-Est) ainsi que celles des miliciens du chef coutumier défunt Kamuina Nsapu dans les provinces du Kasaï (centre du pays). À toutes ces violences, s’ajoutent les catastrophes naturelles comme les dernières inondations à Boma, dans la province du Kongo-Central (ouest), ainsi que celles survenues dernièrement dans la capitale, Kinshasa, et à Boende, dans la province de la Tshuapa (Centre-Nord).
Améliorer le cadre de vie et les conditions sociales de la population est une préoccupation pour le gouvernement. Depuis près de 17 ans, des efforts sont continuellement engagés pour améliorer le cadre de vie (accès de la population aux services sociaux de base) et les conditions sociales des populations (amélioration du niveau de revenu, de la protection sociale, de l’égalité de genre,). Le revenu per capita est passé de 80 dollars en 2001 à 380 dollars en 2015. Les taux d’accès de la population aux services de santé et de l’éducation sont en progression, reflétés notamment par la réduction notable des taux de mortalité infantile et maternelle, des taux de prévalence des maladies endémiques comme le paludisme, la tuberculose et la malaria, et par l’augmentation sensible des taux de scolarisation primaire et secondaire.
Beaucoup reste à faire
Les dépenses des secteurs de la santé et de l’éducation ont été multipliées par 5, voire plus et des investissements non moins importants ont été consentis pour accroître les capacités de fourniture d’eau et d’électricité. En dépit de ces résultats encourageants, des efforts importants doivent encore être faits. En effet, le taux d’accès à l’eau potable et à l’électricité, ainsi que le taux de couverture des autres services de base tels que le logement décent, l’assainissement du milieu, l’accès aux installations sanitaires améliorés, restent encore très largement en deçà des standards africains. Evalué à 71 %, le taux de pauvreté de la RDC reste parmi les plus élevés d’Afrique. Et l’Indice de développement humain (IDH) est estimé à 0,239 en 2010 contre une moyenne de 0.389 pour les pays d’Afrique subsaharienne. L’objectif général du gouvernement est d’améliorer le taux d’accès de la population aux services sociaux de base, en vue de consolider leur cadre de vie ; accroître le niveau de protection sociale, afin d’améliorer les conditions sociales.
Concrètement, le gouvernement visait à réduire de moitié, en 2016, le taux de pauvreté, à atteindre, à la même échéance, la moyenne africaine du niveau de développement humain, soit 0,389. L’amélioration du cadre de vie des populations va reposer sur un accès amélioré aux services sociaux de base, principalement à : une eau potable de bonne qualité, tant en milieu urbain que rural ; un habitat et/ou un logement décent, dans un environnement assaini et aménagé selon les règles urbanistiques modernes ; des prestations des soins de santé de qualité, dans des hôpitaux modernes et bien équipés ; une éducation primaire et secondaire de qualité dans des infrastructures appropriées et avec des enseignants bien formés et recyclés; des espaces de loisirs et culturels bien aménagés et équipés.
La disponibilité de l’eau potable constitue un problème majeur pour la population tant en milieu urbain que rural. Le constat suivant est fait au niveau de ce secteur : absence/insuffisance des usines de traitement d’eau potable ; faible taux de desserte des populations, soit 24 % ; mauvaise qualité des services caractérisée par les délestages de fourniture d’eau. Les principaux objectifs cibles dans ce sous-secteur portent sur l’augmentation (2016) du taux de desserte en eau potable; l’augmentation du nombre des centres opérationnels de la REGIDESO ; l’amélioration du taux de rendement du réseau national…