Dix-sept ans après sa délocalisation, l’Union africaine des télécommunications pourrait réinstaller son siège dans la capitale congolaise. Un siège que le pays a perdu en 1997, notamment à cause des conflits armés et des arriérés de cotisations.
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inshasa pourrait de nouveau abriter le siège de l’Union africaine des télécommunications (UAT). Les discussions qui sont engagées entre le gouvernement et cette institution vont bon train, à en croire le ministre des Postes, téléphones et Nouvelles technologies de l’information et de la communication, Tryphon Kin-kiey Mulumba. La République démocratique du Congo avait perdu ce siège en 1997, suite à des problèmes sécuritaires.
Le siège de l’UAT a été temporairement déplacé à Nairobi, au Kenya. En outre, les dix-sept années de non-paiement des cotisations, soit un montant de 440 mille dollars, ont freiné également la participation active du pays aux décisions de cette organisation, ainsi que la possibilité d’avoir à nouveau le siège dans ses murs. Kin-kiey Mulumba souligne que son ministère a, de ce fait, apuré la moitié de ces arriérés, soit 222 000 dollars, avant d’ajouter que le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, a déjà autorisé le paiement du solde. Ce qui a justifié, selon lui, la présence à Kinshasa, du secrétaire général de l’UAT, Soumaïla Abdoulkarim et la série de démarches amorcées pour le retour du siège en RDC.
Le paiement de cette partie de la dette a aussi permis au pays de prendre part au vote lors de la réunion des ministres plénipotentiaires des Télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de la communication du monde qui s’est tenue en octobre à Busan, en Corée du Sud. Cette rencontre a porté sur la définition d’une feuille de route de ce que doivent être les télécommunications dans les années à venir d’une part, et d’autre part, au renouvellement des dirigeants de l’Union internationale des télécommunications (UIT).
Retour du siège
Si la RDC veut retrouver son statut de siège légal, la démarche ne va certainement pas se limiter au solde des arriérés des contributions. Le pays doit également remplir un certain nombre de préalables, notamment l’obligation de pourvoir un bâtiment pour le siège à Kinshasa et d’offrir quelques privilèges au personnel de l’UAT en vertu de l’accord de siège.
Lors de la réunion des plénipotentiaires de l’UAT, qui s’est tenue en juillet à Harare, au Zimbabwe, l’organisation avait rappelé que la période de 8 ans pour abriter le siège de l’Union de manière temporaire dans un pays autre que le siège légal tel que stipulé dans la Constitution et la Convention de l’UAT, était largement écoulée.Néanmoins, un dernier moratoire allant jusqu’au 31 juillet 2015 a été accordé à la RDC pour confirmer sa volonté et sa disponibilité d’accueillir à nouveau le siège de l’UAT. Voulant montrer son implication dans le processus de retour du siège à Kinshasa, le gouvernement a fait un don de 50 000 dollars à l’organisation.
Si la RDC veut retrouver son statut de siège légal, la démarche ne va certainement pas se limiter au solde des arriérés des contributions. Le pays doit également remplir un certain nombre de préalables, notamment l’obligation de pourvoir un bâtiment pour le siège à Kinshasa et d’offrir quelques privilèges au personnel de l’UAT en vertu de l’accord de siège. Le gouvernement a aussi apuré les arriérés d’une trentaine d’années au niveau de l’UIT.
Ce qui fait qu’il a recouvré désormais son droit de vote et participe plus activement aux activités de cette organisation. Après le paiement de la dette au niveau africain, Kinshasa doit également ratifier la convention de l’UAT dont elle est signataire et, enfin, régler les conditions sécuritaires pour les fonctionnaires statutaires. Revoir le siège de cette institution à Kinshasa est un avantage pour le pays, d’après Kin-kiey Mulumba.
Ce positionnement dans l’espace des télécommunications et des TIC est crucial parce que le pays ambitionne de devenir le hub de l’Afrique d’autant plus que, grâce à sa position au cœur du continent, il veut également servir de téléport et développer, à cette fin, son infrastructure à haut débit avec onze points d’interconnexions avec les pays voisins.
La gestion des télécoms
Pendant que les autorités se battent pour ramener le siège au pays, le secteur des télécommunications a encore des maux qui le gangrènent. La piraterie des appels internationaux et l’incapacité pour la RDC de basculer vers la télévision numérique terrestre (TNT) dans les délais requis par l’Union internationale des télécommunications font partie de ces problèmes.
Pourtant, tous les pays qui ont traîné les pieds doivent rejoindre la TNT d’ici juin 2015, délai prescrit par l’UIT. Lors d’une réunion sur les télécommunications organisée à la mi-avril, en Afrique du Sud, la RDC faisait partie du groupe des pays qui ont sollicité le report de ce délai, le temps pour eux de se mettre en ordre.
En ce qui concerne le déploiement de la fibre optique, il faut encore 500 000 km pour que l’ensemble du pays soit branché au réseau West African Cable System (WACS).
L’UAT veut faire profiter les TIC aux Africains
Plusieurs pays africains se connectent à la fibre optique. Mais moins de 22 % des populations de l’Afrique subsaharienne ont accès à l’internet alors que les câbles ont déjà commencé à traverser des villes et villages pour assurer l’interconnexion des régions. L’UAT a élaboré, en avril, un plan stratégique 2014-2018 pour que les populations africaines profitent des applications et des innovations des TIC. « Nous avons intérêt à encourager l’utilisation des TIC.
Il faut montrer aux agriculteurs, aux éleveurs… quels apports et comment les TIC peuvent contribuer au développement de leurs activités. Il ne faudrait plus seulement dire, nous avons un réseau de fibre optique, mais dire voici des applications », avait déclaré à Yaoundé, au Cameroun, le secrétaire général de l’UAT.
Ce plan stratégique vise plusieurs axes : le renforcement des capacités et le développement des infrastructures. Il comporte aussi un volet innovations et applications. L’UAT, qui compte 46 pays et 17 entreprises des télécommunications, a été créée le 7 décembre 1977 à Addis-Abeba, en Éthiopie.Elle s’appelait alors Union panafricaine des télécommunications (UPAT). Son objectif est de promouvoir en Afrique les technologies de l’information et de la communication.