L’élaboration du Plan directeur fait partie intégrante du Projet d’alimentation en eau potable en milieu urbain (PEMU), qui a bénéficié d’un financement additionnel de la Banque mondiale sous forme de don, il y a pratiquement deux ans. La REGIDESO SA et la Banque mondiale ont longtemps été sous le feu des critiques quant à l’utilisation du fonds initial, soit 190 millions de dollars, alloué au PEMU. Alors que le projet ne portait encore que sur trois villes, Kinshasa, Matadi et Lubumbashi, la REGIDESO SA s’est essentiellement employée à remplacer ses vieilles tuyauteries en métal par des PVC (tuyaux en plastiques). La desserte n’aura cependant guère évoluée.
Selon des sources, le taux d’accès à l’eau dans la capitale est d’environ 35 %, 18 % à Matadi et 22 % à Lubumbashi. Pour le représentant de la Banque mondiale en République démocratique du Congo, Ahmadou Moustapha Ndiaye, beaucoup reste à faire. « Les financements apportés par les bailleurs de fonds ne suffiront pas. Il est nécessaire que l’État témoigne plus fortement de sa volonté et de son leadership à conduire les changements institutionnels et structurels nécessaires pour participer au développement du secteur ».
La Charrue devant les bœufs
Cependant, pour des observateurs, il aurait fallu que la REGIDESO se dotât d’abord d’un plan directeur pour la bonne exécution du projet PEMU. À ce jour la REGIDESO s’emploie encore à recoller des pans de son réseau ouest. Des travaux consistent notamment en la pose d’une nouvelle conduite de refoulement dite DN 900 FD reliant la station SP-HP-Ozone au réservoir de Météo, sur un linéaire de 4400 m. la REGIDESO Sa change aussi sa conduite de refoulement DN 700 FD reliant SP-HP-Météo au réservoir de Djelo-Binza, sur un linéaire de 4950 m. Autres travaux, pose de 82 km de conduites DN700 à DN400 FD et DE160 à DE315 PEHD pour le renforcement du réseau de distribution primaire et secondaire, pose de 55 km de conduites DE63 à DE110 PEHD pour le réseau de distribution tertiaire dans les nouvelles zones de l’étage Ozone gravitaire et enfin, la réhabilitation du réseau existant par la fourniture et pose de 43 Km de conduite DN700 FD et DE63 à DE280 PEHD ainsi que de10.177branchements et de 25 chambres de vannes.
L’an dernier, au terme de la 29è session de l’assemblée générale qui a notamment regroupé les mandataires de l’État, les délégués des syndicats, les directeurs provinciaux à Kinshasa, la REGIDESO SA s’est doté d’un business plan pour l’horizon 2020. Ce business plan consiste à faire de la REGIDESO SA, une société à gestion davantage tournée vers l’atteinte des objectifs de son redressement. Il s’agit en pratique d’améliorer le taux d’accès à l’eau potable, les services de qualité à rendre à la clientèle et d’accroître les performances en vue de rétablir l’équilibre financier de la société, lit-on dans un document sur la gestion de l’entreprise en 2017.
La session de l’Assemblée générale, ci-haut évoquée, avait porté également sur les difficultés qui sont à la base des résultats peu flatteurs réalisés à fin décembre 2016 par les directeurs provinciaux concernés par le Projet d’alimentation en eau en milieux urbains (PEMU), réalisé à Matadi (Kongo-Central), Lubumbashi (Haut-Katanga) et Kinshasa. La ville de Kindu a été ajoutée au PEMU, fin 2016, par l’ancien ministre 1ER Ministre, Matata Ponyo, au projet. Pour le banc syndical, il faut appeler le chat par son nom. La REGIDESO SA va mal. Elle aurait dû atteindre un certain équilibre financier, début second semestre 2016, selon un vade-mecum du Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques (COPIREP) mis en marche en juillet 2011.
Experts ou mercenaires
Hélas, les experts ouest-africains (que les agents désignent comme « mercenaires ») d’ERANOVE/SDE commis aux commandes de l’entreprise n’ont guère apporté les recettes escomptées, alors que les perspectives de paiement des créances de la REGIDESO SA sur l’État qui dépassent les 100 milliards de francs semblent bien s’éloigner. Un rapport interne souligne que la société a brillé par l’amenuisement des ressources financières, le faible taux de rendement réseau et la précarité de la couverture en produits chimiques. Cependant, la nouvelle vision de la REGIDESO SA consiste également à accompagner le processus de décentralisation, à renforcer l’implication des provinces dans le développement des infrastructures d’addiction d’eau potable, le partenariat et la confiance des bailleurs de fonds pour augmenter la mobilisation des ressources nécessaires aux investissements.
REGIDESO, 80 ans après…
La capacité nominale de production d’eau sur toute l’étendue de la RDC est de 36,6 millions de m3/mois, selon les statistiques fournies par la REDIDESO, début août 2015. Mais cette production ne cesse de décroître à tel point, lors de la saison sèche, la production globale se situe à 25,1 million de m3/mois alors que la capacité fonctionnelle requise est de 30,6 millions de m3. Ce qui représente un taux de desserte de 46 % en milieu urbain et 23 % en milieu rural, soit un taux de desserte global de 29 %. Côté distribution, la REGIDESO SA a un réseau primaire, secondaire et tertiaire confondus de 9 998 km, pour quelque 3 567 km de branchements.
Créée en 1939, la REGIDESO est implantée dans toutes les 26 provinces du pays. Transformée en société anonyme, bien que l’État soit l’actionnaire unique, elle compte 97 centres d’exploitation, dont 77 sont encore en service. De ses 37 unités de production qui exploitent l’eau de surface, 9 usines captent directement l’eau du fleuve Congo. Ce sont elles qui subissent sèchement les effets de l’étiage au niveau des captages de l’eau brute suite au retrait des eaux ou à la forte baisse du débit d’étiage du cours d’eau capté, nécessitant parfois le transfert d’eau provenant d’un bassin voisin, explique le directeur général de la REGIDESO SA. Quelque 103 unités de production exploitent l’eau souterraine, dont 43 forages et 30 sources. Vingt-huit centres utilisent l’énergie hydraulique produite par la SNEL, 61 autres utilisent l’énergie thermique produite par les groupes électrogènes de la REGIDESO et 8 centres ont été dotés d’un système gravitaire.
« Stress hydrique »
Dans la ville portuaire de Matadi, la REGIDESO SA a ainsi décidé de situer ses grosses tuyauteries d’eau brute de son usine dite du Fleuve à un niveau inférieur afin de réduire la hauteur d’aspiration. À Kinshasa, victime régulière de stress hydrique, selon la REGIDESO SA, un dispositif étanche a été posé à la station de captage de l’usine de Ndjili afin d’augmenter la cote du barrage de rétention et améliorer ainsi le volume d’eau dans son bassin. À la station de captage de Kinsuka, l’entreprise a procédé au prolongement des conduites d’aspiration suite aux crépines (pièces servant à arrêter les corps étrangers à l’ouverture d’un tuyau d’aspiration) restées à découvert.
L’entreprise a également achevé la construction en eau profonde de la nouvelle prise d’eau brute de l’usine de Ngaliema d’une capacité de 120 000 m3/par jour. Cette usine est censée approvisionner en eau notamment les communes de Ngaliema (224 km²) et de Mont Ngafula (359 km²) qui sont parmi les plus peuplées de la capitale. La REGIDESO sollicite particulièrement l’implication du gouvernement pour la protection du bassin du fleuve Congo ainsi que les sous-bassins, afin de sauvegarder l’équilibre des écosystèmes. En clair, les constructions le long et dans le fleuve Congo ont une incidence négative sur sa production. La Cité du fleuve, les constructions de Mimosas (Binza) sont singulièrement mises à l’index.