La rentabilisation des routes à l’ordre du jour

Comment mobiliser les ressources financières afin d’assurer l’entretien des infrastructures par les agences d’exécution ? Un projet sous forme de stratégie nationale est en cours d’élaboration.

La rentabilisation des routes passe par la création des zones économiquement viables.
La rentabilisation des routes passe par la création des zones économiquement viables.

Le ministre des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction, Fridolin Kasweshi Musoka, a une idée pour la rentabilisation des infrastructures de transport routier afin d’assurer leur pérennité. Il propose la création d’activités susceptibles de générer des fonds. Selon lui, c’est le seul moyen de maintenir en bon état l’important réseau routier national de plus de 150 000 km. Lors de la 14e assemblée générale des Fonds d’entretien routier d’Afrique (AFERA) en novembre 2015, à Kinshasa, il avait exposé ce projet. Mais sa réalisation est pour le moment suspendue aux réformes institutionnelles portant sur la pérennisation des infrastructures routières, la mobilisation des ressources financières et leur gestion efficiente par les agences d’exécution. D’après Fridolin Kashweshi, il ne suffit pas de construire des routes, il faut aussi en garantir la pérennisation. Il Reste que le ministre des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction n’évoque pas encore les mécanismes à travers lesquels cette rentabilité devrait s’opérer.

Le péage est incontournable

La première activité d’importance à mener sur les routes, c’est l’établissement du péage sur les principaux axes. Il en manque par exemple sur la route nationale n°1 entre Kinshasa et Kikwit. C’est l’absence de péage qui fait de ce tronçon un axe moins rentable que la partie entre Kinshasa et Matadi ou sur celui entre Lubumbashi et Kasumbalesa, ou Likasi et Kolwezi. Fulgence Lobota Bamaros, directeur général du Fonds national d’entretien routier (FONER) et premier vice-président de l’AFERA, souligne les difficultés de son organisme, notamment la modicité des ressources mobilisées.

Il préconise une mobilisation tous azimuts des ressources afin d’assurer une large couverture des réseaux routiers. Fulgence Lobota déclare que le gouvernement attache une grande importance au FONER de par son apport financier dans l’entretien des infrastructures routières et le désenclavement du territoire national au prorata des ressources collectées dans chaque circonscription administrative. Pour rentabiliser les routes, il faut aussi créer des zones économiques viables. Le seuil minimal est de 15 000 passages par an pour qu’une entité soit déclarée concession économique viable. Or, à ce jour, le FONER créé en 2008 n’attire qu’un flux de 3 000 passages sur les routes interprovinciales.

Les participants à la 14e assemblée générale des Fonds d’entretien routier d’Afrique avaient réfléchi sur les stratégies d’entretien de routes. Ces stratégies visent à améliorer la représentation des usagers au sein du conseil d’administration du Fonds routier, à garantir une solide base légale afin de préserver son autonomie et à assurer les règles d’allocation claires pour les ressources du Fonds routier et une analyse économique systématique pour l’orientation des allocations. Il s’agit également de garantir une mise en œuvre plus efficace des travaux en transférant progressivement la gestion, la planification de passation des marchés et l’exécution des travaux à des structures privées. La rencontre de Kinshasa avait pour but d’identifier les mécanismes pouvant permettre de garantir les investissements routiers par les contribuables et les bailleurs de fonds. L’AFERA a revisité sa charte pour l’adapter à l’environnement actuel et s’est dotée d’une feuille de route.