La riposte pour contourner la crise

Le rêve d’émergence de certains pays du continent va en prendre un sacré coup. La chute des cours des produits bruts conduit les États à revoir leurs prévisions de croissance et les politiques macroéconomiques. 

La chute des cours des produits de base, dont le cuivre, devrait se poursuivre encore.
La chute des cours des produits de base, dont le cuivre, devrait se poursuivre encore.

La baisse conjuguée de l’aide publique au développement et des cours des principaux minerais contraint les pays producteurs à des réajustements budgétaires et des prévisions de croissance. Pour le gouvernement congolais, c’est le seul moyen de faire face aux effets de la crise financière internationale actuelle qui a pris tout le monde de court. Pourtant, le Fonds monétaire international (FMI) avait prédit que l’Afrique resterait encore l’une des régions les plus dynamiques avec une progression attendue du PIB de l’ordre de 4,5 % en 2015 et de 5,1 % cette année. Selon des prédictions pessimistes, la chute des cours des produits de base qui a commencé en février 2015, devrait se poursuivre encore. Les métaux vont enregistrer une baisse de – 9 % cette année, et les denrées alimentaires vont plonger à – 5 %. Les producteurs pétroliers seront durement affectés car le prix moyen du baril de pétrole ne se redressera pas significativement dans les prochaines années. D’après des experts, le baril qui est descendu sous la barre de 50 dollars (en- dessous de 30 dollars en janvier, soit des pertes de 10, 43 % à 14,95 %), se vendra à 50,36 dollars en 2016 et à 55,42 dollars en 2017.

Effet de domino

En vue de booster la croissance économique, particulièrement dans les pays exportateurs de pétrole, le Fonds monétaire international recommande la mise en œuvre des politiques saines, de manière à préserver la stabilité macroéconomique et à lever les obstacles à la croissance. Par contre, les pays importateurs de pétrole devraient connaître une faible inflation et doper les dépenses de consommation. D’autant plus que les effets de la conjoncture internationale, suite à la baisse des prix des matières premières, ont une incidence négative sur les perspectives économiques des pays en développement, dont ceux de l’Afrique subsaharienne. Les cours des principaux produits de base exportés par l’Afrique subsaharienne ont diminué dans l’ensemble. Par exemple, le prix du cuivre a encore connu une baisse importante de 6,27 %, se vendant à 4 354 dollars contre 4 646 la tonne métrique au début de l’année. Quant à l’once d’or, elle a enregistré une légère hausse de 0,61 %, en étant vendue à 1 085 dollar contre 1 078 une semaine auparavant. Le cobalt, lui, a vu son prix être maintenu à 21 964 dollars la tonne… Sur le marché des céréales, la tendance est à la hausse pour tous les produits (blé, maïs…), excepté le riz (baisse de 4,27 %), comparée à la fin de 2015.

En ce qui concerne la croissance de l’économie mondiale, les perspectives sont aussi moins favorables. Ces prévisions sont entourées d’une grande incertitude car il demeure très difficile de prédire l’évolution de l’offre et de la demande. La baisse des cours des principaux produits de base exportés par la RDC comme le cuivre et le pétrole ont fait perdre plus d’un milliard de dollars au Trésor public pour l’exercice budgétaire 2016. Cette évolution négative sur les marchés mondiaux des matières premières a entraîné une chute significative des exportations, et, par conséquent, des réserves internationales du pays ainsi qu’une contraction des réserves budgétaires.

Mesures préventives

En vue de consolider la stabilité macroéconomique et relancer l’économie nationale, le gouvernement a pris un train de mesures. Elles visent la maximisation des ressources financières, l’amélioration de la qualité de la dépense et la mise en œuvre des réformes structurelles à impact rapide. Il s’agit en fait des mesures prudentes à court terme, mais qui pourraient s’inscrire dans la durée tant qu’il n’y aura pas d’embellie, selon un compte-rendu du conseil des ministres.

Sans toutefois préciser ces mesures, le gouvernement juge impérieux d’engager sans tarder des réformes structurelles pour une autonomisation accrue de l’économie nationale. En novembre 2015, l’Assemblée nationale a adopté un budget de quelque 9 milliards de dollars pour l’exercice 2016. D’après le Premier ministre Augustin Matata Ponyo, ce budget 2016 a été élaboré dans un contexte de crise internationale caractérisée par la baisse des prix des matières premières. Le gouverneur de la Banque centrale, Déogratias Mutombo, craint que cette tendance ne perdure. La riposte du gouvernement consiste à préserver les acquis de 2015, dont la stabilité macroéconomique.