C’est la firme danoise Johs Gram-Hanssen qui a été choisie pour construire deux nouveaux baliseurs du type affluent destinés à la Régie des voies fluviales (RVF). Coût de l’opération : 4 962 500 dollars. Selon le directeur technique de la RVF, Gabriel Mokango, ces baliseurs seront utilisés pour améliorer les passes ainsi que pour installer des balises et bouées de signalisation sur le fleuve Congo et la rivière Lualaba. Ce n’est pas tout, car ces engins auront aussi pour tâche de dégager les branches d’arbres et de papyrus, ou encore de renflouer les épaves de bateaux coulés. En effet, les naufrages sont récurrents sur les cours d’eau de la République démocratique du Congo, particulièrement sur le fleuve Congo. Il y a une année (le 5 mars 2016), le naufrage d’un navire marchand, à quelques encablures de la ville de Kisangani, avait provoqué la mort de plusieurs personnes. En 2015, la collision des deux embarcations sur le fleuve, à hauteur de Kwamouth, à environ 200 km au nord-est de Kinshasa, a entrainé plus de 100 disparus.
Sur le Lualaba, nom que porte, en fait, le même fleuve Congo, à sa source, au pied des monts Mitumba, dans le Katanga profond, des accidents fluviaux se succèdent à un rythme effrayant. L’opinion a encore en mémoire le naufrage d’il y a 15 ans d’un bateau entre les villages des pêcheurs de Kipamba et Mangi, à environ 400 km au nord-ouest de Lubumbashi. Plus de 50 morts et une centaine de disparus. L’État dût décider de jeter un pont de 710 m de long sur la rivière, construit grâce à la coopération chinoise. Mais le trafic fluvial demeure encore important avec, malheureusement, comme corollaires les naufrages. L’acquisition de ces deux baliseurs fait non seulement la joie des propriétaires des embarcations assurant le trafic fluvial, mais aussi celle de la Société nationale des chemins de fer (SNCC), au réseau de laquelle sont connectés Kindu et Kongolo. La fluidité du trafic fluvial est un adjuvant au trafic ferré de la SNCC, qui a été remis sur les rails grâce à un appui technique et financier du Projet de transport multimodal (PTM).
L’achat de ces deux baliseurs s’inscrit, en effet, dans le cadre de la composante 2 du PTM, dont la gestion est assurée par l’Unité de projet basée à Kinshasa (UPK). Le premier baliseur sera affecté sur l’axe Kindu-Ubundu dans les provinces du Maniema et de la Tshopo. Et le second sur l’axe Bukama-Kongolo, dans les provinces du Haut-Lomami et Tanganyika. Le contrat signé avec la firme danoise prévoit aussi le renforcement des capacités des utilisateurs pour le compte de la RVF. Selon les experts de la RVF, la navigation sur le Lualaba, particulièrement sur le bief Bukama-Kongolo, est rendue difficile en toute saison par des courbures prononcées et de nombreux coudes. Ces défauts conduisent, d’une part, à une importante limitation du tirant d’eau et rendent, d’autre part, difficile, et même parfois dangereuse, la manœuvre des traînes, du fait que certains bateaux s’inscrivent trop justement entre les bords trop serrés du chenal.
La violence du courant dans certaines passes nécessite donc de scinder le convoi en plusieurs endroits du bief. Sur près de 100 km, des sinuosités très marquées mettent, toute l’année durant, les qualités manœuvrières des armateurs à rude épreuve. Les bateaux de grande dimension ne peuvent y aller sans raguer fréquemment les berges, surtout s’ils sont à la descente et quelque fois aussi à la montée. Voilà qui justifie la nécessité des baliseurs en vue non seulement d’améliorer les passes par l’installation de nouvelles balises et bouées de signalisation, mais aussi le dragage des branches d’arbres, de papyrus et parfois le renflouement des épaves de bateaux coulés, et autres rochers.