La SNEL fournit Kinshasa en dents de scie

Carence de cabines de décharge, étiage, vétusté des câbles, saturation de la ligne de transport… Autant de problèmes à la base des perturbations croissantes dans la distribution de l’énergie électrique. Les dernières coupures intempestives en disent long. 

Poste de dispersion d’Inga d’où part l’électricité vers les lignes à haute tension  A (HTA).
Poste de dispersion d’Inga d’où part l’électricité vers les lignes à haute tension A (HTA).

Les Kinois sont actuellement confrontés à des graves coupures d’électricité. Il n’y a plus un jour qui passe sans coupure d’électricité. Vivre dans le noir fait quasiment partie du quotidien. Depuis début octobre, la Société nationale d’électricité (SNEL) n’assure plus une fourniture régulière de l’énergie électrique à la capitale, en plus de  ses délestages habituels. Selon l’entreprise, l’entretien du Groupe 23 à Inga, dans le Bas-Congo, et le vol des cornières sur un pylône électrique situé à proximité de Kibomango, dans la commune de Kinkole, qui a ensuite entraîné l’effondrement de ce poteau, ont provoqué des graves perturbations constatées dans la fourniture de l’énergie électrique à Kinshasa. En RDC, la SNEL jouit, jusqu’ici, d’un monopole quasi-absolu dans le secteur, en attendant l’arrivée des concurrents privés. Elle a, à cet effet, la charge de la production, du transport et de la distribution du courant électrique sur l’ensemble du territoire. Mais, depuis quelque temps, l’entreprise bat de l’aile et présente de graves signes d’essoufflement. La couverture du réseau reste toujours partielle et chaotique. Le 9 octobre, le président du conseil d’administration de la SNEL, Makombo Monga Mawawi et le directeur général, Eric Mbala Musanda, ont effectué une descente à Kinkole pour constater les dégâts et expliquer la situation à la population. Ils étaient précédés sur les lieux par Rombaut Fumany, directeur urbain du Département de distribution de Kinshasa (DDK), qui supervise les travaux de réhabilitation de cette ligne électrique reliant les sous-stations de Maluku, de la Nsele et de la RVA (à l’aéroport de Ndjili). Pour remplacer ce pylône, les travaux vont coûter 50 000 dollars à la SNEL. Dans l’entretemps, la distribution partielle de l’électricité va continuer. Les délestages deviennent de plus en plus fréquents, non sans dégâts. Le 11 octobre, quelques maisons du camp Lufungula, dans la commune de Lingwala, ont été endommagées suite à un incendie provoqué, selon des témoins, par une mauvaise intensité électrique constatée lors du rétablissement de la ligne, après un long délestage la journée. « Les va-et-vient du courant électrique est à la base de cet incendie », a indiqué une victime sur une chaîne de télévision locale. Malgré ces problèmes de délestage, de la saturation de la ligne de transport ou de la vétusté du réseau urbain, les responsables de la SNEL semblent afficher un optimisme déroutant quant à la réparation de la ligne endommagée, notamment la panne du Groupe 23 du barrage d’Inga, au Bas-Congo. De tels entretiens, selon Eric Mbala, nécessitent cent jours. Mais, vu l’urgence, ce délai a été réduit à 45 jours puis, en faisant travailler les techniciens nuit et jour, il a affirmé que, dans environ 15 jours, tout sera terminé et que l’énergie de 170 mégawatts va être relancée vers la capitale. D’aucuns pensent que la réfection du Groupe 23 ne changera pas grand-chose à la fourniture de l’électricité à Kinshasa. Le ministre des Ressources hydrauliques et de l’électricité l’avait avoué, à demi-mot, au cours d’une conférence à l’Université protestante au Congo (UPC). « A partir du site d’Inga, l’énergie électrique suffisante ne sera disponible qu’entre 2017 et 2018, après l’ensemble des réhabilitations des groupes », avait-il déclaré. Les besoins en électricité de Kinshasa sont estimés à 800 mégawatts, alors que seulement 400 sont disponibles. La ville accuse donc un déficit de 50 % d’énergie. La situation est plus catastrophique pour l’ensemble du pays. Seulement 9 % de la population congolaise a accès à l’électricité. La RDC affiche l’un des taux de desserte les plus bas de toute l’Afrique, malgré son grand potentiel hydroélectrique.