AU TERME des pourparlers, début août 2019, entre Martin Kabuya, le gouverneur du Kasaï-Central, et Jean-Bosco Kayombo, le directeur général de la Société nationale d’électricité (SNEL), l’opérateur public s’emploie à augmenter l’offre en énergie dans la capitale provinciale avec trois groupes thermiques d’une puissance de 850 KVA chacun, soit 2,5 MW. La SNEL SA fiabilise également le réseau existant. Six moteurs de la vieille centrale thermique de la ville sont en cours de rembobinage et deux autres groupes thermiques ont été remis en fonctionnement grâce à l’acquisition d’un aéro-réfrigérateur par l’opérateur public. Le gouvernorat de la province et la SNEL SA ont également convenu de la mise en place des mécanismes adéquats et rationnels pour la gestion efficace du stock de carburant mis à la disposition de la Société nationale d’électricité afin de garantir la fourniture en énergie électrique pendant au moins 10 heures par jour, pendant au moins 4 mois, jusqu’à la fin de l’année.
Opinion défavorable sur Katende
Il va donc sans dire que les nouvelles autorités de la province du Kasaï-Central ne donneraient aucun crédit au projet Katende. Dans ses précédentes livraisons, Business et Finances rappelait pourtant qu’il y a pratiquement deux ans, les engins ronronnaient sur le site de construction du barrage hydroélectrique de Katende, situé à environ 80 km de la ville de Kananga. Que Chandra Prakash, alors ministre indien des Affaires extérieures, avait même fait le déplacement de Kinshasa, à la tête d’une délégation dans laquelle se trouvait Rosette Mossi, l’ambassadrice de la RDC en Inde, pour signifier aux autorités congolaises que les travaux de construction devraient désormais être exécutés par une société du secteur public indien, LPCC.
Pour rappel, c’est la firme privée indienne Angélique International qui avait gagné le marché en 2011. La présence du ministre indien des Affaires extérieures dans la capitale congolaise avait pour but de veiller à la bonne transition entre ces deux sociétés et rassurer les autorités congolaises de la réalisation de l’ouvrage comme cela avait été convenu. Le projet de construction d’une centrale hydroélectrique sur les chutes de Katende sur la rivière Lulua remonte à 1965. Dans les années 1990, les ressortissants de l’ancienne province du Kasaï-Occidental ont eu l’ingénieuse idée de passer à la phase de réalisation à travers la Communauté de développement du Kasaï-Occidental (CODEKO).
Ce n’est qu’en 2011, grâce à un accord entre l’Inde et la RDC que les travaux proprement dits ont été lancés. Ils devaient s’achever en 2015 mais le projet a connu du retard, surtout à cause de l’enclavement de la province et dans les décaissements des fonds. Construite sur la rive droite de la rivière Lulua, la centrale hydroélectrique de Katende, dit Grand Katende, devrait, avec une capacité projetée de 64 MW, desservir les provinces de l’espace Kasaï en énergie électrique. Il est prévu la construction d’au moins deux lignes pour le transport de l’énergie électrique. La première ligne, longue de 130 km, devrait relier Kananga à Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental en passant par le territoire de Tshimbulu.
Contrepartie de la R-dC
La ligne était censée contribuer au renforcement et à la relance du réseau ferroviaire dans l’espace kasaïen. Longue de seulement 30 km, la seconde ligne partira de Kananga jusqu’à Bunkonde, une localité du territoire de Dibaya, toujours dans la province du Kasaï-Central. Selon l’accord de financement signé par les gouvernements congolais et indien, le 11 juillet 2011, à Kananga, le coût global des travaux est de 280 millions de dollars, soit 168 millions apportés par la banque indienne Exim Bank, sous forme de prêt à rembourser par l’Inde, et 112 millions par la RDC. À ce montant, il faut ajouter quelque 120 millions de dollars pour la mise en place des lignes de transport. Mais voilà que, depuis plusieurs mois, les travaux de construction de la centrale de Katende sont à l’arrêt, faute de la contrepartie attendue du gouvernement r-dcongolais, déplorent des organisations de la société civile spécialisées dans le domaine de l’énergie.
Le projet nécessite 10 millions de dollars. Dans leur rapport sur la loi de finances 2019, les organisations de la société civile travaillant sous la supervision du Réseau Gouvernance Economique et Démocratie (REGED) et la co-coordination de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP), ont, en effet, sollicité du Parlement, la révision à la hausse du budget du secteur de l’énergie qui représente 1,8 % du budget général du pouvoir central. Le budget 2019 prévoit, en effet, des dépenses de l’ordre de 181 362 581 120 FC, soit 103 766 210 dollars au taux budgétaire de 1 747.8 FC le dollar, pour le secteur de l’énergie. « La modicité du budget du secteur de l’énergie traduit une incohérence avec la vision du gouvernement sur l’amélioration de l’accès de la population à l’électricité et à l’eau potable en milieux urbain et rural », lit-on dans le rapport de la société civile. Et de poursuivre : « Le faible accès à l’eau potable et les mauvaises conditions d’assainissement sont parmi les principales causes de morbidité affectant plus particulièrement les enfants et les ménages défavorisés. »