La société Afridex reste dans le giron de l’armée

Dans le cadre de la nouvelle mise en place dans les services publics, le chef de l’État a signé une ordonnance nommant un nouveau directeur général à la tête de la société Africaine d’explosifs gérée par les FARDC. 

Au terme de l’ordonnance n°17/001, le président de la République, Joseph Kabila Kabange, a procédé à une nouvelle mise en place au sein du service public dénommé Africaine d’explosifs (AFRIDEX). Et le lieutenant-général Liwanga a été nommé directeur général en remplacement du général Marcellin Lukama. Le chef de l’État a aussi confirmé le monopole de cette société sur la production de tous les explosifs, munitions civiles et militaires, armes et autres produits analogues et connexes. Il en va de même pour leurs accessoires, ainsi que de la réalisation de toutes les opérations et prestations se rattachant directement ou indirectement à cette activité.

En avril 2015, le gouvernement congolais avait levé l’option de dissoudre la Société commerciale et industrielle d’explosifs (SOCIDEX) et de reprendre sa dénomination d’antan, AFRIDEX. L’entreprise remonte, en effet, à 1948. Elle compte parmi les 20 entreprises publiques transformées en sociétés commerciales. Le siège d’AFRIDEX est à Likasi dans la province de Lualaba mais la société a des antennes notamment à Kinshasa, Lubumbashi, Goma…  Lors de sa mutation en société commerciale avec statuts de société à responsabilité limitée (Sarl) en 2010 puis en société anonyme (Sa) en 2012, l’ex-SOCIDEX avait un capital 1 240 190 342,42 FC, soit près de 1,350 million de dollars.

L’État demeure l’actionnaire unique de la société. Ses statuts d’alors ne font nullement mention de sa gestion par les Forces armées la République démocratique du Congo (FARDC). En 2015, le ministre de la Défense et des Anciens combattants de l’époque, Aimé Ngoy Mukena, indiquait que le gouvernement avait opéré des mutations en profondeur au sein de la société à l’issue de l’assemblée générale extraordinaire de la SOCIDEX, dont le patrimoine a été transféré à la nouvelle société Africaine d’explosifs (AFRIDEX) sans que cela ne puisse donner naissance à une autre personne morale. Le ministre de la Défense avait notamment soutenu que l’objectif de la dissolution de l’ancienne entreprise était d’avoir un établissement public dirigé par l’État et qui assure le monopole du secteur dans le cadre des explosifs.

Il va sans dire que fabriquer des explosifs est un acte répréhensible en RDC. En France, par exemple, le code pénal propose une peine de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende pour diffusion à un public non professionnel de modes de fabrication d’engins explosifs. La peine peut aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros, lorsque la diffusion de cette information circule sur un média de type Internet.

« La mère de Satan »

L’explosif le plus répandu à ce jour dans le monde est, en effet, une poudre blanche, discrète, facile à fabriquer, mortelle, selon les experts, appelée « TATP ». Il a notamment été utilisé lors de l’attentant de Bataclan à Paris ou encore sur différents champs de bataille syriens. Le  TATP qui a été surnommé dans les milieux djihadistes « la mère de Satan », s’avère être un explosif de choix pour le groupe État islamique. Découvert à la fin du XIXè siècle par un chimiste allemand, le peroxyde d’acétone (en anglais TATP : triacetone triperoxide) est un explosif artisanal obtenu en mélangeant, dans des proportions précises, de l’acétone, de l’eau oxygénée et un acide (sulfurique, chlorhydrique ou nitrique), produits faciles à trouver dans le commerce. On obtient alors une poudre constituée de cristaux blancs, ressemblant à un sucre grossier, qu’un détonateur simple suffit à faire exploser, dans une déflagration produisant un terrible dégagement de gaz brûlants. En RDC, il se rapporte, sans preuves irréfragables cependant, que des Chinois fabriqueraient des explosifs du genre, de manière artisanale.