Les représentants des forces sociales ont bénéficié des explications sur l’évolution de la matérialisation des engagements pris dans la capitale éthiopienne, en février 2013, sur le plan national et régional.
L’implication de la société civile dans le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba se fait de plus en plus sentir. Elle a organisé, le 29 août, une consultation nationale, afin de mieux vulgariser ce document. L’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la région des Grands Lacs, Saïd Djinnit, présent à ces travaux, a appelé ces acteurs à jouer un rôle d’impartialité, d’objectivité et de responsabilité dans cette dynamique. Des explications sur la quintessence de ce document à portée régionale ont été fournies aux participants par le Lieutenant-général, Denis Kalume Numbi, Haut Représentant du chef de l’Etat au Comité d’appui technique du mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre d’Addis -Abeba. Il existe deux genres d’engagements souscrits par la RDC, les uns relatifs au plan national et les autres à l’aspect régional. Concernant ce dernier volet, les engagements sont au nombre de sept. Leur suivi devrait être fait par les chefs d’Etats signataires de l’Accord. Mais, compte tenu de leurs agendas chargés, ils ont mis en place un Comité d’appui technique, qui se réunit, de manière régulière, dans la capitale kenyane. Là, siègent les Hauts-Représentants de tous les chefs d’Etat des pays membres. Au niveau national, il s’opère un mécanisme similaire. « Nous avons élaboré un plan de mise en œuvre des engagements souscrits par le gouvernement. Nous avons organisé un atelier d’élaboration des critères et indicateurs des performances de trois premiers engagements à savoir : la réforme de l’armée, de la police et de la justice, la décentralisation », a indiqué François Mwamba, coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre (MNS). Le président du Cadre de concertation de la société civile, Théodore Fumunzanza a, pour sa part, promis de poursuivre la sensibilisation dans les provinces afin d’expliquer le contenu et le bien-fondé de cet accord. De son côté, le représentant adjoint du secrétaire général de l’Onu en RDC, Moustapha Soumare, a assuré que la communauté internationale va accompagner la société civile dans cette activité.
La bonne direction
L’une des priorités pour les pays de la région, c’est de se débarrasser de ces mouvements négatifs
Saïd Djinnit
Depuis quelques mois, une nette amélioration de la situation est perceptible dans la région des Grands Lacs. Saïd Djinnit n’a pas manqué de reconnaître ces avancées, particulièrement dans l’Est du territoire congolais. « Je salue les efforts fournis pour éradiquer le M23, rébellion défaite par l’armée appuyée par la Monusco en novembre 2013, ainsi que la lutte contre la rébellion ougandaise de ADF/NALU et les décisions prises par les Nations unies et les pays de la région, sur la démobilisation des rebelles rwandais des FDLR », note-t-il. L’émissaire onusien a estimé que sa nouvelle mission est une tâche exaltante, tout en reconnaissant qu’il y avait beaucoup de défis à relever. «J’arrive à un moment où, dans cette région, les choses sont en mouvement, dans la bonne direction, et je conçois ma mission comme celle de venir accompagner cette évolution positive pour la consolider, la renforcer et s’assurer qu’elle aille à bon terme», a-t-il noté.
Outre la RDC, le Rwanda, l’Ouganda et l’Angola étaient également dans l’agenda de l’envoyé spécial.
Méfiance entre Etats de la région
Le diplomate algérien a estimé que les Grands Lacs doivent être débarrassés de toutes les forces négatives. « La prolifération des groupes armés a introduit des malentendus, la suspicion et la méfiance entre les Etats membres », constate le nouvel émissaire de Ban Ki-moon, qui ajoute que « l’une des priorités pour les pays, c’est de se débarrasser de ces mouvements négatifs ». Il faut aussi retenir que le Lieutenant-Général Denis Kalume a indiqué que lorsqu’il s’agit de résoudre pacifiquement le conflit, selon les prescrits de l’Accord, les pays se neutralisent mutuellement, surtout quand il faut décider sur une violation constatée. Toutefois, il a noté des avancées significatives, notamment sur la question relative à la délimitation des frontières entre la RDC et ses différents voisins de l’Est, le Rwanda et l’Ouganda, en particulier.
INFO BOX
Quelques engagements régionaux souscrits par les onze pays signataires
- Ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats voisins.
- Ne pas tolérer, ni fournir une assistance ou soutien quelconque aux groupes armés.
- Respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des Etats voisins
- Ne pas héberger ni fournir une protection de quelque nature que ce soit aux personnes accusées de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, d’actes de génocide ou de crimes d’agression, ou aux personnes sous le régime de sanctions des Nations unies.
Défi de l’intégration économique
D.N.
Parmi les engagements souscrits au niveau de la région, les pays signataires ont l’obligation de promouvoir l’intégration économique régionale. Cette étape de la concrétisation de l’Accord-cadre semble être le levier de la relance économique dans une région où les échanges commerciaux paraissaient ne pas être pris à leur juste portée. Dans ce volet économique, la Banque mondiale avait promis de débourser un milliard de dollars pour financer des projets conjoints, notamment au niveau des secteurs de l’agriculture, des mines et de l’énergie.
Trois cent millions ont été accordés au Rwanda, pour booster son secteur de l’énergie. Cent millions ont été affectés à la construction d’un chemin de fer au Kenya. La RDC, épicentre des conflits armés, n’a encore bénéficié d’aucune part.