LA SOFIDE se targue, dans ses différents documents, de disposer d’un capital de 64 millions de dollars et d’être à mesure de financer toutes sortes de projets (dont miniers et agricoles) ainsi que les PME. Selon son objet social, elle vise à renforcer les capacités de gestion de très petites, petites et moyennes entreprises, faciliter leur accès aux crédits et aux marchés, les appuyer à augmenter la production et la commercialisation de leurs produits, augmenter leurs revenus. Sont exclus, cependant, des financements de la Sofide, les opérations à caractère exclusivement foncier, d’habitat ou de rachat d’immeubles. Mais de l’avis des experts, la Sofide n’a plus les moyens de ses ambitions et n’afficherait plus que sa gloriole d’antan, celle des années 1970-80 quand elle disposait notamment des actifs immobiliers.
Quoiqu’autorisée à recevoir les dépôts à terme, la Sofide n’a pas recouru à cette nature des ressources depuis sa création. Elle a plutôt privilégié la mobilisation des ressources provenant des emprunts en devises de l’extérieur. Ce qui n’est guère facile à obtenir en ce moment où la République démocratique du Congo, toujours en rupture avec le Fonds monétaire international (FMI), n’offre pas des garanties de crédibilité. La Société de financement et de développement a été réactivée par le gouvernement vers 2010 dans la perspective de reprendre les missions du Bureau central de coordination des projets (BCECO), qui devait être liquidé. Mais le gouvernement Matata, ce n’est un secret pour personne, a estimé que le BCECO était un réservoir d’expertises dont l’État avait encore besoin.
Août 2016, Modeste Bahati Lukwebo, alors ministre de l’Économie nationale, avait présidé une réunion d’experts venus des ministères des Finances, du Budget, de l’Industrie, de la Banque centrale du Congo et de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) pour mûrir la réflexion sur la transformation du Fonds de promotion de l’industrie (FPI) en une banque d’investissements industriels. Mais aussi sur la recapitalisation de la Caisse d’épargne du Congo (CADECO) et la Sofide, et la création de banques spécialisées telles que la Banque agricole, la Banque de crédit immobilier, la Banque de développement des PME/PMI, et du Fonds national d’investissement.
Depuis, aucune mutation notable n’a été observée dans ces institutions financières, singulièrement à la Sofide. Toutefois, concernant le FPI, un cabinet international Finactu Suisse, a été sélectionné par le gouvernement pour mener une analyse effective sur sa mutation en une banque d’investissement et de garantie publique en RDC. Selon le BCECO qui a négocié ce contrat au nom de l’État, le gouvernement devrait verser à Finactu Suisse quelque 861 763 699 06 FC, environ 540 000 dollars, pour mener cette étude à court terme.
Le gouvernement, il sied de le rappeler, s’est résolu à mettre en œuvre de manière effective des recommandations issues du Forum national sur la réforme du système fiscal, dont certaines figurent dans le projet de loi de finances 2018 ainsi que la transformation du Fonds de promotion de l’industrie en banque de développement en vue de financer les investissements. Le marché convenu entre le BCECO et Finactu Suisse ne fait nulle part allusion au FPI.
Toutefois, Patrice Kitebi, le directeur général du FPI, ancien ministre délégué aux Finances dans le premier cabinet Matata, a laissé entendre que la transformation du FPI en une banque était irréversible. Par ailleurs, des experts soutiennent que la démarche du gouvernement a été précipitée et a tout faux.
Garantie publique
La première faute du gouvernement est d’abord d’ordre sémantique, fait comprendre Michel Somwe, professeur d’économie et ancien directeur de cabinet de Bruno Tshibala Nzenzhe, le 1ER Ministre, et ex-DG de la Banque de crédits agricoles et cadre de la Banque centrale du Congo. Ensuite, pour Somwe, si la transformation ne tient qu’au changement de nom ou d’appellation, alors rien n’aura changé. Cependant, dans son appel d’offre, le BCECO précise que l’objectif général de la mission du consultant est de mener une étude relative à la création d’une banque d’investissements industriels et de fournir au gouvernement des orientations sur le fonctionnement de la garantie publique.
Et les objectifs spécifiques de la création de la Banque d’investissement et de garantie publique sont notamment d’apporter un soutien aux entreprises congolaises grâce notamment à ses fonds propres et aux fonds levés sur les marchés financiers ; d’octroyer des garanties requises dans les investissements ainsi que de fournir un accès amélioré au financement pour les entreprises congolaises, que ce soit les petites et moyennes entreprises (PME) ou les entreprises de grande taille.