Fini l’analogique et place au numérique. Cette mutation n’a pas laissé les consommateurs indifférents.
La date du 17 juin 2015 est entrée dans les annales des nouvelles technologies de l’information et de la communication car elle marque le passage de l’analogique au numérique en RDC et dans quelques pays retardataires. Ce changement a été initié par l’Union internationale des télécommunications (UIT), organe régulateur des fréquences dans le monde en collaboration avec les pays membres. Malgré les multiples discours tenus par Jean-Jacques Otshudiema, coordonnateur du Comité national de la migration vers la télévision numérique terrestre sur les différents plateaux de télévision ainsi que des sketches et saynètes sur cette question, la mayonnaise ne semble pas avoir pris auprès du public. Certains estiment que c’est une trouvaille du gouvernement pour « la création d’une nouvelle taxe et la mainmise sur les programmes de toutes les chaînes». La plupart de personnes rencontrées ont retenu la date du changement mais tout en ignorant les tenants et les aboutissants du nouveau concept. C’est ainsi qu’un habitant de la commune de Masina n’a pas hésité à dire que la TNT est un nouveau parti politique. Pour d’autres, analogique ou TNT c’est du blanc bonnet et bonnet blanc. « Le 17 juin, j’ai suivi mes programmes préférés sur les chaînes émettant en analogique et je n’ai vu aucun signe prouvant l’arrivée de la TNT. C’est donc la même chose », dit une femme. Très peu des kinois ont pris l’initiative d’acheter de nouveaux décodeurs auprès des distributeurs pour passer de l’ancien système au nouveau. « Ce basculement a été annoncé depuis longtemps, j’ai donc eu suffisamment de temps pour me préparer à m’adapter à la nouvelle donne », indique néanmoins un jeune banquier. La question des moyens financiers entre aussi en jeu. « La télévision payante va poser un sérieux problème parce que la culture qui consiste à payer certains services n’est pas encore bien ancrée. Il suffit de voir comment nous avons du mal payer nos factures d’eau et d’électricité pour comprendre nos difficultés. Nous ajouter la TNT, c’est nous rendre la tâche encore plus dure », se plaint un chauffeur.
Du pain sur la planche
Malgré les nombreux avantages qu’offre cette nouvelle technologie, il se dégage un travail de fond et de la forme. Sur le fond, une large sensibilisation est indispensable. Quant à la forme, le défi que doit relever le gouvernement congolais pour la réussite de cette mutation, selon Lambert Mende, ministre de Communication et des Médias consiste à l’extension, le déploiement et l’installation des infrastructures et équipements numériques dans tous les centres stratégiques du réseau des réémetteurs terrestres du pays. Jean-Jacques Otshudiema a confirmé qu’un moratoire de six mois a été accordé aux chaînes pour leur permettre de s’adapter. « Ce délai ne sera pas non plus respecté par toutes les télévisions étant donné que ladite mutation demande beaucoup de moyens, avec ce que la plupart de nos médias gagnent, la majorité risque de fermer et le chômage va monter en flèche», explique un responsable technique dans une télévision privée, Antenne A. Du coté des officiels, le moratoire doit être respecté afin de ne pas encourir des sanctions de l’UIT car la RDC est compté parmi les pays retardataires.
Quant aux dépenses à effectuer, les ménages qui détiennent les télévisions analogiques doivent se procurer des décodeurs pour capter les chaînes en numérique. Ces décodeurs sont déjà sur le marché. Il faudra débourser environ 10 dollars pour avoir accès aux chaînes publiques selon les sources officielles. Mais pour les chaînes privées, il faut s’abonner à un distributeur. Les téléspectateurs sont donc appelés à faire désormais attention à l’achat d’un téléviseur pour s’assurer qu’il est numérique. Un téléviseur analogique de 32 pouces coûte 190.000 francs environ 207 dollars, alors que le numérique du même format se négocie à 290.000 francs, soit 315 dollars. En attendant, les télévisions analogiques continueront concomitamment à émettre. Ce changement concerne d’abord Kinshasa et se poursuivra progressivement sur toute l’étendue du pays a indiqué le ministère de la Communication et des Médias.